Lettre n°16 -24/02/20

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Coucou Abuelo,

Je pensais que j'arrivais plus facilement à penser à toi sans que ça me soit douloureux. Mais ce n'est pas encore le cas, visiblement. Ce soir j'ai regardé une série, 13 Reasons Why, c'est le dernier épisode qui m'a surtout bouleversée. Cet épisode m'a fait penser à toi mais d'une façon bien pénible et douloureuse. Je ne vais pas te menitr, je suis à nouveau en train de pleurer.

Parfois j'ai l'impression que je n'arriverais jamais à faire ce fichu deuil, pourtant j'ai l'intime conviction que je vais mieux. Je ne sais pas si je suis très clair mais, je vais essayer de t'expliquer : je vais bien, ou j'en ai l'impression et soudain il y a un élément qui peut déclencher à nouveau mes pleurs. Ça va très vite, c'est parfois l'histoire de quelques secondes entre ce moment où je ris et ce moment où mes larmes se mettent à couler. Il y a ces petits moments où la réalité me rattrape, mais au final je pense que c'est normal. Je ne peux pas vivre tout le temps dans la joie et le rire, il faut forcément un peu de tristesse et de pleurs, histoir de pimenter la vie. Que serait-elle sans ces hauts et ces bas, qui justement la composent ?

Pour revenir à mon épisode, on voit un des personnages qui est envoyé à l'hôpital. Il est malade et il se trouve être sous respirateur et le médecin fait comprendre au personnage principal qu'il ne lui restait plus longtemps à vivre. Chaque détails m'a fait pensé à ce qui c'est passé pour toi. La maladie, la touché — très vite — lui aussi et elle a finit par l'emporter.

Pour en revenir à ce que je disais par rapport à cette phase de deuil. Du coup, des fois je me dis que je vais mieux vis-à-vis de toi, en tout cas j'y crois. Mais, par contre, quand je suis seule et que quelque chose me fait penser à toi, je craque toujours et directement. C'est comme si je lâchais prise entièrement et d'un seul coup, que tout remontait à la surface. Je suis donc absolument ssubmergée par toutes ces émotions que j'essaie de museler en temps normal.

D'autres fois encore, j'ai l'impression que je commence à oublier ta voix. C'est très étrange comme situation, ne me juge pas, je suis tellement triste que je viens tout juste d'appeler ton numéro de téléphone. Je ne sais pas, je crois que le temps de quelques seconde j'ai imaginé que j'allais entendre ta voix, au moins sur ton répondeur. À défaut de pouvoir t'endendre parler pour de vrai. J'ai espérer de tout mon cœur, j'ai vraiment voulu y croire, que ton numéro soit encore en service, alors que je sais parfaitement que c'est idiot d'avoir pensé ça. Cela va faire cinq mois que ton numéro a dû être mis « hors service ».

Comme je m'y attendais, le numéro n'est bien évidement plus attribuable. Je dois t'avouer que je n'avais jamais réalisé, je veux dire, je n'avais même jamais essayé de t'appeler pour pouvoir entendre ta voix même si c'était à travers un répondeur. Maintenant je le regrette, je crois que j'aurais dû enregistré un appel avec le son de ta voix quand j'en avais l'occasion, pour ne jamais l'oublier. Mais qui peut prévoir l'avenir, hein ?

Donc j'ai quand même appuyé sur le nom « Papi », mes mains ont commencé à trembler. J'avais peur que l'inévitable se produise et que la voix du répondeur dise cette phrase, que je ne voulais surtout pas entendre, celle qui dirait « le numéro que vous chercher à joindre n'est plus attribuable ».

Maintenant j'ai pleins de nouvelles questions qui me viennent en tête. Est ce que tu es bien là- haut ? Est ce que tu es en paix ? Est ce que tu as eu peur quand tu es parti ? Est ce que tu es vraiment parti en douceur, sans souffrir, comme nous l'on dit les médecins ? Toujours plus de questions, aux quelles je n'aurais jamais de réponse.

Je te laisse pour ce soir, je commence à être fatiguée. Je veux que tu saches que je t'aime Abuelo. Je t'aime à tous les temps, j'aimerais tellement te serrer dans mes bras parfois.

Je t'aime Abuelo.

Ta grande,

Laure

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