Chapitre 2. Temps de récupération
Son gynécologue eu l’occasion de la voir rapidement, la garde était calme. Il lui proposa de s’installer pour l’examiner et lui demanda,
— Mais enfin, qu’est-ce qui lui a pris à cette femme ?
— C’est l’ex de Louis, elle semble avoir gardé pour lui un attachement malsain…
Sa voix s’éteignit et elle sentit un sanglot monter dans sa gorge. Le médecin la ramena au présent.
— Bon, nous allons d’abord vérifier si tout va bien pour les bébés et vérifier les contusions. Je vous fais d’office un certificat médical pour la plainte. En fonction de l’auscultation, on verra pour le travail.
Rachel se ressaisit et donna quelques informations au médecin.
— Ok, voyons ce qu’il en est. Les bébés ont été très calmes pendant qu’elle me tenait, je pense qu’ils ont ressenti mon stress.
— Mais oui, ils ressentent quand la maman est stressée. Et, à présent, ils bougent comme avant ?
— Oui, ils sont revenus en vitesse croisière je crois.
Rachel fut soulagée d’entendre que tout allait bien et l’échographie lui montra les jumeaux en pleine forme.
— Continuez comme cela et vous aurez deux beaux et gros bébés ! Bon, je comptais vous mettre d’office en congé maladie lorsque vous serez à vingt-quatre semaines de gestation. Mais, à la suite de cette agression, avec le stress vécu, je compte vous mettre d’office une semaine pour voir s’il n’y a pas de contre coup…
Il réfléchit quelques instants et lui proposa,
— Est-ce que vous désirez être en congé dès maintenant, pour le reste de la grossesse ? Vous êtes déjà à vingt et une semaine de grossesse.
Elle réfléchit quelques minutes, songeant aux répercussions financières d’un écartement encore plus précoce de son travail, ainsi qu’au fait qu’elle préférait être occupée plutôt que de risquer de tourner en rond chez elle. Elle lui avoua,
— Je vais prendre la semaine et voir ensuite si je passe en congé ou pas. Je souhaite rester dans la vie « active » le plus longtemps possible. Tant que les bébés vont bien et que ma santé me le permet.
Compréhensif, le médecin acquiesça, ils en avaient déjà discuté très franchement lors de l’annonce de l’arrêt de travail pour raison médicale à six mois de grossesse. Il connaissait la situation et le tempérament de Rachel. Il lui fit confiance, elle ne mettrait jamais la santé de ses bébés en danger.
— Ok, contactez-moi dès la semaine prochaine alors.
Avec son certificat médical sous le bras, Rachel alla ensuite porter plainte contre Ambre. Les auditions de tous les témoins durèrent un certain temps, Rachel termina la sienne en fin d’après-midi. Le fait de devoir répéter tout ce qui s’était passé dans cette cage d’escaliers lui fut pénible, c’est exténuée qu’elle sorti du bureau où avait eu lieu l’audition.
Louis, qui avait déjà fini, l’attendait dans le couloir et la réconforta en la prenant dans ses bras dès qu’elle réapparu.
— Comment te sens-tu Rachel ? Pas trop secouée ? Et les bébés ? Ils vont bien ?
— Oui, tout va bien, le médecin m’a mis en congé pour une semaine, histoire de me ressourcer un peu.
— Bien, c’est bien, tu vas pouvoir te reposer. J’ai eu tellement peur ! Ambre est une vraie folle, elle aurait pu te tuer !
Elle entendit la peur de Louis au son de sa voix hachée. Elle le rassura,
— Mais je suis bien vivante, et j’espère qu’elle ne pourra plus mettre les pieds ici. Viens, rentrons, je suis lessivée et les petits me pèsent un peu, je rêve de m’allonger !
Elle avait envie de retrouver de la douceur et de l’amour. Son corps commença à lui renvoyer des signes douloureux aux endroits où s’étaient formés les hématomes, mais le programme que lui proposa Louis sur le chemin du retour lui permit de les tenir à distance. Il allait prendre soin d’elle.
Elle soupira en tentant de tourner la page de cette horrible journée.
Louis avait reçu, lui aussi, quelques jours de repos pour récupérer de cet épisode, le couple en profita pour cocooner et passer plus de temps avec Maddy qui ne se rendit pas chez la gardienne cette semaine-là.
— Viens ma puce, que je t’habille…
Maddy n’arrêtait pas d’enlever ses chaussettes et trouvait très drôle que Rachel doive lui courir après pour lui remettre les vêtements qu’elle s’obstinait à vouloir enlever.
— Louis ! J’abdique, je n’y arrive plus avec le bide que j’ai ! Tu t’occupes de l’habiller ?
— Ok !
Rachel alla s’installer sur le divan, avec deux coussins sous ses jambes pour un meilleur retour veineux.
Elle somnolait lorsqu’elle entendit Louis parler à Maddy des bébés qui allaient arriver en lui faisant poser ses petites mains sur le ventre de Rachel.
— Tu sens, Madeleine ? Tes petits frères sont dans le ventre de ta maman
— Bébé ? Maman ?
— Oui, les bébés sont dans le ventre de maman…
Rachel leur sourit et découvrit son ventre pour qu’elle puisse le toucher en contact direct avec sa peau, Maddy avait déjà été confrontée au fait que « des choses bougeaient » dans le ventre de sa maman, cela la faisait souvent rire.
Rachel s’assit par terre et installa Maddy en face d’elle, plaçant ses petites mains aux endroits où les bébés bougeaient le plus.
Maddy rigola quand elle sentit l’un ou l’autre des bébés bouger ; elle retira ses mains, regarda sa mère puis son père et remit maladroitement ses mains sur le ventre de Rachel, elle finit même par donner des bisous sur le ventre de Rachel aux endroits ou « quelque chose » avait bougé.
La direction de l’hôpital déposa plainte, elle aussi, et exigea qu’Ambre ne mette plus les pieds dans l’hôpital, ce qu’accepta très facilement la firme pharmaceutique.
Cette dernière expliqua aussi qu’au vu des aveux fait devant témoins, le dossier de cette histoire de pari allait être rouverte en interne et qu’en fonction des preuves qu’ils trouveraient, Ambre risquait de suivre le même chemin que Denis.
Le couple en fut informé et apprécia le positionnement de la direction. Au moins, les couloirs de l’hôpital leur paraitraient, dès à présent, plus sûrs.
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