Chapitre 25. Suspecte interrogée
— Nom, prénom, lieu et date de naissance !
— Vans Nathalie, Bruxelles, le deux février 1985.
— Comment êtes-vous arrivée à faire de l’interim dans l’unité de psychiatrie de l’hôpital qui nous intéresse ?
— Bah, par ma boite d’interim.
Elle ricana.
— Je vous déconseille de jouer à ce petit jeu avec moi, Mme Vans, vous savez très bien où je veux en venir, pourquoi vouliez-vous spécifiquement faire cette mission intérim à cet endroit-là ?
— Parce que j’aime bien, c’est tout. Et puis, je ne vois pas ce que je fais ici, pourriez-vous m’expliquer ?
— Vous avez quitté votre lieu de travail de façon prématurée avant-hier.
— Et alors, un abandon de poste ça ne relève pas de la criminelle que je sache !
— Non, effectivement, ce n’est pas pour cela que vous êtes ici.
Il lui sourit, mais ce sourire n’atteignit pas ses yeux. Elle fronça ses sourcils.
— Et pourquoi alors ?
— Parce que je voudrais comprendre vos motivations ;
— Mes motivations à quoi ? À préférer bosser en psy ? Pour une aide-soignante, c’est plus cool qu’en gériatrie vous savez !
— Non, je parlais de votre motivation pour un double meurtre d’enfant.
Elle pâlit puis articula,
— Mais de quoi vous parlez ? Je n’ai jamais voulu tuer personne moi !
— Ah bon ? Parce que faire consommer de la méthadone à des bébés, ça entraine quoi à votre avis ?
Elle ne dit plus rien, rougit, baissa les yeux et sembla discuter avec elle-même, de façon tout à fait inaudible pour l’inspecteur Lays. Ce dernier lança,
— Vous dites ?
Agressivement, elle lui répondit,
— Rien, je ne dirais rien.
Il émit un gros soupir puis lui dit,
— Dommage, c’est vous qui paierez alors, nous avons vos empreintes sur les flacons de lait maternel. Vous serez accusée de double tentative de meurtre sur des enfants de cinq mois… Mmh, les assises probablement, entre temps, vous serez incarcérée… Vous savez ce que l’on fait aux tueurs d’enfants en prison ?
— Eh ! Ce n’est pas parce que j’ai dû déplacer les flacons de lait que c’est moi qui ai mis un truc dedans !
— Oh et quand vous déplacez des flacons, vous laissez des empreintes à l’intérieur des bouchons, vous ? Au fait comment avez-vous su que c’était bien par ce biais là qu’ils avaient été intoxiqués ?
Elle n’émit plus aucun son et vira au rouge, tentant visiblement de contenir une certaine colère.
— Si vous me disiez tout, Mme Vans ?
— Je n’ai rien à dire.
— Quels sont vos liens avec ces enfants ?
— Aucun
— Ah, vous avez juste décidé d’empoisonner du lait maternel comme ça, pour voir ce que cela allait faire…
— C’est ça.
L’inspecteur Lays frappa les mains à plat sur la table de la pièce d’interrogatoire et lui lança,
— Arrêtez de vous foutre de moi ! Vous saviez pertinemment que vous alliez tenter de tuer deux bébés en faisant cela. Pourquoi ?
— Elle m’avait dit que ça ne les tuerait pas !
Elle avait lancé sa réponse sur le même ton que l’inspecteur puis compris qu’elle avait lâché un truc de trop et se tassa sur elle-même en baissant la tête et en gardant le silence. Lays reprit,
— Ah, tiens, quelqu’un vous aurait donc conseillé… Ou demandé de faire cela, tout en vous rassurant sur les effets. Vous ne vouliez pas tuer d’enfants alors.
Elle leva rapidement les yeux vers l’inspecteur qui l’observait, puis les baissa à nouveau en lâchant de façon presqu’inaudible,
— Je ne voulais pas faire de mal.
— Mais vous en avez fait, l’un des bébés a même eut un arrêt respiratoire et est resté dans le coma.
Sur le même ton, elle répéta,
— Je ne voulais pas ça.
— Mais, c’est ce qui est arrivé, de votre faute… Et vous allez payer pour cela.
Elle lui jeta à nouveau un regard rapide puis se renferma.
— À part un désir purement sadique de faire du mal à des enfants et à leurs parents, je ne vois rien d’autre dans votre motivation… Vous ne voulez rien dire, cela vous charge et vous donne l’image d’un être totalement insensible, sans circonstances atténuantes.
Il marqua une pause pour la laisser réfléchir,
— Moi qui pensais avoir vu un peu d’humanité en vous là tantôt quand vous avez dit que vous n’aviez apparemment pas l’information que cela risquait de les tuer… À qui avez-vous demandé conseil à ce propos ?
— Personne !
— Oh, ce n’était peut-être pas un conseil que vous cherchiez … une réassurance peut être ?
Elle ne sembla pas comprendre le sens de la question. Il reformula les choses,
— Une réassurance dans le fait que le geste demandé n’allait pas être fatal … filer un coup de main à une copine pour faire une mauvaise blague, ok, mais pas prendre de risque avec les bébés. Hein ? Elle vous a dit qu’ils allaient surement dormir un peu plus, c’est ça ?
Nathalie Vans était maintenant blanche comme un linge et se décomposait littéralement devant l’inspecteur.
Le téléphone portable de l’inspecteur sonna, il regarda le numéro et reconnu celui de Louis Leblanc.
— Bon, Mme Vans, je vais vous laisser réfléchir à ceci, peut être serez-vous un peu plus loquace à mon retour ?
Il quitta la pièce, elle ne bougea pas, jusqu’à ce qu’un agent la ramène dans la cellule qui l’attendait.
— Allo Monsieur Leblanc, je comptais justement vous appeler… Quoi ? Sortez, ne touchez à rien, personne ! J’arrive.
Il raccrocha et demanda à deux agents de police et deux agents scientifiques de l’accompagner.
Annotations
Versions