Nous ne nous imaginons certainement pas, mais en maternelle, il y a souvent beaucoup de bruit. Petits lutins fous que nous sommes à cet âge, il est difficile d'obtenir réellement le silence pour nos gardiens.

La maîtresse et ses ATSEM avaient trouvé la combine. Lorsque nous partions nous balader dans le  petit village campagnard où se trouvait notre école, il y avait toute une rue où personne ne disait mot. Au milieu de celle-ci, se trouvait une bâtisse qui jouxtait un mur de briques en béton. Il était vrai que ce dernier semblait vraiment bancal et n'inspirait pas confiance alors, à chaque fois que nous arrivions au bout de ce fameux chemin, les adultes se penchaient à notre hauteur, l'index posé sur la bouche :

— Chuuuut... Plus de bruit les enfants, nous arrivons près du mur du silence...

 Il n'y avait pas plus magique que ces mots pour faire taire la vingtaine de têtes blondes qui se tenaient en rang deux par deux, main dans la main. Chacun d'entre nous avait peur que le mur ne s'effondre sur nous si nous élevions la voix. C'était une sacrée aventure que de passer là et, malgré la crainte, nous nous sentions extrêmements courageux de braver ce danger.

 Ces détails de vie ne paraîtront peut-être pas significatifs ou importants à la plupart des gens, il est d'ailleurs probable que la majorité de mes camarades de l'époque aient oublié ce mur du silence, mais lorsque je repense à mon enfance, ce souvenir refait surface. Je me dis même qu'il ferait une source d'inspiration intéressante pour un récit d'aventures.