Agonies - 2ème partie : les démons de Dorian
Décembre 1996
Ce fut un Noël bien triste chez les O' Maley. Ni rires ni applaudissements ni sauts de joie lors du déballage des cadeaux.
Dorian avait refoulé sa nature exubérante depuis qu'il avait entendu, de loin, une dispute entre ses parents. Son père, qui était le premier à accueillir avec bonheur ses pitreries, avait chapitré son épouse sur l'éducation qu'elle donnait à leur fils aîné. Elle ne savait pas le canaliser et satisfaisait le moindre de ses désirs. Tout ce que Dorian avait compris de cette algarade, c'était que la responsabilité de l'accident survenu le mois précédent lui incombait, à lui et à lui seul. Sa condition de petit garçon ne lui avait pas permis de saisir toute la teneur de la conversation animée entre Catherine et John.
A partir de ce jour, le garçonnet s'évertuerait à correspondre à l'image qu'il pensait que les autres avaient de lui. D'autant que quelques remarques, échangées par-ci par-là entre adultes ne se sachant pas à portée des oreilles du jeune Dorian, n'allaient que renforcer ce dernier dans l'opinion qu'il avait de lui. Coupable !
Printemps 2006
"Dorian le démon", voilà son surnom. C'était à ses yeux un titre de gloire ! Les petits caïds de Dublin le tenaient en haute estime grâce à ses nombreux délits. L'adolescent rebelle trouvait leur fréquentation distrayante. Ils n'étaient pas aussi méchants qu'on le disait. Un peu comme lui ...
Parfois, il s'immergeait dans ses souvenirs. Le petit garçon joyeux et plein de vitalité qu'il avait été se trouvait à des années-lumière.
Automne 2008
Il en avait assez de cette vie. Rien de positif, ni derrière lui ni devant lui. La voie qu'il avait choisie lui semblait bouchée.
Malgré les années, il pensait toujours à Elena. Il devait découvrir ce qu'elle était devenue. Depuis quelques mois, le besoin se faisait pressant. Est-ce qu'elle aussi le considérait coupable ? Le détestait-elle ? Il savait qu'elle était une jeune femme mais il revoyait la petite fille.
Ses souvenirs étaient intacts. Les jours les plus heureux de son existence, c'est à elle qu'il les devait.
Il allait la retrouver. C'était pour lui le seul moyen de renaître.
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