Jours de deuil - 1ère partie : l'énigme
Lundi 29 juillet 2013
Elena avait rendez-vous avec le "duo de flics de choc". Elle s'était bien préparée. Après un week-end plutôt agréable passé avec Erwan, ils avaient tous deux commencé, dès le dimanche soir, à parler de l'affaire. La jeune femme lui avait donc révélé un pan de sa vie qu'elle n'avait jusque-là dévoilé qu'à très peu de personnes. Elle n'avait cependant pas abordé la période de son adolescence car cela n'apportait rien à l'histoire et, pour elle, revivre cette période par l'intermédiaire de la parole ou de la pensée était un supplice.
Elle arriva au poste de police un peu plus détendue qu'elle ne l'aurait cru mais l'accueil peu amène dont elle fut l'objet l'angoissa. Elle pressentait qu'elle n'était pas au bout de ses peines.
L'inspecteur Kleen pria Elena de s'asseoir. Son ton autoritaire et ses yeux de glace achevèrent d'irriter la jeune femme. Vraiment, Iceman l'insupportait. Toutefois, elle devrait faire avec. Pendant ce temps, l'officier Riveira fixait un point sur son bureau, l'air de rien. C'était à croire que l'attitude de son supérieur le mettait mal à l'aise.
"Mademoiselle Martin" commença le géant blond, "j'ai une nouvelle pour le moins stupéfiante à vous annoncer ..."
Qu'entendait-il par là ? Elena était au comble de l'exaspération. Kleen allait-il la faire mariner longtemps ou allait-il cracher le morceau ?
"Je ne vais pas y aller par quatre chemins" annonça l'inspecteur. "Le jeune O' Maley n'est pas mort de cause naturelle."
- Que voulez-vous dire ? questionna Elena, en accusant le coup
- Cela me paraît pourtant évident ! Il s'agit d'un meurtre. Nous allons avoir besoin de vous. Je vais vérifier que le numéro de téléphone que vous nous avez donné vendredi est correct.
Elena fournit de nouveau son numéro de portable et elle laissa le policier l'appeler pour qu'il soit sûr d'avoir enregistré les bonnes coordonnées. Il fit la vérification en composant le numéro. Il semblait soupçonneux à l'extrême, ce qui ne fit que rajouter à l'exaspération de la jeune femme.
- De quoi est mort Dorian ? s'enquit Elena
- C'est nous qui posons les questions, intervint Riveira (celui-ci s'était discrètement rapproché).
Voilà que le collègue de Kleen devenait aussi désagréable que ce dernier ! Et dire que la jeune femme l'avait jusqu'ici trouvé sympathique ...
Georges Kleen, que l'intervention de Riveira avait mystérieusement radouci, répondit : "Il s'agit d'un empoisonnement. Je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant. Et, bien sûr, vous êtes la première suspecte, étant donné la situation. Par conséquent, merci de rester à notre entière disposition. Nous vous interrogerons de façon approfondie très prochainement."
Elena était abasourdie ! Elle allait devoir se contenter de ce qu'on venait de lui asséner. Se trouver dans la position de suspect numéro un n'était vraiment pas ce à quoi elle s'attendait en arrivant au poste quelques minutes plus tôt. Mais pourquoi les policiers ne la plaçaient-ils pas en garde à vue ? Ils ne devaient avoir aucun élément et se la jouaient au bluff, histoire de tester ses réactions.
Quand elle allait raconter ça à Erwan en rentrant, lui aussi allait avoir un choc et il demanderait forcément des explications. La jeune femme n'était pas prête à lui en fournir et elle sentait que s'il l'asticotait un peu trop, elle risquait de se mettre sur la défensive et de devenir agressive. Evoquer son enfance produisait presque toujours cet effet-là sur elle.
Quoi qu'il en soit, elle se demandait bien ce qui avait pu conduire au décès brutal et prémédité de Dorian. Quel élément de son passé l'avait suivi jusqu'en France (Elena n'envisageait pas d'autre hypothèse) ? Telle était l'une des nombreuses questions qu'elle se posait.
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