Juin 2005
 
Richard et Carolina filaient toujours le parfait amour. Boyd, âgé de quarante-sept ans, comprenait le désir de sa compagne d'avoir des enfants. Elle avait trente-six ans et savait que si elle voulait être mère, elle ne devait pas attendre indéfiniment. Son horloge biologique tournait, selon l'expression consacrée. Pourtant, Richard ne se sentait pas prêt à assumer une nouvelle paternité. La simple éventualité de revivre le cauchemar de la perte d'un enfant l'effrayait.
 

Richard entendait les allusions régulières de Carolina mais il ne relevait pas. Il ne voulait pas entrer en conflit avec sa bien-aimée. Cette dernière, ne désirant pas d'accrochage non plus, laissait la situation perdurer. Toutefois, son désir d'enfant devenait chaque jour plus fort et elle craignait que l'amour qu'elle portait à Richard ne suffise pas à poursuivre leur liaison.

 
 
Septembre 2006
 
Cela faisait deux mois que Carolina avait quitté son compagnon. Elle lui avait simplement annoncé qu'elle ne pouvait plus continuer ainsi. Elle voulait être mère. Richard comprenait mais il ne pouvait pas accéder à la demande de celle qui partageait sa vie depuis un peu plus de cinq ans. Il avait été sur le point de changer d'avis mais, au dernier moment, la peur l'avait emporté. Ne voulant pas enfermer Carolina dans une relation qui ne lui donnerait jamais ce qu'elle espérait, il l'avait à regret laissée partir.
 
Peu après la rupture, Richard, qui ne cessait de se traiter d'imbécile, chercha à retrouver celle qu'il aimait. Il devait surmonter sa peur. Ils avaient été heureux ensemble, plus qu'il n'aurait pu l'imaginer. Malheureusement, ses efforts furent vains. La jeune femme n'avait laissé aucune trace. Personne, au sein de la mission pour laquelle elle et Richard travaillaient, ne savait quoi que ce soit. Ils n'avaient guère de contact à l'extérieur et il n'y avait aucune aide à attendre de ce côté-là.

 
Pour la deuxième fois, Richard ne pouvait que constater les dégâts qu'il avait lui-même provoqués. Carolina lui manquait à chaque minute et il n'y pouvait plus rien. C'était une véritable tourmente dans sa tête et son cœur.
Sans elle, il n'envisageait pas de rester en Chine. Il ne voulait pas continuer à la voir partout où il poserait les yeux. Il n'allait pas laisser tomber la mission du jour au lendemain, la perte d'un bénévole était bien suffisante. Il prévint le responsable qu'il partirait dès le début de l'année suivante.
 
Richard n'avait pas encore décidé quelle serait sa prochaine destination. Il avait un peu plus de trois mois pour y réfléchir. Retournerait-il à New York ? Si oui, que pourrait-il bien y faire ? Choisirait-il de participer à une autre mission, dans un autre pays ? Ce dont il était certain, c'est qu'il ne reprendrait pas son ancien métier. Une autre option s'offrait à lui : voyager, en profitant simplement du monde qui l'entourait. Sa fortune personnelle n'ayant en rien été entamée au cours des cinq années écoulées, il pouvait opter pour n'importe quelle solution. Il devait se contenter de choisir ce qui le rendrait le plus heureux. Il ne lui restait qu'à déterminer ce qu'était le bonheur pour lui, ce qui n'était pas le plus simple. Pour l'instant, tout ce dont il avait conscience, c'était qu'il avait laissé filer le bonheur ...