Samedi 3 août 2013

Tina se réjouissait de la mort de Dorian. Elle avait atteint son but, enfin presque. Elle devait avoir commis une erreur car le meurtre faisait les gros titres. C'est clair qu'une victime d'assassinat, dont le corps était retrouvé à bord d'un train, cela ne se voyait pas tous les jours. Les journalistes exploitaient le filon au maximum, pendant que l'affaire tenait les populations parisienne et icaunaise en haleine.
La jeune femme croyait avoir planifié au mieux le crime et le décès du jeune Franco-Irlandais devait ressembler à une malencontreuse et fatale intoxication alimentaire. Certes, il aurait pu terminer à l'hôpital et s'en sortir in extremis. C'était peut-être la raison qui avait poussé Tina à forcer la dose.

La rencontre entre Dorian et la jeune femme, quelques mois plus tôt, avait paru relever du hasard. Cependant, c'était Tina qui, ayant observé les habitudes du jeune O' Maley, s'était mise sur sa route. Elle avait remarqué qu'il avait une prédilection pour les rousses. Un passage chez le coiffeur avait contribué à la transformation de l'aspect de la jeune femme. Comme la nature réservée de Dorian le poussait à se laisser draguer, elle alla contre sa propre personnalité et l'aborda sans complexe. Son teint clair et sa chevelure flamboyante, ainsi que son sourire enjôleur, agirent comme par magie.

Tina avait eu du mal, tout au long de leur liaison, à camoufler la haine que lui inspirait Dorian. C'était par la faute de ce monstre que sa sœur s'était retrouvée plongée un profond coma. D'après les différents médecins interrogés à l'époque, l'état de la patiente semblait irréversible.

La jeune femme ne voyait pas comment la police pourrait remonter jusqu'à elle car, de son côté, elle n'avait jamais parlé de la relation qu'elle entretenait avec Dorian. Elle présumait que lui non plus n'avait pas éventé leur liaison. En effet, Tina savait qu'il avait une petite amie depuis le début de l'année. Entre Dorian et Tina, c'était purement physique. La jeune femme faisait tout pour satisfaire son amant car elle désirait, plus que tout, le mettre dans un état de dépendance. Elle voulait garder le contrôle.
Malgré leur discrétion, il leur arrivait de se retrouver dans un lieu public avant de se rendre chez elle, dans son appartement du sud parisien. Ils ne laissaient alors rien transparaître. Ils étaient comme deux étrangers qui se retrouvaient simplement pour quelques minutes.

Tina, bien que plutôt confiante, se dit qu'elle devait réfléchir aux traces éventuelles que sa relation avec Dorian auraient pu laisser. Elle n'était jamais allée chez lui, dans l'Yonne. Lorsqu'ils se retrouvaient, c'était toujours après qu'il ait terminé son travail, à la brasserie qui l'employait depuis quatre mois. La jeune femme n'avait jamais téléphoné à sa future victime, elle ne lui avait jamais écrit. Elle ne voyait pas ce qui pouvait la relier au jeune O' Maley. Les policiers qui avaient l'enquête en charge seraient-ils assez malins pour remonter jusqu'à elle ?