Eclaircissements - 2ème partie : foudres
Vendredi 23 août 2013, début de soirée
Esteban était en nage mais heureux. Il venait d'avouer son amour à Elena, après des ébats passionnés. La jeune femme ne lui avait répondu que par un grand sourire, tout en rivant son regard au sien. Quelques instants plus tard, elle l'embrassa tendrement et se blottit contre lui. Leurs deux corps étaient littéralement collés l'un à l'autre par la sueur mais cela ne les gênait en rien.
Soudain, une sonnerie retentit. Elena n'attendait personne et elle n'avait aucune intention de manifester sa présence. Mettant un doigt devant sa bouche, elle pria silencieusement Esteban de ne faire aucun bruit. Ce fut peine perdue car on se mit à tambouriner à la porte. La voix d'Erwan s'éleva dans le même temps, d'abord suppliante puis furieuse. Les coups, de plus en plus rapprochés et puissants, finirent par avoir raison de la patience de la jeune femme. Elle quitta les bras d'Esteban à regret, enfila un peignoir, et s'apprêtait à ouvrir quand son amant, la taille ceinte par un drap de bain, la devança. Il déverrouilla la porte et tira le battant brutalement. L'arrivant, surpris, faillit tomber mais se reprit in extremis. Surmontant son étonnement premier, il envoya son poing vers le visage de son vis-à-vis. Riveira fut suffisamment rapide pour bloquer la main de son agresseur avant qu'elle ne l'atteigne. Se faisant, il retourna le bras d'Erwan qui, par réflexe, effectua un demi-tour tout en hurlant de douleur. Esteban, au bout de quelques longues minutes, finit par calmer le jeune homme en le menaçant d'appeler ses collègues. S'il continuait ainsi, il allait se retrouver les menottes aux poignets et au fond d'une cellule. Ces paroles semblèrent produire l'effet d'une douche froide sur Erwan, qui se tut instantanément.
Elena demanda à Esteban de laisser entrer Erwan. Etant donné qu'il était là, il allait en profiter pour récupérer les rares affaires qui lui appartenaient. La discussion que la jeune femme avait eue avec son petit ami deux jours plus tôt avait été houleuse et pénible. Elena s'était montrée très claire, expliquant à Erwan que c'était fini entre eux : leurs rares retrouvailles, bien qu'agréables, ne menaient nulle part. Elle avait cru l'aimer mais, visiblement, elle s'était trompée. Elle avait reconnu l'amour quand il lui était tombé dessus pour la première fois de sa vie. Erwan lui avait fait remarquer qu'elle confondait amour et passion. Elle s'était faite volontairement cruelle en lui répondant qu'avec lui, il n'y avait jamais eu de passion et qu'elle s'était souvent interrogée sur l'amour qu'il lui portait et vice versa.
Une fois dans l'appartement, Erwan se dirigea vivement vers Elena et cette dernière ne parvint à éviter la gifle que le jeune homme lui décocha pendant qu'Esteban achevait de refermer la porte. Le temps qu'il intervienne pour séparer les deux jeunes gens, il prit cette fois le poing d'Erwan en pleine face. Les deux hommes commencèrent à se battre. Esteban était entraîné et plus fort physiquement que le jeune homme mais celui-ci était comme dopé par l'adrénaline déversée dans ses veines par la colère.
Elena attrapa son téléphone et composa le 17. Elle expliqua rapidement à son correspondant ce qui se passait et, après lui avoir demandé ses nom et prénom, sa date de naissance et son adresse, l'agent lui répondit qu'une équipe de police allait intervenir rapidement.
Dix minutes plus tard, Erwan quittait l'appartement menottes aux poignets, à la demande d'Esteban. Elena trouvait ça un peu exagéré car elle comprenait ce que traversait son ex. Elle se promit d'aller au poste dès qu'elle serait présentable (elle était pour l'instant toujours en peignoir), afin de bien signifier qu'elle ne portait pas plainte. Elle ne voulait pas nuire à Erwan plus qu'elle ne l'avait déjà fait en rompant.
Samedi 24 août 2013, fin de matinée
Erwan errait en ville avant de reprendre le train pour Paris. A l'angle d'une rue, complètement absorbé par ses pensées, il ne vit pas la jeune femme qui arrivait de la rue perpendiculaire. Les deux jeunes gens se télescopèrent. En reculant, Erwan bredouilla quelques excuses, tout comme la jeune femme. Le jeune homme reçut comme une décharge électrique dans tout le corps lorsque ses yeux se posèrent sur le visage de la magnifique rousse qui lui faisait face. Celle-ci semblait elle aussi dans un état second. Chloé Beaumont, qui avait décidé de passer quelques jours à Sens après son interrogatoire policier, et Erwan, qui avait dormi dans un petit hôtel sénonnais avant de rentrer chez lui, venaient de succomber à un coup de foudre réciproque.
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