Chapitre 13

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- Ses Altesses et les Ravageurs ! s'exclama le majordome à la porte.

- Ces hommes dînent également avec nous ? demanda la Reine Thérésia à Dania.

- Une règle instaurée par nos fils. répondit cette dernière déjà installée à table.

- Oh, n'est-ce pas effrayant ?

- Ils ne sont pas à la même table que nous. Ils mangent de l'autre côté de la salle.

- Ne peuvent-ils pas manger ailleurs ?

- Cher Roi Edmond, la sécurité de ma famille et de mes invités m'est prioritaire.

- Aucun de nos gardes n'a le privilège de manger en notre présence.

- Ce qui laisse la porte grande ouverte pour une attaque surprise.

La pic sembla faire mouche et le Roi Avening se renfrogna, s'enfonçant dans son siège.

La porte s'ouvrit sur une horde glaçante dont la seule source de chaleur semblait être Kaerthage qui souriait, discutant avec la Princesse de Yenesse.

Depuis quand était-elle si libre de s'exprimer et de sourire ? Celle qui était un monstre à ses propres yeux ! Il devait à tout prix la faire partir tout en assurant la prise de position de Cérésia sur le trône de Kaolan afin d'obtenir le plus lourd soutien qui soit.

Le plan allait être complexe à mettre au point, mais il devrait compter sur sa fille pour arriver à leurs fins et ce, avant le mariage qui était dans à peine 4 jours.

- Majestés, s'exclamèrent les deux femmes en s'inclinant devant le couple royal de Kaolan, puis celui de Solaris.

Elles prirent place aux côtés de leurs compagnons, laissant aides et Ravageurs de l'autre côté de la salle, attablés ensemble mais guettant sombrement leurs maîtres et les invités avec une certaine froideur.

- Avez-vous déjà décidé de la robe ? demanda alors Cérésia, lançant les hostilités, comme si personne d'autre voulait y mettre les pieds.

- Nohan a déjà envoyé une demande au tailleur qu'il m'a attribué dès mon arrivée. répondit simplement Kaerthage.

- "Nohan" ? fit son Père en lui adressant un regard froid.

Des grondements résonnèrent dans la salle.

- Comment puis-je appeler mon fiancé autrement que pas son nom, Père ?

- Montre du respect ! s'exclama ce dernier en frappant du poing sur la table.

Atlas avait envi de l'étriper sur place et de laisser ses démons se repaitre de lui, quoi qu'ils risquaient tous de se rendre malade... Mais la main fraiche et gantée de sa compagne se posa sur la garde de son arme qu'il tenait fermement entre ses doigts. Il lui lança un regard changeant et sombre.

Elle savait qu'elle ne pourrait les retenir très longtemps, mais tout ce qu'elle souhaitait était de pouvoir enfin se marier à lui tout en esquivant une mort qu'elle sentait approcher à grands pas.

- J'ai autant de respect pour mon fiancé que pour le Roi et la Reine de Karsan. répondit-elle simplement.

Nohan se pencha vers elle et baisa sa tempe, la félicitant de son courage.

Un coup d'œil à son père lui apprit qu'il se retenait également, tout comme son frère, installé en face de lui, mais les trois femmes semblaient avoir une emprise sur eux, dont ils ne mesuraient pas encore l'ampleur. Le dîner prit une tournure plus froide et assassine, jusqu'à voir les vapeurs du froid glisser sur le sol, emportant avec elles, la peur et la mort.

Si Kaerthage ne faisait rien, ça allait tourner au drame. Que pouvait-elle faire ? Oh !

Elle se leva avec grâce et quitta la table, après une légère révérence pour s'excuser et alla se placer sur l'estrade des ménestrels, pris un lutte, vérifia son accord et entama une musique douce, apaisante et chaude. Elle voulu offrir une atmosphère plus calme que celle que son propre père avait installé, entrainant avec lui un cataclysme dont il n'avait aucune idée de l'ampleur du danger qu'il voulait à tout prix voir s'abattre sur eux.

Les Ravageurs n'avaient d'yeux que pour elle. Cette douce chaleur piquant leur curiosité, mais apportant du calme à leurs âmes torturés et leurs corps fatigués. Le silence était apaisant, seulement le rythme de la musique qui ambiançait les lieux, emportant quiconque l'écoutait dans une dimension adoucit et colorée où la chaleur était la maîtresse de toutes les couleurs, chassant le froid comme l'on couvre un enfant durant la nuit.

Quand elle eut fini, elle se leva pour reposer le lutte, Kamille se leva, encore transit par ce qu'il venait de vivre, lui offrit sa main pour l'aider à descendre.

- Merci, Sir Kamille, lui dit-elle en souriant.

Il recula pour la laisser reprendre sa place, personne n'osa parler, encore pris dans le piège de sa musique dont le pouvoir venait de s'éveiller.

Seuls les Ravageurs et leur Maître semblaient réaliser ce qu'il se passait autour d'eux alors que tout le reste était figé dans un espace que la jeune femme maîtrisait.

- Kaerthage.

- Je sais. Mais laisse nous le temps de souffler encore un peu.

- Qu'est-ce donc que...

- La maîtrise du temps et de l'espace. J'ai appris à le faire pour m'enfuir la plus part du temps, figeant qui je voulais par une simple musique, si je me concentre assez pour les piéger dans une boucle jusqu'à ce que j'en décide autrement.

- Maîtresse !

- Tout va bien, Ellan et les filles sont avec vous. Vos démons semblent bloquer ce genre d'état. Ce qui vous aide à ne pas sentir le pouvoir que j'exerce en ce moment sur eux.

- L'as tu appelé Maîtresse ?

- Princesse... Mais n'est-elle pas nôtre ?

- Point encore, je ne l'ai pas encore épousé et elle ne m'a pas laissé le souhait de la faire définitivement mienne.

Kaerthage rougit mais ne put empêcher un rire léger qui les firent tous sourire.

- Chère Princesse, voilà que chaque jour vous nous étonnez, déclara Atlas.

- Je ne cesse d'en apprendre moi-même à vos côtés Messire.

- Joue encore, le peux-tu ?

- Si tel est ton souhait.

- Oh douce femme, mon souhait est bien autre, mais il n'est point convenable de le citer ici.

- N'avez vous pas dit à mon arrivée que vous étiez un rustre qui n'en avait que faire de
la bienséance ?

- Si et je le maintien, mais mes parents, mon frère et ma belle-sœur sont avec nous.

- Vous avez gagné cette fois, rit-elle pour retourner à l'estrade.

Elle reprit sa place, mais Nohan décida de se poster devant elle.

- Ne me quitte pas du regard Nohan.

- Y a t-il un risque ?

- Le froid.

- Joue ma belle je te réchaufferai ensuite.

Elle lui sourit et reprit sa musique.

L'effet fut immédiat, la chaleur repris, chassant le froid, berçant les démons et leurs humains, retrouvant sa place parmi les hommes et femmes qui constituaient la salle, jouant avec douceur les mêmes notes jusqu'à ce qu'elle ne force sa musique à casser le charme qu'elle y avait apposé, ramenant son auditoire à la réalité, réactionnant le temps, défigeant l'espace et ramenant le froid dans la salle.

- C'est splendide ! s'exclama le Roi Stanislas en frappant fort dans ses mains, saluant la performance de la jeune femme qui terminait alors ses accords avant que plus aucun son ne sorte de son instrument.

- Merci Majesté. Je suis désolée si j'ai manqué de tact.

- Du tout mon enfant, répondit la Reine toute heureuse. Votre musique a quelque chose de magique, je ne saurai l'expliquer.

- Merci beaucoup.

Elle se leva, mais Nohan la rattrapa avant que son pieds ne se pose sur le bord de l'estrade. Il l'attira à lui et baisa ses lèvres.

- Que dire de cette fiancée que vous m'avez envoyé, très cher Edmond ? tonna la voix de Nohan, figé dans le regard de sa belle. Voilà un cadeau digne des monstres que nous sommes.

- AOU ! hurlèrent les Ravageurs dans un bruit de pas frappant le sol avec fermeté.

Edmond et Cérésia restèrent muets, pris de court par l'intervention de la jeune femme au lutte et du prince complètement sous son charme. Elle avait les Ravageurs sous sa main, le Prince et sa famille semblaient être épris d'elle. Mais rien n'était joué encore. Ils devraient agir tant qu'ils le pouvaient encore.

En attendant, quelque chose semblait s'être passé sans qu'ils ne le sachent et cela perturbait Edmond qui dévisageait le couple souriant qui reprenait sa place à table, après s'être donné en spectacle. Leur bonheur ne pouvait avoir été créé depuis l'arrivée de la jeune femme, quelque chose clochait mais quoi ?

Edmond se mit à réfléchir et se rappela ce que le messager avait envoyé en retour durant leur voyage : "la Princesse est marquée, elle ne peut plus revenir à Solaris, elle est la fiancée du Prince Nohan. Kaolan la revendique."

Il se redressa alors sur son siège et lorgna le corps de sa fille pourtant encore bien fine. Impossible qu'elle ai fauté aussi vite. Avait-elle réellement couché avec lui ? Auquel cas, Cérésia ne pouvait prétendre à la souveraineté de Kaolan. Quelque chose n'allait pas, il devait découvrir quoi.

- Je vous sens perturbé cher Roi, s'exclama Stanislas.

- Si fait, mon messager m'a rapporté que ma fille, la Princesse Lunaire avait été marqué.

- Et essayez-vous de déterminer de quelle marque il parlait ?

- Si vous tentez de savoir si ma fiancée et moi avons fauté, alors soyez rassuré cher beau-père, lança Nohan en souriant. Je n'ai nul intention de déroger à la tradition d'attendre le soir des noces pour le faire. Mais il est vrai que Kaerthage, Princesse Lunaire a été marqué... il y a 10 ans.

Un silence glacial ce fit.

10 ans ? Que voulait dire le prince par là ? Comment était-ce possible pour lui de la connaître, alors que...

- Prince, étiez-vous présent ce jour-là ?

- Je me tenais auprès de votre fille, l'ayant sauvé après qu'elle ai été abandonné dans la foule, piétinée et ignorée. Effectivement et je suis resté à ses côtés durant mon séjour à la capitale.

L'horreur se peignit sur le visage de Cérésia et de son père, dont les aveux venaient de mettre toute leur machination en déroute.

- Le... Votre...

- Nous l'avons marqué tout les deux, répondit une voix sombre et courroucée.

- M... Marqué dans quel sens ? demanda alors le Roi Edmond effrayé face au regard changeant de Nohan, comprenant que la créature des légendes, se montrait au dîner.

- Cet enfant a en elle une marque que personne ne pourra comprendre. La Princesse nous appartient.

- AOU !

Le bruit fit trembler le château, Cérésia voulait fuir, pleurer et hurler que tout ce qui était à sa sœur devait lui revenir. Pourquoi cette fille ingrate devait-elle obtenir ce qu'il devait être à elle ? N'était-elle pas le Diamant de Solaris ? La fille préféré du Roi et la plus désirée de tous ? Alors pourquoi ce monstre voulait garder cette chose ?

Mais... Un monstre, oui, voilà ce qu'il était, ce qu'ils étaient tout les deux. Si son père voulait le soutien des Ravageurs du Prince de Karsan, c'était sans elle. Il était certes beau, mais il était possédé, qui lui disait qu'il n'allait pas tous les tuer dans leur sommeil ? Elle trembla de peur, les larmes aux yeux.

Il lui fallait assister à ce mariage et rentrer, mais... Et le Prince Hériter ? Même un homme marié serait incapable de lui résister et ce dernier n'était pas possédé, de plus il était le futur Roi. Mais son père n'en avait que faire, elle savait qu'il voulait les voir morts et savoir que Kaerthage allait appartenir à cette famille sous peu semblait ne pas plus l'enchanter.

Il ne l'aimait pas, pourtant elle était étrange et semblait avoir quelque chose que les démons voulaient garder pour eux. Qu'est-ce que c'était ? Mère aurait-elle mentit sur l'engeance de sa sœur ? Pourtant elles étaient nées en même temps, ou presque. Elles n'étaient pas jumelles mais même si Cérésia et elle n'avait qu'un an d'écart, quelque chose clochait.

Qui es-tu Kaerthage ? Pourquoi ce regard et pourquoi le Prince et sa monstruosité veulent te garder ? En quoi es-tu intéressante ? Je suis la plus jolie ! pensa la jeune princesse, défiant cette dernière trop occupée à poser sa main sur le poing serré du géant, pour lui adresser le moindre intérêt.

- Une catin... déclara alors Edmond, grinçant des dents.

***

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