Chapitre 26 Fin.

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Le bruit qui parcouru dans toute la forteresse, réveilla chacun des endormis, appelant ceux qui avaient dû s'occuper des alentours pour éviter de détruire leur territoire avec ce temps orageux et mortel.

La Princesse était réveillée. Voilà ce qu'il se disait partout dans la forteresse. Thomas accouru en larmes pour découvrir sa mère, alitée et faible, mais le sourire aux lèvres.

- Maman ! s'écria le jeune garçon de sept ans en courant vers le lit, suivit des dames de la Princesse et des Ravageurs qui avaient accouru pour la voir.

- Tho...mas... souffla t-elle encore trop épuisée par ce manque de force et l'intrusion de son mari et d'Atlas dans son esprit.

- Doucement fils, ta mère est encore très faible. Il va nous falloir veiller sur elle et nous assurer qu'elle reprenne des forces.

- Bien sûr ! s'écria le garçon qui fut invité à grimper sur le lit et se caler contre sa mère, pleurant sa joie, sa peur et toutes les émotions qui le traversait en cet instant.

- Mon dieu... Majesté, soufflèrent les trois aides en hésitant à s'approcher.

Kaerthage ne put que leur offrir un sourire, gardant sa voix, caressant la tête de son fils, son autre main tenue par celle de son guerrier de mari.

- Nous sommes si heureux de vous revoir ! Oh mon dieu je crois que...

- Dame Capucine, fit Danik en lui tendant un mouchoir.

La jeune femme lui sourit, non sans rougir légèrement, pour tamponner ses joues inondées par les larmes de joie de voir sa maîtresse réveillée après autant de temps plongée dans le silence d'un sommeil de mort. Le guerrier lui entoura la taille et la calla contre lui, apportant force et chaleur à la jeune femme qui craqua finalement pour pleurer de tout son saoule contre lui.

Ellan et Konnan s'approchèrent du lit.

- Majesté, je suis si heureuse de vous revoir.

- Ellan était si inquiète que j'ai dû souffrir de blessures diverses, se plaignit son fiancé, faisant glousser la jeune princesse.

Mais une quinte de toux secoua son corps faible.

- Suffit, gronda le Seigneur des lieux. Assez pour l'instant.

- Mon Seigneur.

- Préparez lui de quoi manger, une soupe sera plus facile pour elle à manger.

- Tout de suite.

Cassia et Capucine partirent vers les cuisines pour s'occuper de préparer un repas pour leur maîtresse retrouvée mais terriblement affaiblie. Ellan fut chargée de faire la toilette à la jeune femme tandis que tous les hommes furent mis à la porte pour laisser un peu de temps à Kaerthage.

Nohan en profita pour envoyer deux Ravageurs auprès de sa famille et prévenir ces derniers du réveil de sa femme mais que son état restait inquiétant. Il préféra taire les nouvelles encore plus inquiétantes qu'elle lui avait fournis à son réveil.

Mais il réuni ses principaux soldats afin de leur faire état de ce que Kaerthage savait et de ce que ça signifiait pour tous, rendant la joie des retrouvailles bien ternis par un danger qui semblait imminant sans qu'aucun ne sache d'où il pouvait venir.

- Majesté, Prince Thomas voudrait assister au repas, s'exclama Capucine à la porte de la chambre.

Ellan alla leur ouvrir et les laissa entrer.

- La Princesse est beaucoup trop faible, il faut que le Seigneur revienne, dit cette dernière à une des ombres gardiennes de la chambre.

Il ne fallut pas longtemps avant que ce dernier ne soit avertit et qu'il mette fin à la réunion d'urgence pour revenir en marchant rapidement jusqu'à la chambre. Thomas aidait Ellan et les deux autres femmes à redresser sa mère pour qu'elle puisse manger.

- Dehors ! gronda le Prince de l'Hivers en entrant, emportant une aura froide et tranchante avec lui dans la chambre.

Le plateau fut posé sur une table et tous quittèrent la chambre, Thomas resta auprès de sa mère qui avait posé sur lui une main froide mais bien vivante.

- Père...

- Tout va bien fils, je vais m'occuper de l'installer, prépare le feu.

- Oui père.

Thomas avait, en une année seul sans sa mère, apprit tant et tant de choses qu'il était devenu assez responsable et pouvait recevoir des requêtes de son père comme d'un homme à un autre. Dans l'âtre, le jeune prince ravivait les bûches presque consumées et en ajouta d'autres, utilisant un tisonnier pour remuer le tout et faire revenir à la vie un feu brûlant et chaud qui emplit la pièce assez rapidement, propageant jusqu'au lit, sa chaleur douce et réconfortante jusque sous les draps du lit où résidait la princesse épuisée mais heureuse d'être réveillée.

Nohan ferma la porte de leur chambre, bloquant ainsi la fuite du feu et l'entrée du froid mordant qui risquait de rendre sa femme bien plus malade. Il revint vers elle pour s'installer derrière cette dernière qu'il redressa délicatement et calla contre son torse.

Il l'entendit gémir et souffler.

- Tout va bien mon ange ?

Kaerthage ferma les yeux et sourit, se laissant simplemnt guider et envelopper dans cette chaleur et cette force qui caractérisait son mari.

Mari...

Oui, ils étaient officiellement mariés, son père était mort, la famille de Karsan était sauvée et leur mariage validé. Thomas avait été officiellement reconnu comme leur fils, mais... Qu'en était-il du reste ? Elle voulu lui poser la question, mais préféra ne pas briser cette bulle tranquille qui les entourait pour le moment. Elle voulait en profiter encore un peu avant que tout ne soit brisé par ses questions et les réponses qui allaient lui être donné.

- Un an mon amour, murmura Nohan contre elle. Un an que tu te tiens dans ce lit à dormir et à ne répondre à personne. Nous n'avons presque pas dormit, veillant sur toi...

- Noh...an... tenta t-elle, la gorge encore en difficulté.

- Chut mon ange de glace. Laisse nous te raconter ce que tu as manqué. Notre fils a grandit tu sais.

Elle tourna son regard sur Thomas qui remuait les buches dans l'âtre de la cheminée comme si il escrimait contre un ennemi insignifiant. Il avait certes changé, elle pouvait le sentir, il était plus mature pour son âge et semblait avoir pris de son père.

- Tho...

- Fils !

- Père ?

- Viens nous rejoindre.

Le garçon se redressa bien vite, abandonnant la tige de fer pour courir vers le lit dans lequel il grimpa et fut hisser contre sa mère qui lui sourit.

Ils l'aidèrent à manger, racontant à la belle, tout ce qu'il c'était passé en un an, la naissance du nouvel héritier, le retour des Avening à Solaris, la cérémonie solarienne pour la mort de son père dont elle ne ressentit aucune tristesse.

Durant la nuit, ils dormirent enfin tous les trois ensemble, se tenant dans les bras des uns et des autres.

[...]

Des jours passèrent et la jeune femme reprenait doucement de la force, il fallut deux bonnes semaines avant qu'elle ne soit autorisée à sortir de sa chambre et à marcher, accompagnée par les deux hommes de sa vie.

Un jour, elle voulu se rendre dans la grande salle où déjeunaient les Ravageurs. N'ayant pas Nohan à porté de main mais juste son fils, Ellan et Capucine furent donc mandatées pour l'aider à s'habiller et à la préparer pour cette escapade. Voulant faire une surprise à son mari et à ceux qu'elle connaissait. Elle voulait reprendre sa place et découvrir sa nouvelle demeure, elle voulait en apprendre plus sur ce domaine qu'elle devrait à présent gérer.

- Maman tu es magnifique ! s'exclama Thomas en souriant, ce même regard que son père dans ses yeux changeant.

- Merci Thomas, sourit la jeune femme en se regardant dans le miroir de sa coiffeuse. Cassia ? Pourquoi pleurez-vous ?

- Oh pardon Majesté, c'est juste que... Je suis si heureuse de vous revoir sourire, rire et que nous pouvons de nouveau vous habiller et nous occuper de vous que j'en pleurs.

Kaerthage se retourna sur son siège pour faire face à ses trois dames de compagnies et aides de vie. Elle leur adressa à chacune un regard doux et chargé de reconnaissance.

- Je le suis également, dit-elle. Je vous suis reconnaissante à toutes les trois d'avoir tenu, d'avoir pris en charge cette maison, de vous être occupés de mon fils et de mon mari bien que je me doute qu'il ai été difficile.

Les trois femmes pouffèrent, Thomas lui avait raconté que Nohan avait été très sombre et colérique, mais que ces trois-là avait réussi à tenir face à lui.

- Allons, fit la jeune femme. Reprenons-nous et allons rejoindre ces Sirs dans la grande salle. Il est temps de faire un essaie.

Quelque peu inquiets, Thomas et les trois aides lui prirent les mains et l'aidèrent à avancer, retenant sa robe le temps qu'elle puisse mettre un pieds devant l'autre jusqu'à l'escalier. Là, le challenge fut entier, descendre une marche inégale et froide. N'ayant pas encore un total équilibre, elle dû s'y reprendre à plusieurs fois pour finalement réussir à descendre le grand escalier jusqu'à ce qu'elle se retrouve face à la grande porte, essoufflée mais heureuse d'être enfin arrivée à dépasser ses limites. Ce premier exploit fut célébré par des applaudissement des trois aides et du jeune prince fier comme un paon, des efforts de sa mère.

La porte s'ouvrit sur les Ravageurs attablés, leur Seigneur en bout de table. Ils se levèrent quand ils aperçurent le jeune garçon menant un petit groupe.

- Femme ! tonna la voix froide et inquiète de son mari.

- Nohan. Non ! N'approche pas ! ordonna t-elle en panique.

- Kaerthage, tu...

- Je suis femme mais aussi la tienne ! Écoute donc ce que je te dis !

Soufflé autant que ses hommes, Nohan ne broncha pas, debout il la laissa avancer, bien que très peu assurée, il comprenait qu'elle voulait lui montrer les efforts qu'elle avait produit pour reprendre sa vie en main. Fier oui il l'était et la regardait évoluer à travers la salle, le regard fixé sur lui comme si le fait de le voir lui donnait le courage d'avancer pour le rejoindre.

Un pas puis l'autre mettait les Ravageurs en suspends. Pour ceux qui la connaissaient bien, la voir marcher était un exploit, ils se mirent à frapper des pieds pour l'encourager. Le sourire qu'elle leur adressa, les fit gronder et leurs coups s'accentuèrent sur le sol froid de la grande salle.

Son coeur battait au rythme des coups des Ravageurs, au rythme de son amour pour l'homme qui l'attendait au bout de cette longue salle. Ses pas devinrent plus assurés et elle demanda alors à ce qu'on la laisse seule, avancer sur les derniers mètres.

Nohan n'était pas serein, mais ne dit rien et ne fit rien pour l'en dissuader, laissant sa belle décider de ses propres capacités, il la vit prendre une grande inspiration, les coups cessèrent et Kaerthage avança. Elle avança, vacillant légèrement, mais ne cherchant pas à s'arrêter ni à se raccrocher à qui que ce soit présent sur son chemin. Quand elle arriva enfin près de son mari, ce dernier lui tendit son bras et elle glissa sur ses doigts, sa main fraîche et légèrement tremblante par l'effort produit.

Un grand sourire éclaira le visage dur du guerrier qui la souleva dans ses bras, faisant tourner cette dernière dans les airs, faisant crier et rire la jeune femme comme une enfant. La joie se peignait sur ses traits épuisés, son sourire était si éblouissant pourtant que ceux qui la découvraient avaient du mal à le supporter tant il les éblouissaient.

- Tu es forte mon ange de glace, dit alors Nohan en l'installant sur ses cuisses tandis qu'il reprenait place sur son siège.

- J'ai une bonne motivation, dit-elle alors en souriant.

- As-tu faim femme ?

- J'ai soif surtout.

- Tenez Majesté, fit Ellan en lui tendant une coupe de vin que Nohan lui prit pour aider sa femme à boire doucement.

Étrangement, cet instant était suspendu dans le temps, laissant tous regarder ce couple amoureux agir comme si personne ne se trouvait autour d'eux, hormis leurs propres personnes.

Un des Ravageurs se leva et leva son gobelet en l'air :

- À la santé de la Princesse de l'Hivers !

Imité par les autres, toutes la salle fit honneur à la jeune femme qui en rougit.

- C'est un réel plaisir de vous revoir tous, dit-elle quand ils reprirent leurs places sur les bancs.

- Doran sera content de vous revoir, lui dit Kamille le visage caché.

- Kamille... Vos blessures ?

- Je vais bien mieux, merci Votre Altesse. répondit le guerrier calme mais dont on pouvait deviner un sourire se dessiner derrière son masque.

- Je suis rassurée de savoir tous le monde sain et sauf. Danik ?

- Majesté ?

- Vous est-il possible de ne point trop perturber Capucine ?

- Pardon Majesté ? s'étouffa ce dernier, rougissant avec violence.

- Pensez-vous que je ne sais rien ?

Le clin d'œil qu'elle lui lança fit éclater de rire l'assemblée sanglante.

Nohan posa son menton sur son épaule, la tenant toujours contre lui il se refusait à la laisser s'asseoir selon la bienséance. Sa femme était là, aussi belle que toujours, leur fils mangeait avec faim et ses hommes appréciaient sa femme comme elle n'en avait pas peur.

Même si une ombre inconnue planait au dessus de leurs têtes, Nohan était prêt à tout pour les protéger et faire perdurer ce bonheur.

"Même dans l'Hivers, la chaleur d'un feu printanier brûlait, réchauffant les cœurs de ceux qui bravaient le froid. Un Printemps sans fin commençait et l'Hivers mortel serait bientôt aussi fleurit que le sourire de sa Maîtresse."

***

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