La Danseuse Mythomane
Elle faisait de sa vie
Un charmant conte de fée
En changeant à l'envie
Toute sa destinée
Mariée éphémère
Aux tropiques exilée,
Elle s'éveille aux chimères
Et aux danses sacrées.
Elle mystifie sa vie,
D'un tourbillon sans fin,
D'amants, de menteries
Et de succès enfin.
Volcanique ingénue
Aux amours sulfureux
Voilà porté aux nus
Son talent dispendieux.
Elle s'effeuille en dansant
Un voilà à chaque pas,
Et ses bras en serpents
Ondulent sous les vivats.
Tel est le phénomène
Qu'on s'arrache en ces temps,
La naïve croit qu'on l'aime,
On n'aime que ce moment.
Car la mémoire est courte
Et le cœur versatile,
Et la belle volubile
Entame sa déroute.
Trop âgée, empâtée,
La belle Mata regimbe.
Ses amants à ses pieds
Tapissent un peu ces limbes.
De danseuse sacrée
Elle sera espionne,
Sans trop de pourparlés
Elle a l'âme luronne.
Ployez Ambassadeurs,
Militaires, Agioteurs,
Mata délie les langues
Et en forge sa cangue.
Menteuse exubérante,
Libertine à toutes heures,
Voilà l'affriolante
Face à ses détracteurs.
Car elle brûle trop fort
Et se brûle les doigts
Aux sournois choéphores,
Et son étoile choit.
Danseuse d'Asparat,
Espionne malhabile,
La machine la broie
Elle se perd et vacille.
L'innocente vénale
En est bien là punie,
Et l'humeur pénale
En a après sa vie.
Elle ne voulait plaire
Et briller aux éclats
Mais son ombre prospère
Dans une prison d'état.
Une dernière danse
Aux fossés de Vincennes
La belle tombe en transe
Sur son ultime scène.
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