Le Coffre

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Le geste d'Ashley fut implacable : avant même que la sorcière eût le temps de réagir, l'agent de Gladius Irae l'avait saisie à la base du cou, serrant jusqu'à ce qu'elle s'effondrât comme un paquet de chiffons. Entendant le bruit, le gros Chinois entra précipitamment, pour se retrouver face au museau d'un Derringer Remington qui, en dépit de sa taille réduite, ne manquait pas pour autant de potentiel meurtrier.

« Je dois avouer que les armes américaines ne sont pas sans mérite », déclara-t-il d'un ton froid.

Il dirigea son regard vers Hadria :

« Vite, prenez le pot et brisez le sceau, avant qu'elle ne se réveille et puisse invoquer cette créature. »

Hadria se dirigea vers le coffre et tenta de soulever le couvercle, en vain :

« Il est fermé à clef !

— Quel type de serrure ? demanda Ashley, l'attention toujours focalisée sur l'homme qu'il tenait en respect.

— Une sorte de... cadenas ? Long et rectangulaire...

— La clef doit être sur elle. Essayez de la fouiller. »

Hadria frissonna à la perspective de plonger les mains dans les vêtements de la femme. Elle s'approcha à contrecœur et s'accroupit, puis commença à tâtonner à travers l'étoffe rouge. Elle aperçut une chaîne autour de son cou. Pouvait-il s'agir de ce qu'elle cherchait ? Elle tira dessus et découvrit, à son profond soulagement, une clef dont le paneton présentait une forme bizarre, comme si une partie rebiquait vers l'extérieur. Elle n'avait aucune idée de la manière dont elle devait en user sur le cadenas.

La jeune Américaine décida d'employer les grands moyens. Fermant les yeux, elle se focalisa sur l'objet, en espérant qu'il lui révèlerait son fonctionnement. Elle n'avait pas vraiment envie de revenir dans la tête de Hei Yue ! Fort heureusement, le maniement de la clef se révéla être le tout premier élément de surface qu'elle parvint à capter. Moins d'une minute de concentration lui permit d'en voir assez, sans faire plus qu'effleurer l'effrayante présence de la larve. Au moins avait-elle la certitude à présent – si jamais elle en doutait – que cette chose répugnante se trouvait dans le meuble.

Après s'y être reprise à plusieurs fois, sans doute parce que ses mains tremblaient trop, Hadria finit par libérer le loquet et souleva le couvercle du coffre, dans un grincement trop fort à son gré. Elle le vit enfin : un pot en terre fermé par un sceau d'argile portant les deux idéogrammes signifiant « lune » et « noire », ceux qu'elle avait vus dans sa vision. Le récipient semblait bien plus volumineux qu'elle ne se l'imaginait, au point qu'elle craignit de ne pas pouvoir le soulever.

Le gros Chinois s'écria quelque chose dans sa langue puis, réalisant sans doute que la jeune femme ne pouvait le comprendre, répéta dans un anglais fortement accentué :

« Qu'est-ce que vous faites ? Cette chose est dangereuse ! Si vous la libérez, elle voudra se nourrir ! »

Elle laissa retomber ses mains et se tourna vers Ashley, l'interrogeant du regard :

« Se nourrir ? »

L'agent acquiesça :

« Pour survivre, l'esprit gu a besoin de s'alimenter... Mais si vous brisez le sceau, vous romprez son lien avec la sorcière et elle ne pourra plus l'invoquer. Il ne restera plus qu'à détruire le contenu de la jarre, et nous en aurons fini...

— Vous êtes sûr que l'esprit ne peut pas se manifester ?

— Tant que la sorcière est inconsciente, elle ne peut l'appeler. Nous devrions être tranquilles... »

Hadria hocha la tête et chercha autour d'elle quelque chose qui pouvait lui permettre d'accomplir sa tâche. Elle aperçut dans un coin une dague au manche ouvragé et à la lame étrangement noirâtre, dont elle préférait ne pas connaître l'utilisation exacte. Elle s'en empara et se mit à attaquer les idéogrammes ; une lueur dorée commença à s'élever du pot de terre.

« Miss Hayes ! »

Elle se tourna vers Ahsley, en songeant confusément qu'il n'y avait que lui pour se souvenir d'un pseudonyme à un moment pareil. Une forme était en train de se matérialiser au centre de la pièce, juste à côté du sbire que l'agent de Gladius Irae tenait toujours en joue.

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