L'O dix C ratée (pardon pour ce jeu de mot vraiment minable) sinon j'ai aussi : Un texte presque sensé (sans C). Ou encore : l'eau dit, sait (l'o dix C/Odyssée). Ok c'est nul j'arrête.

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Il faisait jour depuis peu. Tout était immobile dans la maison. L'atmosphère étouffante de l'été avait poussé le chien à dormir dans le garage, où l'air était toujours frais. Il jappait parfois dans la nuit, lorsqu'une souris passait sous son museau. Frustré, il n'arrivait jamais à en attraper mais se rendormait aussitôt.

Albertine, retraitée depuis peu, se réveillait tout juste. Elle se leva et se fit un thé. Ses rhumatismes la rendaient grognonne, elle pestait toute seule en portant la tasse à ses lèvres. Ses mains tremblaient un peu, sa peau s'était ridée, les douleurs qu'elle ressentaient ne partiraient plus et ne feraient qu'empirer au fil du temps. Ses rêves de voyage s'étiolaient à l'image de sa santé déclinante.

Son mari, Pierre, était toujours bourru, mais lui l'était depuis leur mariage, pas depuis la retraite. Il s'était réveillé et rejoignit Albertine quelques instants plus tard. Presque sans la regarder, il l'embrassa vaguement avant de s'affaler dans le sofa comme s'il venait de rentrer d'une journée de travail éprouvante. Il patientait pour l'arrivée du journal quotidien, qui ne tarderait pas à être livré. En attendant, il feuilletait celui de la veille dans l'espoir d'y trouver une information qui lui aurait échappé.

Quant à Albertine, elle se préparait à vivre une journée banale de plus. Depuis qu'elle avait laissé derrière elle quarante ans de vie dans la bibliothèque de la ville, son quotidien était devenu ennuyeux, carrousel sempiternel qui la lassait de plus en plus.

Les livres étaient toute sa vie, elle la leur avait d'ailleurs dédiée. Mais à présent, elle se sentait étrangement vide de l'intérieur.

Au fil de sa lecture, la phalange ondulée de rides de son annulaire tournait inlassablement les pages du roman qu'elle lisait, lui rappelant la rengaine de ses vieux jours.

Rien n'est éternel, songeait-elle avec une pointe de tristesse.

Depuis toujours ou presque, elle avait un rêve : faire le tour de l'atlas. Elle s'était toujours imaginée aventurière, pareille aux héros et héroïnes des romans qui voyageaient sans peur jusqu'au bout du monde.

Albertine et sa famille étaient bien partis quelques fois à l'étranger, lorsque ses quatre enfants étaient plus jeunes. L'Italie, le Portugal, l'Irlande du Nord... La vieille dame en gardait de très bons souvenirs, mais n'avait jamais cessé de ressentir une sorte de vide au fond d'elle.

Elle aurait tellement voulu quitter l'Europe au moins une fois... Rien qu'une fois...

Mais Pierre ne voulait pas la suivre si loin, lui qui n'avait jamais abandonné son troupeau de moutons et son potager plus d'une semaine d'affilée. Leurs dépenses non plus n'auraient pas pu suivre : la maladie qu'Albertine avait eu ainsi que les nombreuses opérations qu'elle subissait depuis quinze ans avaient fait fondre leurs économies, et leur retraite était modeste.

Et de toute manière, elle se trouvait maintenant trop vieille pour ses rêves. Elle songeait qu'elle n'était plus qu'une enveloppe vide, un manuscrit poussiéreux, un bout de vie dépassé par le temps, usé par les regrets.

Elle regarda par la fenêtre en posant sa tasse d'un geste tremblant, et referma son livre. Elle ne trouvait plus le goût qu'elle avait toujours eu pour la littérature. C'était sa propre histoire qu'elle aurait voulu voir s'inventer, mais maintenant il était trop tard.

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