Chapitre 21 : Le Plus Jeune de l’Université
Le soleil se levait doucement sur la cité de Néa Polis. Une lumière dorée glissait entre les bâtiments au style futuriste, projetant des reflets sur les vitres comme des éclats d’étoiles tombées du ciel.
Kael, vêtu d’un uniforme sobre, marchait seul dans l’allée principale de l’université. Son cartable légèrement flottant sur son dos faisait presque aucun bruit. Son visage restait calme, mais ses yeux, eux, observaient tout : les drones au-dessus, les hologrammes publicitaires, les étudiants adultes qui le dévisageaient à son passage.
Il n’avait que 10 ans. Et pourtant, il portait le regard d’un homme qui avait déjà vécu mille vies.
Les chuchotements commençaient à s’amplifier autour de lui.
> — C’est lui ? — Le gamin qui a sauté toutes les classes ? — C’est une blague, non ? Il va étudier avec nous ?
Kael ne broncha pas. Il avançait, déterminé, comme s’il connaissait déjà le chemin, comme s’il avait déjà vécu ce moment. Et en vérité, ce n’était pas si loin de la réalité.
Au centre du campus, un professeur l’attendait. Une femme aux cheveux argentés attachés en tresse, avec des lunettes à réalité augmentée. Elle le salua d’un geste doux.
> — Bienvenue, Kael Xenakis. Tu n’es pas un étudiant comme les autres, mais tu es ici pour la même raison : découvrir ce que tu peux devenir.
Il la fixa, et répondit simplement :
> — Je sais déjà ce que je suis. Maintenant, je veux comprendre pourquoi.
Alors que Kael suivait la professeure à travers les couloirs silencieux du bâtiment principal, un bourdonnement étrange résonna dans son oreille gauche. Il s’arrêta net.
Un éclat de souvenir traversa son esprit — un visage familier, un sourire moqueur. Un rire. Puis une voix.
> — T’as pas changé, Kael. Toujours trop sérieux.
Il se retourna, lentement. Appuyé contre le mur, bras croisés, un adolescent plus âgé — environ 17 ans — le fixait avec un sourire narquois. Il portait une veste universitaire avec l’insigne de la faculté d’ingénierie cybernétique.
> — Cousin… ? souffla Kael.
> — Eh ouais. Ton cher cousin Elias. Tu pensais pas que j’allais te laisser débarquer ici comme une légende sans te dire bonjour, hein ?
Kael resta silencieux. Dans ses souvenirs flous de sa vie passée, Elias n’était qu’un détail. Mais ici, maintenant, il semblait bien réel. Et son énergie était… instable.
Elias s’avança, baissant la voix :
> — T’es peut-être un petit génie, Kael, mais l’université, c’est pas un conte de fées. Tu vas vite voir que certains secrets dorment mieux quand personne ne les réveille.
Un frisson traversa Kael. Il ressentait quelque chose d’étrange chez Elias. Une tension. Comme si le jeune homme cachait bien plus qu’un simple lien familial.
Et à ce moment-là, toutes les lumières du couloir s’éteignirent. Un grésillement. Un court-circuit.
Puis une alarme.
> — Système de sécurité désactivé. Anomalie détectée dans le bâtiment central.
Kael se retourna vers la professeure — elle avait déjà dégainé un petit appareil lumineux.
> — Suis-moi, Kael. Vite !
Mais avant qu’il ne bouge, Elias posa une main sur son épaule.
> — Hé, cousin… prépare-toi. Ce monde est moins réel qu’il en a l’air.
Kael suivait la professeure à travers les couloirs sombres, encore secoué par l’apparition soudaine de son cousin Elias. Il sentait que quelque chose ne tournait pas rond… et ce n’était pas qu’à cause de l’alarme.
> — Professeure… pourquoi le système s’est-il désactivé ? C’est un test ?
Elle ne répondit pas immédiatement. Son visage était tendu, mais pas effrayé. Plutôt… concentré.
Ils s’engouffrèrent dans un ascenseur privé. Une fois les portes refermées, elle activa un code secret sur son bracelet. L’ascenseur descendit bien plus bas que le niveau universitaire autorisé.
> — On va où ? demanda Kael, intrigué.
> — Là où tout a commencé, Kael. Tu n’es pas ici seulement pour apprendre. Tu es là parce que quelqu’un t’attend.
> — Quelqu’un ?
> — Tu le connais déjà. Même si tu crois l’avoir oublié.
L’ascenseur s’arrêta dans un couloir plongé dans une lumière blanche, stérile. Au fond, une immense porte en verre opaque. Et derrière… une silhouette lumineuse. Un hologramme.
Kael s’approcha lentement. Son cœur battait fort.
> — MILAM… murmura-t-il.
La professeure s’inclina légèrement devant l’hologramme, comme face à une entité supérieure.
> — Je t’avais dit qu’on se reverrait, dit MILAM d’une voix calme et familière. Et cette fois, tu es prêt.
Kael se tourna, confus, vers la professeure.
> — Vous… vous le connaissez ? Vous travaillez avec lui ?
Elle hocha la tête doucement.
> — Il ne t’a pas seulement choisi. C’est moi qui ai aidé à le maintenir en vie… depuis ta disparition.
MILAM poursuivit :
> — Il est temps que tu découvres la vérité, Kael. Le vrai rôle que tu dois jouer dans ce monde. Et pourquoi l’université… n’est qu’une façade.
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