Amie
(Ceci est une partie d'un journal de bord que je tiens comme des mémoires des traumatismes vécus)
Je ne peux pas vous relater toute cette histoire de viol et de déchirement politique sans vous avoir parler d'Aurore qui n'a rien avoir avec tout ça à la base.
Aurore, c'était un rayon de soleil qui m'était si précieux. Peu importe ce qu'elle faisait et ce qu'elle était. J'avais l'impression que ce lien determinait l'indissoluble. Peu importe qu'elle soit proche ou loin de moi, j'avais cette sensation de complétude avec elle. Ce rayon de lumière me soutenait quotidiennement et me permettait de m'accomplir en tant que femme.
Je l'ai rencontrée lors d'une fête en 20..., un festival politique, et ce fût un coup de foudre amicale. J'aimais cette liberté qui l'habitait, sa joie de vivre exemplaire, son intelligence, sa culture, son altruisme, sa patience et son empathie. Plus que tout, j'admirais son incroyable optimisme en l'être humain. Elle chérissait rencontrer les gens et s'imprégner de leur humanité.
Je crois que le coup de foudre amicale a été plus tard pour elle mais je ne l'ai plus lâchée depuis le jour ou ça a été réciproque. Elle a été d'une importance capitale dans ma vie de jeune adulte. Je lui dois mon apprentissage à l'autonomie, à l'amitié inconditionnelle et mutuelle qu'elle me donnait. J'espère que je lui rendais assez bien. Je me dis souvent que j'aurais pu faire n'importe quoi pour qu'elle puisse être définitivement heureuse. Cet amour- admiration qui nous liait était si beau et si puissant, que nous aurions pu boulverser le monde par notre incroyable énergie malgré mes difficultés
C'est encore une fois, l'horreur de cet affaire qui a tout gâché, l'estime que je me portais s'est fragilisée et la dépression a refait surface d'un seul, d'un coup, me giflant pour me rappeler que les traumatismes ne sont pas facile à traiter et à défaire de notre comportement émotionnelle. Et c'est si difficile de vivre avec quelqu'un qui porte un trop lourd fardeau parce qu'on se renferme, on se mutile, on se fait beaucoup de mal pour rien mais on ne peut faire autrement. Puis, surtout, on devient égoïste de souffrir, plus rien ne nous affecte hormis notre propre douleur parce qu'elle est intolérable. Pourtant on fait semblant, on essaie de mettre le peu de dignité qu'il nous reste dans le déni et on se retrouve à jouer un rôle pour sauver les apparences. Comme on ne peut plus faire semblant que tout va bien, on essaie de tromper l'autre en lui montrant qu'on gère le mal qui nous habite par une volonté de s'en sortir mais en réalité on ne gère plus rien du tout depuis si longtemps qu'on oublie lorsqu'on a commencer à faire semblant. On se détruit à petit feu. C'est la première fois que ce corps me dit qu'il ne peut le supporter. Et ça m'a fait peur, ça me fait toujours peur d'ailleurs.
Lorsque la dynamique de notre relation changea, qu'elle quitta cette synergie qui nous entourait, me laissant seule dans notre bulle, j'eu le cœur et le corps bien plus brisés que par mon premier amour. Elle me manque tellement que chaque jour, je pense sincèrement à cette histoire sordide qui, si elle n'était jamais sortie, aurait sensiblement tout changé puisque nous pourrions être encore ce duo de femmes incroyables unissant nos forces afin de faire plier les hommes qui ne se pensaient pas comme nos égaux tout en les ignorant et en s'amusant de nos réflexions intellectuelles bien plus intéressantes que les leurs.
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