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J'entends des gouttes d'eau tomber sur le sol. Ma joue endolorie semble gonfler à mesure que le temps passe. Si je fais confiance à mon horloge interne et à ma fatigue qui pointe le bout de son nez, ça doit bien faire quelques heures qu'il m'a laissé seule dans le froid de ce sous-sol. Plus je reprends mes esprits et plus je me rappelle des dernières vingt-quatre heures. J'essaye de comprendre comment j'ai pu en arriver là. Une chose est sûre, je n'ai pas consommé d'alcool ni de drogue, du moins pas consciemment. Alors pourquoi m'ai-je autant de temps à me rappeler des circonstances ? À moins qu'il ne m'ait frappé si fort....
La peur qu'il revienne me tiraille l'estomac et me donne la nausée. Je réprime un haut-le-cœur qui me laisse un goût immonde en bouche. En attendant, je fais comme il me l'a dit : je reste immobile, je n'essaie pas de me défaire de cette chaise. Au diable le courage et la bravoure, je ne pense qu'à une seule chose : ma survie.
J'entends des bruits assourdissants provenant de l'étage. J'essaie tant bien que mal de tendre l'oreille, mais le son est étouffé. Je ne comprends pas ce qu'il se passe plus loin. Un fracas de verres me fait sursauter, puis quelqu'un déboule vers la porte menant à la cave. Celle-ci s'ouvre violemment et un homme se rue vers moi.
_ Je vais te sortir de là, me dit une voix douce d'homme.
La voix n'est pas la même que celle de tout à l'heure et je suis soulagée. L'inconnu m'arrache le ruban adhésif qui était jusqu'à maintenant sur mes lèvres.
_ Aie.
_ Ne t'en fait pas, je suis là.
Il détache la corde puis me porte délicatement, telle une princesse. On se dirige vers la lumière qui éclaire faiblement le sous-sol. Mes bras autour de sa nuque, je sens ses bras musclés qui m'enlacent. Mes yeux se ferment instinctivement lorsque la lumière devient trop forte. Je sens qu'il me dépose sur une surface molle, très confortable. J'ouvre mes yeux avec inquiétude, sentant des yeux sur moi. M'accommodant de la lumière, je découvre une grande pièce de séjour avec trois garçons et une fille. Ils ont tous un sourire aux lèvres : un sourire diabolique qui n'annonce rien de bon pour moi. Je lève les yeux vers celui qui m'a sorti de la pièce, mais celui-ci rit à gorge déployée.
_ Tu y as vraiment cru n'est-ce-pas ? il rit de plus belle.
_ Tu es enfermée avec nous pour un bon bout de temps ma belle, renchérit un autre garçon.
_ Nous sommes tes nouveaux colocataires jusqu'à nouvel ordre.
Je les regarde fixement pour examiner chacun de leurs traits. Ils n'ont pas l'apparence de criminels et pourtant ils le sont sans aucun doute. Ils ont l'air d'avoir quelques années de plus que moi à en croire leur apparence. Leur assurance est intimidante. Mes yeux croisent le sourire de l'homme qui m'a frappé plus tôt dans le sous-sol. Ce dernier me regarde intensément avant de prendre la parole :
_ Comme on se retrouve ma jolie, un sourire narquois sur ses lèvres.
Cette voix... plus aucun doute, c'est bien lui mon bourreau. Des larmes coulent sur mon visage lorsque je comprends que tout ne fait que commencer.
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