Avec la mort de ma nièce, l’anniversaire de Jennie est une bouffée d’air pour nous tous. Nous sommes allés pour l’évènement sur le terrain de notre future maison. J’ai demandé de sécuriser les lieux et d’énormes barrières ont été posées autour du chantier.

- Mick’ s’il te plait, tu peux brancher les structures.

Julie à loué pour l’occasion des structures gonflables et des jeux de sociétés géants. Les copains, copines arrivent alors qu’une longue table est habillée pour l’occasion sur le thème des têtes de mort, nouvelle passion de Jennie qui grandit bien trop vite à mon goût. J’ai du monter une estrade pour faire venir les musiciens du centre afin de mettre de l’ambiance.

- Je crois que ta fille est en train de virer vers les ténèbres du rock. Me lance Lisa en voyant Jennie s’éclater avec ces gosses qui jouent de la gratte électrique et de la batterie.

Ils nous reprennent Gostbuster en mode rock et j’avoue que ça déchire. Finis la princesse Lilas, bonjour ACDC et Metallica.

- Ça va tu ne prends pas un coup de vieux Parker ? Me lance Julie amusée

- Putain, qui a fait vriller ma fille ?

- Marielle je pense.

Je regarde Julie. Elle n’a pas tord, Jennie s’est transformée depuis que Marielle n’est plus avec nous. Jennie hurle dans le micro toutes ses tripes et je n’aurais pas pensé qu’on puisse gueuler autant à 8 ans.

- Elle a l’air de s’éclater en tout cas. Dit-elle pour me rassurer.

- Je crois que je ne vais pas avoir le choix de virer son lit.

- Et non Parker, tu ne vas pas avoir le choix. Tiens, tu as toujours Sweety pour te consoler.

Je regarde ce petit bébé, et dire que Jennie devait être comme ça.

- Jamais tu ne vas vriller toi hein, tu vas rester le bébé à papa.

Ma petite râleuse se tient contre moi, le pouce dans sa bouche, lover contre mon t-shirt qui est officiellement son doudou.

- Oh elle est si belle. Me dit ma sœur au bord des larmes.

- Ça va aller frangine. Dis-je en posant ma tête contre la sienne.

- Mais c’est le petit amour à papy !!! Dit mon père

- J’espère que t’es prête, il arrive.

Mon père est gaga de Miny et me la vole dès qu’il en a l’occasion.

- On va danser avec papy.

- Va pas te faire mal. Dis-je pour charrier mon père.

- On verra comment tu seras à mon âge mon fils.

- Beau goss comme d’hab’. Dis-je

Une guitare fait quelques notes douces, ce qui casse avec les chansons d’avant. Tout le monde se tourne vers l’estrade. Jennie est au micro entourée de deux gratteux et d’un mec à la batterie *

- Je ne trouve même plus les mots

Pour te parler de mon cœur

L'espoir n'est plus qu'un tombeau

Où l'on enterre le bonheur

Tous les pétales de ma vie

Se sont fanés au…jourd'hui

Reste nos souvenirs d'hier

Et pour ce jour nos prières

La guitare électrique prend le relais, Jennie est habitée par cette putain de chanson.

Mais comment vivre sans toi

Si tu n'es plus là?

Mon cœur te cherche

Mais mes yeux ne te trouvent pas

Mais comment vivre sans toi

Si tu n'es plus là?

Qu'on prenne mon âme

Mais crois-moi je ne t'oublierai pas

La musique augmente de puissance et vient raisonner dans mes tripes.

Qu'on parle de nous au passé

Je ne peux pas l'accepter

Je te ressens près de moi

Mais ces gens ne te voient pas

J'ai tellement froid, recouvre-moi

J'entends ta voix mais elle ne se voit pas

Donne-moi la main

Sans toi je ne suis plus riennnnnn

Elle reprend le refrain alors que la musique bat son plein avec la batterie qui s’emballe se mariant à merveille avec la gratte électrique. La voix de Jennie s’envole emportant avec elle mon âme déchirée.

Je cherche l'espoir qui m'aidera à vaincre ce destin

Je cherche au loin le paysage heureux que tu n'as pas

La batterie s’affole et la voix de Jennie se brise. Putain arrêtez ça !!! Je ne vais pas supporter !!! Ses yeux rivés vers le ciel, elle chante sa douleur.

Je pleure, tu ne me vois pas

Je t'appelle, tu ne m'entends pas

Je t'aiiiiiime, j'ai besoin de toi

Je t'en prie, reviens vers moiiiiiiiii

Son cri me déchire les tripes. Si on voulait me mettre à terre on ne pouvait pas mieux s’y prendre.

La guitare acoustique reprend la mélodie du départ.

Mais comment vivre sans toi

Si tu n'es plus là?

Mon cœur te cherche

Mais mes yeux ne te trouvent pas

A quel moment on me file les clés pour soulager la peine de ma gosse. La colère me monte, putain pourquoi elle ne se réveille pas ! Elle ne peut pas laisser sa gamine souffrir, elle n’a pas le droit !!!!

- Mick’ !!! Hurle Julie alors que je me casse sur la plage.

- Putain Lâche moi Julie !

- Non ! Parle putain !

- Comment elle peut faire ça !!! Pourquoi elle la fait souffrir !!! Elle n’est même pas là pour ses 8 ans !!! Elle l’a abandonnée comme elle l’a fait avec moi car elle s’est faire que ça !!! Et arrête d’être sympa avec moi toi !!! Depuis quand t’es sympa avec moi !!! Je suis pas un putain de clebs à la SPA !!!

Elle me regarde les bras croisés.

- Ça y est t’as finis ? Ta gosse a besoin de toi alors arrête de t’apitoyer sur ton sort Parker et bouge toi pour faire de ce jour un moment inoubliable pour ta fille. Me lance-t-elle

Je la regarde, elle vient de faire exactement ce que j’avais besoin.

- Merci. Dis-je

Elle m’envoi un sourire et me fait signe avec sa tête de retourner à la fête. Nous chantons joyeux anniversaire et malgré la tristesse que je lis dans ses yeux, Jennie est contente de sa fête.

- Papa, on peut rester ici ce week-end s’il te plait ? Me demande-t-elle

- Euh…

Je regarde Julie qui débarrasse la table. Si j’accepte, je vais devoir partager mon lit avec elle car le canapé est absolument pas confortable pour dormir.

Et alors ?

Je n’ai pas envie de dormir avec la meilleure amie de ma femme.

Pourquoi ?

Ta gueule

- Papa ?

- Demande à Julie si ça ne la dérange pas.

- Bien sur ma puce, ça va me permettre d’avoir le temps de tout ranger comme ça. Dit Julie

- Merci pour la fête d’anniversaire.

- De rien, je suis contente que ça t’ai plu.

Je remercie les derniers invités puis je me casse à la douche.

- Mick’ ? T’en as pour longtemps, le repas est prêt. Me dit Julie à travers la porte.

- J’arrive.

Je sors et vais me mettre à table. Julie est un excellent cordon bleu et chaque repas est un délice.

D’un autre coté elle tenait un resto.

- Allez, brossage de dent, les pipis et au lit. Dit Julie en débarrassant

- Attend pas encore. Dit Alexis du haut de ses 4 ans.

- Allez chéri, tu joueras demain, faut aller au lit là.

Ça pue la crise ça.

- Je ne veux pas aller au dodo !!!

- Chéri s’il te plait, pas de caprices, t’as bien joué et t’es tout fatigué, regarde tu bailles.

- Non !!!

Jennie vient pour m’embrasser. Je la prends dans mes bras et lui chuchote que je l’aime.

- Tu veux que je vienne te coucher ? Dis-je

- Non je suis grande maintenant.

- Et alors ?

- Bah non j’ai plus besoin.

Putain ça y est ça commence.

- Alexis maintenant ça suffit, tu vas te brosser les dents !

Là il me gonfle, sa mère est naze aussi de sa journée et il profite qu’elle donne le sein à son frère pour taper une crise.

- Alexis, obéis à ta mère. Maintenant !

Tant pis si elle me tej mais là de toute façon elle ne peut pas trop bouger et en plus ça fonctionne car il obéit enfin.

- Allez, faut dodo mon amour. Dit-elle ne caressant les cheveux de Victor qui s’endort dans ses bras.

- Tu veux que je le porte dans son lit ?

- Ouais car il est hs.

- La journée a été longue. Allez mon bonhomme, au lit. Dis-je en le prenant dans mes bras.

Elle lui pose un baiser et enchaîne avec Miny après un nettoyage rapide de ses nichons.

- Tu arrêtes quand de les allaiter ? Dis-je

- Quand ils en ont plus besoin. Alexis a arrêté quand il est rentré à l’école, Victor, en a encore besoin, c’est encore petit 17 mois. Mais t’inquiète, j’en ai assez pour tout le monde.

- Je ne disais pas ça pour ça, mais ça doit être fatiguant.

- Ouais mais j’aime ça, je me sens bien.

- C’est cool alors, je ne voudrais pas t’épuiser.

- Je suis inépuisable Parker.

On se marre puis elle me donne la petite pour la coucher. Quand je reviens, elle est entrain de passer le balai.

- Tu ne t’arrêtes jamais toi.

- J’aime me réveiller dans une maison propre, pas toi ?

- Euh ouais mais…ça doit être chiant.

- Tu parles comme si t’avais jamais fais le ménage. Ricane-t-elle.

- Bah c’est le cas.

Elle se stoppe et me regarde comme si j’étais un extra terrestre.

- T’as jamais fait le ménage ? Demande t’elle.

- Non.

- Mais comment tu faisais en Angletterre ?

- Bah femme de ménage.

Elle éclate de rire.

- Et avant chez tes parents ?

- Bah c’était ma mère qui faisait le ménage.

- Laisse-moi deviner, ton père n’a jamais fait le ménage ?

- Bah ouais.

Elle ricane de nouveau en passant la serpillère.

- Marielle acceptait ça ?

- Elle gueulait mais elle n’est pas née la meuf qui me foutra un balai dans les mains.

- Et une éponge ?

- Je suis allergique.

- Et j’imagine que tu n’as jamais repassé non plus ?

- Trop dangereux, je risquerai de me bruler et de cramer les vêtements, non je laisse ça aux femmes, elles savent faire elles.

Elle se met à rire.

- Si je te dis vaisselle ?

- Je te réponds lave vaisselle.

- Et la lessive ?

- Bah la machine à laver s’en charge.

- Elle ne tourne pas toute seule tu sais.

- Bah non, c’est bien pour ça qu’on a besoin de vous mesdames. Dis-je ne lui collant une bise

- Macho.

- Ouais. Dis-je en allant fumer dehors.

Quand je rentre elle est allongée sur le lit, et s’est déjà endormie. Je la mets sous la couette puis je vais tafer un peu.

Tu peux toujours repousser le moment, tu vas devoir aller te coucher tôt ou tard.

Putain le calvaire.

Y a pire quand même. Allez un peu de courage.

Je me glisse dans le lit et me colle près du bord du lit comme si elle était toxique. Je finis par m’endormir et retrouve celle qui fait de ma vie un enfer.

- Tu m’as abandonné.

- Non je suis là.

- J’ai besoin de toi.

- Viens my love. Viens…suis moi.

Les pleurs de Jennie raisonnent autour de nous et je me stoppe net.

- T’as pas le droit de lui faire du mal !!! Pourquoi tu nous fais ça !!! Ecoute sa souffrance !!!

- Papa, qu’est ce que t’as fais à maman ?

Je regarde mes mains pleines de sang et Jennie se met à courir.

- Jennie attend !!! Je n’ai pas voulu, j’ai pas…JENNIE !!!!!

Le corps de Jennie tombe dans un gouffre et je n’ai pas pu la retenir.

- Mick’ !!! Mick’ !!! Réveille-toi !!!

Je me redresse d’un coup en sueur.

- Ça va ? Me demande Julie

- Non. Jennie ?

- Elle dort, si toutefois tu ne l’as pas réveillé.

- C’était horrible.

- Raconte.

- J’avais tué Marielle, et Jennie m’avait vu et elle me fuyait jusqu’à tomber dans un gouffre.

- C'était qu'un cauchemar Mick', Jennie dort juste à coté.

On se sourit et je me lève pour aller boire.

- Parker, me dis pas que tu dors avec moi à poil.

- Je n’ai pas de pyjama.

- Enfile un truc s’il te plait. Dit-elle en tournant la tête pour ne pas voir la barre que je me tape.

J’enfile mon boxer et cale ma queue comme je peux. Je vais boire et mon érection ne se calme pas d’elle-même. Je me casse dans la salle de bain et règle le problème. Quand je reviens, j’ai le droit à la punition ultime, dormir avec un boxer.

- Ça te manque le sexe ? Dis-je dans le noir

- Parker, je ne vais pas parler de ça avec toi.

- Pourquoi ?

- Parce que ça ne te regarde pas.

- Bah moi ça me manque, ma femme est dans le coma et j’ai envie de baiser, je sais je suis un connard.

- Non t’es humain.

- Tu fais comment toi pour ne pas avoir envie ?

- Je n’ai pas dis que je n’avais pas envie.

- Donc t’as envie ?

- Parker, ferme là et dors.

Impossible de dormir, j’ai trop envie de baiser. Envie de toucher son corps, de respirer son parfum, de l’avoir contre moi, la sentir bouger autour de ma queue. Putain comment je peux calmer cette foutue envie alors que ma femme est dans le coma.

* Comment vivre sans toi - Caroline Costa