Chapitre 38 - Mickaël
Tu n’existes pas, tu n’existes pas, tu n’existes pas...
- Ça t’arrangerait hein.
- Fous-moi la paix putain !
- Tu vois que j’existe, tu me parles.
Ça ne s’arrêtera donc jamais.
- La mort c’est pour l’éternité Mick’.
- Je n’ai pas voulu ta mort ! Je ne savais pas qu’elle serait mortelle cette came ! Et puis fallait pas te camer si tu ne voulais pas crever ! On le sait que ça peut être mortel !
- On n’avait pas le choix, on se camait pour ne pas voir ce qu’on faisait pour toi.
- Vous aimiez ça !
- Tu crois ? Tu crois vraiment qu’on aimait ça se taper un tas de mec ! T’es sérieux là ?
Elle éclate de rire, et je vois l’intérieur de sa bouche nécrosée par la mort.
- On baisait pour toi Mick’, parce qu’on était tellement dingue de toi qu’on aurait fait n’importe quoi pour toi.
- Je ne vous ai jamais demandé ça !
- Arrête Mick’, tu le savais et tu t’en servais !
Pourquoi on ne veut pas me foutre la paix !
- Mick’, à qui tu parles ? Me demande Julie derrière la porte.
Putain je vais finir dans un hôpital psy !
- Ou au cimetière, tu verras on y est bien. Me dit Alysson
- C’est ça que tu veux ?
- D’après toi ?
- Je ne te ferais pas ce plaisir là Alysson ! T’es morte et moi en vie et je compte bien le rester !
Elle me rit au nez puis part à travers la porte avec un sourire qui me promet encore quelques frayeurs. Putain mais qu’est ce qui m’arrive.
- Allez reprends toi putain, reprends-toi !
J’efface la buée du miroir et mon visage déformé me donne envie de vomir. Je détourne le regard et me brosse les dents, mais quand je relève la tête, Alysson est derrière moi.
- Putain !!! Dis-je en sursautant.
Je vis un foutu film d’horreur ! Mon cœur s’emballe et j’ai l’impression que je vais crever.
- Tu me fais quoi ! J’arrive plus à respirer !
- Moi rien, tu te fais ça tout seul.
- Arrête ça !!!
La main sur la poitrine, j’arrive à ouvrir la porte et tombe par terre.
- Mick’ mais qu’est ce qui t’arrive !!! Mick’ !!! Parle-moi !!! Crie Julie.
- Mon…cœur…mon cœur.
- Non, non Mick’, tu me fais pas ce coup là, respire doucement…Jennie apporte moi le téléphone !!! Vite !!! Mick’ respire, me fais pas ça…Reste avec moi. Oui allo… venez vite… il ne va pas bien !!!
J’ai un mal de chien et ils me regardent tous. Putain ils m’attendent ! Non je ne veux pas mourir !!! Je ne veux pas mourir !!!
- Monsieur, regardez-moi, vous faites une crise d’angoisse…tout va bien, respirez dans le masque, voilà ça va aller. On respire bien. Tension à 14, ça descend.
- Il ne va pas mourir ? Dites moi qu’il va survivre, je vous en supplie dites…
- Madame, calmez-vous, il fait juste une crise d’angoisse, rien de bien grave, ne vous inquiétez pas.
Enfin je peux respirer et je n’ai plus l’impression que mon cœur va s’arracher. On me dit de me reposer mais va dormir quand tu entends les cris d’un bébé qui résonne dans ton crâne. J’ai jamais voulu ça moi, je tenais à Adrianna, je ne voulais pas qu’on lui fasse du mal.
- Tu parles, t’as été te cacher dans un chalet pour pas que les flics te tombent dessus et pendant ce temps là, Adrianna se faisait violer. Sans toi, y aurait pas eu de descente de stup’ et donc pas de viol ni d’avortement clandestin. C’est entièrement de ta faute ! T’as tué un bébé ! un bébé !!!
Mais pitié faite là taire ! Je ferme les yeux mais elle n’arrête pas, j’en peux plus. Jour et nuit elle me hante, jour et nuit putain ! J’en ai marre, je veux que ça s’arrête. J’écris un mot à Julie et prends la voiture avec Aly.
- Arrête-toi là. Me dit-elle
Je regarde le pont et sais que j’ai plus que cette solution pour être tranquille, je ne peux plus vivre comme ça. Julie ne comprend plus mon comportement et en souffre, sans parler des enfants qui doivent surement aussi en souffrir.
- Et oui, ton comportement fait du mal autour de toi.
J’entends la portière d’une voiture claquer alors que la pluie vient de s’inviter.
- Mick !!! Je t’en supplie, ne fais pas ça !!! Crie Julie trempée.
- Ju’, j’en peux plus.
- Mais qu’est ce qui t’arrive !!! M’abandonne pas, s’il te plait, m’abandonne pas Mick’.
Je vois ses larmes inonder son beau visage, je préfère détourner le regard vers ceux qui me hantent. J’entends des portières claquer et des voix familières.
- George pitié faites quelque chose !!! Hurle Julie
- Mickaël, regarde-moi. Me dit mon père
- Papa j’en peux plus, je deviens fou.
- Non, tu n’es pas fou, t’es juste rongé par les remords, faut que tu te pardonnes Mick’.
- Non papa je suis fou, je vois ceux que j’ai tué.
Je regarde Alysson qui me sourit, satisfaite que j’avoue enfin que je suis un tueur. Mais c’est insupportable, je ne veux pas être cet homme là.
- Mick’, tu as fais des erreurs que tu ne pourras jamais réparer mais tu peux encore éviter d’en commettre d’autres.
- Je ne mérite pas de vivre papa.
- Je t’interdis de dire ça ! Tu mérites de vivre et de devenir un homme bon comme tu as décidé de l’être. S’il te plait, repasse de l’autre coté mon fils.
- Tout est de ma faute papa !
- Non Mick’, tu n’es pas fautif de la folie des autres. Tu as fais des erreurs c’est vrai mais en aucun cas tu es responsable des erreurs des autres.
- Sans moi elle ne serait pas morte !!! Ils ne seraient pas morts !!! Je leur ai vendu de la mort en poudre, je les ai détruits !!!
- Et ça ne les fera pas revenir si tu sautes de ce pont. Tu ne peux plus rien faire pour eux, mais tu peux éviter à tes filles de vivre sans leur père et à nous de vivre sans notre fils.
Quand je regarde derrière lui, Jennie vient de sortir de la voiture et avance en pleurant.
- Papa…fais pas ça. Dit-elle.
- Maintenant Mick’, repasse de l’autre coté. Tu n’as pas envie de nous faire du mal, je le sais. Me lance mon père.
Je regarde de l’autre coté, ceux qui me hantent puis je regarde ma famille qui est là, en larmes. Soit je saute sous les yeux des personnes que j’aime ou je vis avec le poids de mes erreurs.
- Il y a une autre solution Mick’. Me dit Alysson.
- Ah oui laquelle !
- Mick’ qui étais-tu ? Chuchote Alysson à mon oreille
Je suis face à mes conneries, face à moi-même. Tout se paye un jour et là je me tape une putain d’addition. Je ne peux plus être dans le déni, je dois assumer.
- Un tueur, un proxénète, un dealer….un putain de monstre !
Mes larmes brulent ma peau alors que je viens de dire tout haut ce que j’étais incapable de reconnaître car j’étais un lâche. J’ai fais du mal, j’ai volontairement vendu de la merde pour me faire du fric, j’ai poussé ces filles à se prostituer car je voulais du fric facile. Je m’en tapais qu’elles le vivaient mal, je m’en tapais que mes clients crèvent tant que j’étais riche. Mais maintenant, je ne veux plus être cet homme là.
- Je vous demande pardon. Pardon de vous avoir fait autant de mal. Dis-je aux morts qui me sourient
- Tu vois, ce n’était pas si compliqué.
- Pardonne-moi Aly.
- Bien sur que je te pardonne. Alors maintenant que décides-tu ? Me dit-elle
Son visage est si beau désormais.
- Ton visage…
- Je suis en paix Mick’, à toi de l’être.
- Merci Aly.
Elle me sourit comme tous les autres qui finissent par disparaître. Mais elle, elle reste encore un peu.
- Il n’en reste plus qu’un Mick’, Marina est de Madagascar, il est là bas.
- Quoi ?
Je n’ai pas le temps de comprendre qu’elle n’est déjà plus là. Mon père m’attrape et me fait passer de l’autre coté et Jennie me saute dans les bras. Julie est effondrée, et je viens la prendre dans mes bras.
- J’ai cru te perdre. Dit-elle
- Je suis là, je serais toujours là.
Ah ce moment là j’en ai rien à foutre qu’on ne soit pas seul et je pose mes lèvres sur les siennes. Quand le baiser s’arrête, on nous sourit, comme si on était cramé depuis des lustres.
- Marina, ça vous parle ? Dis-je
- C’est le nom du bateau. Me dit Jennie
- Quel bateau ?
- Celui de Marc, il s’appelle Marina. Maman t’en a parlé, tu ne te rappelles pas ?
J’ai l’impression d’avoir manqué quelques épisodes de ma vie.
- Non. Papa, cherche une Marina de Madagascar, je crois que Gramont est là bas.
Mon père sourit.
- C’était sa femme, on est déjà sur le coup, comment tu te sens ?
- Mieux. Je dois aller voir Marie.
- Tu vas déjà te reposer, t’as une sale tête.
Je regarde en arrière, afin de vérifier que mes hallucinations sont bien parties. Après 14h de sommeil, je peux aller sur la tombe de chacun des étudiants morts par ma faute, leur demandant pardon à tous. Je sais que ça ne les fera pas revenir, je sais que ça n’effacera rien de ce que j’ai pu faire mais je sais aussi que je ne serais plus jamais cet homme là.
Annotations