Chapitre 55 - Mickaël
Je ne sais pas ce qu’elle a mais depuis qu’elle est rentrée, elle paraît bizarre. Elle ne décroche pas un mot et je sens qu’elle est triste.
- Eh, qu’est ce qu’il se passe Marie ? Dis-je en tentant de crever la bulle qu’elle met autour d’elle.
- Qu’est ce qui se passe ?!!! Tu te fous de moi là !!!
Ça y est c’est parti.
T’as bien fais d’essayer d’ouvrir le dialogue toi
- Ce qu’il se passe Mick’ c’est que tu as bousillé ma vie !!! Tu m’as fais tomber amoureuse de toi, au point que j’ai été me faire sauter par un tordu qui m’a fait un enfant !!! Ce même tordu qui a épousé ma mère qui est devenue complètement folle !!! Sans parler que je peux plus regarder ma fille sans voir les traits de ce taré !!!
Elle se stoppe enfin quand j’entends quelque chose se briser par terre. Le téléphone que tenait Jennie dans les mains vient de tomber en morceaux à ses petits pieds nus.
- Mon cœur…Dit Marielle en comprenant que la petite venait d’entendre la conversation.
J’ai à peine le temps de voir les larmes sur ses joues qu’elle se met à courir.
- Jennie !!!
- Mick’ …Me dit Marielle pétrifiée
Je cours derrière Jennie qui a déjà pris de l’avance sur moi. Il fait nuit et impossible de savoir de quel coté elle est partie.
- Jennifer !!!! JENNIE !!!! Répond moi princesse c’est papa.
Je tente d’aller sur la plage mais y a personne. Je parcours le bois à coté de la maison et arrive sur la route. Mon cœur bat si vite que j’ai l’impression qu’il est en continu. Je regarde si je ne vois pas sa silhouette marcher le long de la route et décide de prendre la voiture. Avec les phares je verrais mieux. Une pluie battante vient s’écraser sur la carrosserie et je tremble de panique.
- Putain où es-tu princesse ?
Je fais des allers et retours mais je ne la trouve pas et j’espère qu’elle n’a pas été prise en stop.
- Tu l’as retrouvé ? Me demande Marielle
- D’après toi !
- Faut la retrouver Mick’.
- Je sais !
Je réfléchis, où elle a pu aller, j’ai décollé après elle de peu. Impossible qu’elle ait eu le temps d’aller loin sauf si quelqu’un s’est arrêté pour la prendre en stop. Putain non je refuse de penser au pire.
- Eh mec, elle ne serait pas aller dans la forêt en face ? Me lance Jack qui a été appelé par Julie.
- Elle est complètement sauvage cette forêt, remplie de ronce, il fait nuit, je vois pas comment elle aurait fait pour s’y enfoncer.
- Bah ouais mais c’est le plus proche, non ?
Marielle raccroche son téléphone et revient en larmes.
- La police me dit qu’il faut attendre qu’elle revienne, les fugues ce n’est pas avant 24h qu’ils prennent en charge.
- Putain !!!
Mes parents, Lisa et Nico sont appelés et on organise une battue en pleine nuit mais impossible d’y voir grand-chose. On l’appelle mais on a aucune réponse, nous obligeant à rentrer vu la pluie et le froid.
- Elle n’a que son pyjama. Pleure Marielle
- Ils annoncent combien cette nuit ? Demande Jack à mon père
- Moins huit.
- Oh merde. Avec la pluie elle va geler putain ! Dis-je hors de moi
Je regarde Marielle haineux quand Julie se met devant moi.
- Eh, regarde-moi. Regarde que moi Mick’, Jennie est la seule priorité. Juste Jennie.
Elle arrive à me faire entendre raison alors qu’elle-même est touchée par la disparition de la petite. Si jamais il lui arrive quoi que se soit, je jure que je mets fin au jour de Marielle.
Génial comme idée
Oh toi ferme là !
On passe toute la nuit dans le salon, appelant parfois Jennie si jamais elle n’était pas loin.
- Si faut elle a un coin à elle, et elle fait ça pour vous faire peur. Dit Jack’
Il se raccroche lui aussi à ses espoirs. Moi j’en viens à me dire qu’un autostoppeur réglo, la pris avec lui, qu’elle est au chaud avec une tasse de chocolat et des chamallows, qu’elle s’est endormie près d’un bon feu et que dès demain matin on nous la ramènera. Mais hélas, le lendemain matin, aucun appel. A la première heure, on fait le tour de la propriété, on regarde chaque arbre et la police finit par débarquer avec la brigade cynophile. On leur explique tout et nous demande un vêtement portée par Jennie.
- Je viens avec vous. Dis-je
- Moi aussi dit mon père
- Il vaut mieux rester là, si elle est dans cette forêt, ça risque de ne pas être facile d’accès et vous n’avez pas l’habitude, ça serait prendre des risques inutiles, faites nous confiance.
- Je ne reste pas là à rien faire ! Décrèté-je
- Je suis militaire de carrière, les endroits compliqués ça me connait. Réplique mon père
Ils voient notre détermination et nous accorde de les suivre. Ils font renifler le vêtement au chien qui se met à tirer.
- C’est bien mon chien, trouve la petite fille.
A plusieurs reprises ils font renifler le chien qui parfois part à droite parfois à gauche.
- Vous êtes sur qu’il sait ce qu’il fait ?
- Oui, c’est un de nos meilleurs renifleurs. Elle a du hésiter avant de prendre une direction c’est tout.
Plus on s’enfonce dans la forêt et plus j’ai l’impression de perdre vie.
- Attention !!!
On se retrouve face à une foutue pente de plusieurs mètres et le chien se met à aboyer.
- Elle est où mon chien ?
Le chien s’excite et tente de descendre. Je regarde mon père qui me fait non. Rien à foutre.
- Restez là !!!
- Mick’ !!!
Je sais pas comment je descends, je ne sais pas comment je fais pour marcher dans cette forêt de merde mais pas après pas, je sens que je m’approche d’elle. Je m’arrête net quand je vois son petit corps allongé.
- Jennie !!!! J’hurle de toutes mes tripes quand je la prends dans mes bras et que son corps est tout froid et mou.
- On y va les gars, elle est en bas !!!
- Me fais pas ça princesse, me fais pas ça. Réveille-toi, regarde papa mon bébé… Pitié, mon dieu ne me la prenez pas !!! Prenez moi mais ne me prenez pas ma fille !!!
Je la berce contre moi, priant tous les dieux pour qu’ils me la rendent.
- Elle est en vie !!! Appelez les secours !!! Hurle un policier qui vient d’arriver.
Je m’accroche à ce petit espoir.
- Monsieur, laissez nous faire, s’il vous plait.
- Sauvez là.
Il me sourit comme pour me rassurer mais ça ne me rassure pas. Pourquoi elle saigne à la tête !!! Pourquoi elle n’ouvre pas ses yeux ? Mon père arrive, et me prend dans ses bras puis on remonte en étant treuillé.
- Son corps est à 27°C elle est en hypothermie sévère, faut qu’on l’amène au plus vite.
- Eh, elle est forte. Me dit mon père alors qu’ils mettent Jennie dans une civière enveloppée dans des couvertures chauffantes.
- Papa si je la perds…
- Mick’, pense pas à ça s’il te plaît. Me dit-il au bord des larmes.
- Vous ne pouvez pas monter Monsieur. On va au plus vite. Me dit le médecin du SAMU
Je vois l’ambulance partir et mon père me ramène à la voiture. Je ne suis pas en état de conduire alors c’est lui qui conduit, Julie vient derrière moi alors que je vois Marielle monter avec Jack.
- Je suis là. Me dit Ju’, elle aussi rongée par l’inquiétude.
On se retrouve vite à l’hôpital où l’on attend comme à chaque fois un putain de médecin.
- J’aimerais des nouvelles de ma fille s’il vous plaît. Dis-je
- On viendra vous voir dès qu’on en aura.
- Ca fait 2 plombes qu’on nous dit ça putain !
- Monsieur calmez-vous s’il vous plaît
- Me calmer ? Mais…
- Eh, c’est bon Mick’ on va attendre. Dit mon père
Je regarde Marielle qui pleure, de quel droit elle chiale !
- Tout ça c’est de ta faute ! Si jamais il lui arrive malheur !!!
- Je ne m’en remettrais pas ! J’ai jamais voulu ça moi ! Pleure-t-elle
- Moi non plus ! T’aurais divorcé, on en serait pas là ! T’as peut être tuée notre fille !
- Mickaël ! Dit mon père pour me faire taire.
Ça n’empêche qu’elle prend quand même mon regard en pleine gueule.
- On est une famille, on ne va pas commencer à se jeter la pierre. Jennie à besoin de nous tous là.
- Monsieur et Madame Parker ? Dit une femme
- Oui c’est nous.
On s’approche avec Marielle, tremblant de la même peur.
- Jennie est une petite battante, elle nous a fait une belle peur mais sa température remonte doucement.
- Elle va s’en sortir ?
- Si sa température continue à monter et qu’elle se stabilise, oui.
Donc ce n’est pas gagné.
- On peut la voir ? Demande Marielle
- Oui, elle a été mise dans une chambre. Surtout ne la découvrez pas.
Lorsqu’on arrive dans la chambre, Jennie est dans une sorte de gros cocon et semble dormir. Mais à peine on est proche d’elle que ses yeux s’ouvrent.
- Pa…rdon. Dit-elle
- Non c’est à nous de te demander pardon princesse. Sors pas ta main, reste au chaud. Bafouillé-je encore sous le choc.
Elle tente un sourire mais elle est trop faible. Marielle me regarde et je sens qu’elle a besoin de moi. Bien que j’ai pu avoir la haine contre elle, elle reste la mère de mes enfants et ma famille. Je viens vers elle et elle fond en larmes dans mes bras. On se dit rien, juste on est là l’un pour l’autre. Après tout on combat la même peur.
- Alors comment va ce petit pingouin ? Demande une femme qui vient de rentrer.
- Je tremble. Dit Jennie en claquant des dents.
- Ta température est à tout juste 30°C c’est normal. Tu penses pouvoir boire un peu ?
- Oui je crois.
L’infirmière remonte le haut du lit pour asseoir Jennie qui est toujours dans son cocon. Elle lui donne un chocolat chaud.
- Bois doucement. C’est très bien. Voyons cette petite tête maintenant.
Jennie a quelques points de suture, elle s’est ouverte la tête en tombant.
- Bon bah c’est tout beau ça. Allez, tu restes bien au chaud. Parlez lui, c’est mieux si elle ne s’endort pas, faut que son corps ne parte pas en sommeil.
- Je suis fatiguée papa. Me dit Jennie
- Je sais mais tu ne dois pas t’endormir princesse.
- Je veux…plus.
Je la regarde être si faible, que j’aimerais lui donner le peu de force que j’ai.
- Tu ne veux plus quoi ? Demandé-je
- Que vous…vous disputiez.
Je regarde Marielle qui a une larme qui coule sur sa joue.
- D’accord mon bébé, on se disputera plus. Dit Marielle
- Ouais, promis princesse.
Je crois n’avoir jamais eu aussi peur de toute ma vie et là tout ce dont j’ai besoin c’est les bras de Julie. Pour ne pas foutre la merde, je m’esquive avec elle dans le couloir.
- Eh, elle va s’en sortir. Me lance t’elle.
Avec elle, je n’ai pas besoin de jouer les hommes forts alors je me laisse aller dans ses bras.
- Je ne te le dirais jamais car ce n’est pas assez fort pour tout ce que je ressens pour toi.
Elle me sert plus fort et je reprends des forces.
- Faut que ça s’arrête Mick’, on ne peut pas mêler les enfants à ça.
- Je sais mais je refuse de te perdre et elle ne veut pas divorcer alors qu’est ce que je suis sensé faire ?
- Je vais partir Mick’.
- Non. Non je t’interdis de me quitter ! Jte jure Ju’ si tu pars je…
- Eh, je n’ai pas dis que je te quittais, juste que tant que ce n’est pas réglé ton divorce, on vivra chacun chez soi.
- T’es chez toi !
Je panique, je ne peux plus imaginer ma vie sans elle. Rien que d’y penser j’ai mal au bide.
- Mick’…
- C’est moi qui décide, tu restes et elle dégage ! Rien à foutre que je me foute le tribunal à dos ! Je…
- Calme-toi s’il te plait.
- Comment tu veux que je reste calme quand je sens que je te perds ?
- Je t’aime depuis gosse Mick’, ce n’est pas quelques kilomètres qui vont nous séparer.
- Hors de question.
C’est clair que c’est non. Et elle capte car elle ne dit plus rien. Je l’embrasse et on repart dans la chambre. Marielle est en pleine conversation avec Jennie qui lutte contre le sommeil. L’infirmière revient prendre sa température.
- 32 °C ça monte. Regarde encore un chocolat chaud.
- Merci. Dit la petite qui se délecte du liquide chaud.
- Tu reprends des couleurs, c’est très bien.
- Je peux dormir ?
- Non ma puce, pas temps qu’on n’atteint pas les 37. Courage.
On se fait un roulement pour la divertir suffisamment pour ne pas la laisser s’endormir.
- Je peux vous voir tous les deux ? Nous lance Lisa
On se regarde avec Marielle et on sait que c’est plutôt rare que Lisa nous parle si sèchement. On la suit jusqu’à la machine à café.
- Vous comptez abîmer tous vos gosses ou seulement Jennie ?
Et bim. Forcément avec Lisa, ça ne passe pas ce genre de merde. Et je ne peux pas lui donner tord. Marielle ne lui répond pas.
- Non mais vous vous rendez-compte jusqu’où ça va ? Vous auriez pu la perdre ! Ouvrez vos putains yeux, merde !
Là elle est vénère.
- Bah dis ça à ta pote qui refuse le divorce. On n’en serait pas là.
- Trop facile ça Mick’. Réplique Marielle
- Stop ! J’en ai marre de vous voir malheureux. Alors démerdez-vous comme vous voulez mais arrêtez de nous mêler à vos merdes ! C’est clair ?! On vous aime tous les deux et vous voir comme ça, c’est insoutenable.
- Bah moi je veux juste divorcer hein, mais faut croire que je n’ai même pas le droit de reprendre ma liberté et si tu penses que j’aime quand on m’attache comme un clebs, bah détrompe toi !
- Je ne peux pas. Dit Marielle
- Tu l’aimes, non ? Lui lance Lisa
- Ouais tellement.
- Bah pas tant que ça, vu que tu refuses de le voir heureux.
Marielle regarde Lisa comme si elle venait de se prendre une baffe.
- Pardon ? Tu dirais ça toi si c’était Nico ?
- Même si ça me ferait un mal de chien, si je le sais heureux avec une autre, ouais je divorcerai.
Ah merci !!! Enfin !!!
- Ah donc t’es dans son camp ! Super ton amitié Lisa !
Marielle jette son café et se barre.
- Putain ça en finira jamais. Dis-je désespéré
- Laisse infuser. Elle finira par se faire une raison.
- Tu crois ?
- J’en suis sur.
On retourne près de Jennie qui joue avec Jack’. Elle retrouve son sourire mais le perd quand elle nous regarde.
- Vous vous êtes disputés ? Nous demande-t-elle
Et ouais les gosses ont un 6ème sens.
- Ça va aller mon cœur.
Tu parles !
-Vous allez divorcer vous aussi ?
- Pourquoi nous aussi ?
- Bah Jack et Julie ils ont divorcé et maintenant toi et Julie vous êtes amoureux alors vous allez divorcer avec maman ?
Je regarde Marielle qui a les larmes aux yeux. Mon cœur est sur le point d’exploser.
- Oui ma puce on va divorcer. Dit-elle
Oh putain !!! ENFIN !!!
- Au moins comme ça, vous ne vous disputerez plus. Réplique Jennie.
- Non mon cœur on se disputera plus avec papa.
Quand je retrouve le sourire de ma fille, de ma femme, de mon meilleur pote, de tout ceux que j’aime, je prends conscience à quel point un putain de conflit peut engendrer du tord autour de soi.
Annotations