« A gauche ! Gauche ! »

Je me jette au sol et rampe fébrilement pour me mettre à couvert. Mon cœur tape dans ma poitrine et je souffle comme un bœuf. Ma visière est couverte de buée. La sueur me brûle les yeux. Les frottements de la combinaison m'arrachent la peau de mes coudes et genoux. Je continue de me traîner à terre, terrorisé. 

« Contournez-les ! Ne les laissez pas nous prendre à revers ou on est tous foutus ! »

Les hurlements m'agressent les tympans à travers l'oreillette. Planqué derrière mon rocher, je risque un regard sur le terrain qui s'étend devant moi.

« Saloperies... On va tous y passer, ce sont des monstres. On n'aurait jamais dû mettre les pieds ici putain ! »

La lumière commence déjà à baisser. J'observe minutieusement le relief à travers le réticule de mon arme. Un silence pesant s'abat. Les gémissements se sont tus pour laisser place à un calme oppressant. La peur me tord les tripes. Il me semble voir des ombres bouger dès que je tourne la tête. 

Soudain, je croise son regard. Deux larges fentes opaques barrent une face inhumaine toute en méplats. Mon doigt se crispe sur la gâchette. Trop tard. La douleur fulgurante me coupe le souffle. Je me plie en deux dans un grand cri, les yeux embrumés. Je le vois trotter, son canon toujours levé. Un impact sourd dans mon casque et je sais que c'est fini pour moi. 

J'enlève mon masque et aspire une grande goulée d'air frais. 

« Dommage mec ! Il ne restait que vous deux ! »

Mon équipe me rejoint avec des poches pleines de billes. Pendant que je recharge fébrilement, mon bourreau me raille : 

« On s'en fait une autre les nazes ? »