Règle #4

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Règle #4 : Il était une fois ____. Tous les jours, ____. Un jour, ____. À cause de cela ____. À cause de cela ____. Jusqu’à ce que, finalement, ____.

Ce modèle structurel s’appelle « story spine » et pourrait se rapprocher du pitch de votre histoire. Il est issu du théâtre d’improvisation et permet de garder en tête certains éléments fondamentaux du storytelling : une histoire naît d’un contexte et d’un personnage qui est amené à évoluer à travers un conflit dont l’issue sera révélée lors du dénouement. C’est une structure très basique qu’on retrouve chez tous les théoriciens du scénario et les dramaturges (de manière plus ou moins complexe – l’idée étant qu’une histoire vit autour du mouvement d’un état initial à un état final, différents l’un de l’autre). Cependant, cette structure n’est pas utilisable telle quelle, du moins pas en se contentant de l’appliquer à la lettre en remplissant les blancs. Si vous faites ça, au lieu d’une histoire intéressante, vous accoucherez d’un récit linéaire et fade. Il faut donc garder l’idée sous-jacente à l’esprit, mais ne pas hésiter à se frotter à des structures plus complexes.

Voici la reformulation du story spine par Bugaj :

1. Un contexte qui définit un ensemble de personnages et leur univers.

2. Une période d’exposition dans un monde dénué de conflit, qui établit les règles de bases de la vie de ces personnages.

3. Un élément déclencheur qui vient perturber cet équilibre et qui permet d’introduire les questions relatives au propos de l’histoire, sous la forme d’une décision que le (ou les) protagoniste doit prendre.

4. Une série de péripéties, chacune dépendante des décisions que le protagoniste prend. Ces péripéties amènent peu à peu le récit vers le climax final.

5. Le climax final, suivi de la résolution de l’histoire.

Ou, plus simplement :

1. Introduire le protagoniste et son univers.

2. Présenter au protagoniste un élément critique qui le met à l’épreuve et qui remet en cause l’équilibre de son univers.

3. Tracer le chemin qui mènera le protagoniste à la confrontation finale. Mettre sur sa route des obstacles de plus en plus difficiles à franchir, et se demander comment le protagoniste pourra gérer chacun de ces obstacles jusqu’au climax.

On voit que Bugaj met l’accent sur le rôle prépondérant du ou des personnages pour l’intrigue (ce que le story spine d’origine ne fait pas). Il ajoute :

Les bonnes histoires se construisent sur une dynamique. Les personnages font face à des défis, et sont profondément changés par ces derniers. Que ce soit en mieux ou en pire. Il y a un conflit qui s’intensifie et se relâche, les personnages traversent des hauts et des bas, des victoires et des défaites. Des changements soudains (mais motivés) modifient graduellement leurs parcours et la nature des obstacles qui se mettent en travers de leur chemin. Chaque événement peut trouver sa résolution à des intervalles variables. Ces derniers ne s’inscrivent pas nécessairement dans une séquence linéaire.

La notion de graduation dans la difficulté est très présente dans le discours du scénariste de Pixar. C’est, selon lui, un point essentiel d’une bonne histoire. Et il conclut en déconseillant d’utiliser le story spine tel qu’énoncé dans la règle, car, rappelle-t-il, c’est une structure élaborée pour le théâtre d’improvisation, discipline qui a besoin d’histoires simples et relativement linéaires. Ce qui n’est pas le cas du cinéma ou du roman. Il recommande donc d’approfondir le concept en se basant sur des adaptations plus fouillées, comme peuvent en proposer les principaux dramaturges et théoriciens du scénario.

Voici, en prime, mes propres recommandations de lecture pour ceux qui s’intéressent à la dramaturgie et à la construction du scénario :

– Comment identifier et résoudre les problèmes d’un scénario – Syd Field

– Story – Robert McKee

– Les règles élémentaires pour l’écriture d’un scénario – Blake Snyder

– Le guide du scénariste – Christopher Vogler

– Anatomie du scénario – John Truby

– La dramaturgie – Yves Lavandier

– Le voyage du héros – Joseph Campbell

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