Règle #9
Règle #9 : si vous êtes coincés, faites une liste de ce qui NE POURRAIT PAS se passer ensuite. C’est souvent de cette manière qu’apparaît la solution qui permet de vous débloquer.
L’idée ici, c’est de mettre en lumière un ensemble d’options possibles et cohérentes, puis de voir ce que chaque chemin peut apporter à l’intrigue. Le but n’est pas de lister l’ensemble des cas « impossibles », sinon on y perdrait notre temps. La question est plutôt : qu’est-ce que vos personnages ne souhaitent pas faire, ou ne feront pas, pour sortir d’une situation ou pour atteindre leurs objectifs ?
L’intérêt de ce genre de questionnement c’est de sortir d’un blocage qui est parfois lié à une perception limitée d’une situation. Souvent, on ne fait attention qu’aux solutions évidentes, qui ne sont pas satisfaisantes car trop prévisibles. Aller chercher les « choix contraires » oblige à s’intéresser à des directions alternatives et surprenantes.
C’est ce que les Américains appellent « think out of the box » : regarder au-delà des boîtes qu’on a dessinées pour contenir nos personnages et nos événements. Ce qui permet de se surprendre soi-même, rompre la routine d’une écriture dans laquelle on s’enlise et redonner un coup de fouet à son intrigue.
Envisager des actions ou des événements qui seraient en totale contradiction avec vos personnages, est finalement la dernière chose que vous souhaitez faire. Il est en effet beaucoup plus intéressant de mettre à l’épreuve toutes les convictions que vous avez fait assimiler à vos personnages, afin d’obliger ces derniers à prendre des décisions inconfortables à leur égard (cf. règle n°8). Autrement dit, il s’agit de mettre en place un conflit original, qui naît à travers les motivations des personnages ; et non pas un « faux conflit » qui mettrait finalement la charrue avant les bœufs.
Et ce principe est aussi valable pour les antagonistes, qu’il permet de rendre plus consistants.
Chaque personnage impliqué dans votre histoire a forcément une façon évidente et clichée de réagir à une situation. Il s’agit donc d’identifier dans un premier temps cette façon trop évidente, et ensuite seulement, de vous mettre au défi de penser autrement. Vous devez ainsi explorer tout le champ des « possibles », à travers les voies qui pourraient justement paraître « impossibles ». Tout cela, en vous basant sur la connaissance que vous avez de vos personnages et sur les situations auxquelles ils se trouvent confrontés.
Bugaj prend l’exemple d’un assassin face à sa victime. Quelle est la dernière chose qu’il ferait ? La réponse la plus évidente est « laisser sa proie en vie ». Mais si cette victime est votre héros, le faire mourir sous les coups d’un tueur n’est sans doute pas une option viable… On sait donc au moins une chose « qui ne va pas arriver » : le héros ne va pas mourir. Si on fouille un peu, on peut trouver d’autres choses qui n’arriveront pas :
- L'assassin ne tombera pas amoureux du héros (car il est hétéro) – eh mais au fait, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui peut les attirer l’un vers l’autre ?
- Il ne lui racontera pas sa vie le temps que le héros lui mette un coup dans les parties (car on n’est pas dans un James Bond) – mais pourquoi il ne lui sortirait pas une injure dans la langue de sa guilde, à laquelle le héros répondrait dans le même jargon ? Les deux personnages se trouveraient alors un lien inattendu ?
- Etc. Autant d’idées intéressantes tirées de choix a priori « non souhaitables ».
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