Règle #21
Règle #21 : vous devez vous identifier à la situation, à vos personnages. Être cool ne suffit pas. Qu’est-ce qui VOUS pousserait à agir ainsi ?
Il s’agit d’une formulation un peu différente de la règle #15, avec quelques subtilités spécifiques. Ce que « être cool ne suffit pas » signifie, c’est qu’on ne doit pas se contenter de créer des personnages sympathiques pour que le lecteur adhère à leur personnalité. Les archétypes du bon samaritain ne forment pas des personnages de caractère, mais plutôt des silhouettes vides.
Les personnages cools ne sont pas honnêtes sur le plan émotionnel, car ils sont des stéréotypes au lieu d’être de véritables personnes répondant à des archétypes. Les mauvais films d’action connaissent tous ce genre de problèmes. On y trouve en effet un héros « ultra-capable », dont le seul défaut est le regret de n’avoir pas pu sauver tous les gentils la dernière fois qu’il est parti en mission. Le stéréotype typique aux comédies romantiques de la femme glaciale et ultra-professionnelle qui a simplement besoin de rencontrer la bonne personne pour qu’elle redevienne humaine, est tout aussi « cool » et creux.
On a tendance à créer trois types de personnages auxquels on peut s’identifier facilement : nos avatars (personnages qui nous ressemblent et réagiront globalement comme on le ferait), nos avatars fantasmés (des « surnous », des « nous » en mieux ;-)) et nos vilains petits canards (des « nous » qui nous font honte, présentent des facettes de nous-même que nous n’aimons pas ou des mises en garde contre ce que nous détesterions devenir – pour reprendre les termes de Bugaj). Il est assez facile pour l’auteur de s’identifier à ces archétypes dérivés de lui, mais Bugaj lève une alerte sur ce genre de facilité qui, selon lui, peut mener à une impasse. Il recommande de sortir de cette zone de confort et de se forcer à aller explorer d’autres personnalités. Or, le problème quand on se met à construire des personnages éloignés de notre vision du monde, c’est qu’il n’est pas toujours aisé de se mettre à leur place, d’imaginer leurs réactions de manière crédible. D’où le questionnement en retour : si vous étiez dans la situation de ce personnage, comment réagiriez-vous ? Une réponse qui va donner une première piste, peut-être justement celle à éviter ;-)
Les situations dans lesquelles nous plongeons nos personnages doivent répondre à un besoin de leur arc transformationnel. Le passage par le dégoût de soi d’un héros narcissique peut paraître incohérent s’il n’est pas placé au bon moment du récit. Il peut devenir très poignant s’il intervient au moment du basculement vers l’humilité, qui marquera la transformation du héros (exemple donné par Bugaj).
[…] l’idée qu’un policier fasse de la danse classique peut sembler mal appropriée, mais c’est peut-être ce dont le personnage a besoin à ce stade de son arc transformationnel. Des situations tout bonnement incongrues ne sont donc pas forcément mauvaises.
[…] Rappelons que le but d’un drame est de faire passer le protagoniste par toutes sortes d’épreuves afin de le faire évoluer (s’il n’en meurt pas, dans le cas de la tragédie). Cela implique que l’honnêteté émotionnelle de chaque situation dépend avant tout du personnage.
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