[Le scénario] Introduction
Je lance ici une série de billets « techniques » liés à la conception du récit et, en particulier, aux techniques d'écriture de scénario. Je m'adresse ici à ceux et celles qui ne se lancent pas dans l'écriture bille en tête sans avoir préparé un minimum de structure pour leur histoire. Bien qu'issues du travail sur l'écriture cinématographique, les techniques dont je vais parler sont applicables au récit littéraire de fiction (et c'est d'ailleurs à cette application que je les destine). On constate d'ailleurs des approches croisées entre les deux disciplines.
L'objectif de ces billets n'est pas de fournir des recettes clef en main à la sauce marketing américain (du genre « 10 techniques pour réussir votre roman » ou « écrire un best-seller en 20 leçons » ou encore « les secrets des grands romanciers pour les nuls » ;-)). Si je connaissais ces secrets, je serais bien idiot de ne pas les utiliser moi-même (et au lieu de ramer pour finir mon premier roman, je serais sans doute invité sur des plateaux télé pour parler de l'adaptation ciné de mon dernier best-seller :-P). L'idée c'est de fournir des pistes de réflexion et d'essayer d'améliorer la compréhension des structures narratives afin de mettre en place des méthodologies simples à appliquer pour éviter les écueils qui nous menacent tous lorsque nous prenons la plume (pièges dans lesquels je me suis parfois engouffré).
Les thèmes que je prévois d'aborder dans un premier temps sont :
- la construction du récit
- les personnages
J'étofferai cette liste selon mes disponibilités et les retours de lectures.
Je tiens à préciser, suite à de nombreux échanges en commentaires, que chaque auteur possède ses propres méthodologies pour écrire, qu'elles soient précises ou pas, organisées ou complètement à l'arrache (au point que certains écrivent au fil de l'eau en se laissant porter par un vague plan qu'ils gardent en tête). Certains refusent d'appliquer des "méthodes" pour écrire. Il n'y a pas de règle à suivre, et ces billets sont là autant pour me servir à moi d'aide-mémoire sur la façon dont je souhaite m'y prendre lors de mon prochain travail d'écriture que pour échanger avec d'autres auteurs sur la genèse de leurs projets narratifs.
Comme je le disais lors d'échanges avec expos-ito, les études méthodologiques sur l'écriture du scénario peuvent amener à la production d'œuvres bon marché, stéréotypées et commerciales... ou pas. Chacun en fait ce qu'il veut. La connaissance des méthodes n'oblige pas un auteur à les employer, ni à produire un substrat digeste et sans profondeur. Ce sont, au final, la plume, le style et les choix de l'auteur qui produiront un roman de qualité, original et unique.
Et pour appuyer cette dernière remarque, je citerai Yves Lavandier, auteur de "la dramaturgie" aux éditions "le clown et l'enfant", référence en la matière :
« L’idée que des règles existent en dramaturgie a longtemps choqué ou dérangé certains professionnels, surtout en France. Peut-être oublie-t-on qu’une règle peut être connue de façon inconsciente. Peut-être pense-t-on que règle équivaut à recette ou règlement. C’est un peu plus complexe. Le mot règle englobe une infinité de notions et des degrés très variés de contrainte. Dans Aspects de la théorie syntaxique, le linguiste Noam Chomsky distingue les règles de compétence, qui sont à l’origine de la grammaire, des règles de performance, qui sont à l’origine du style. Les mécanismes du langage dramaturgique s’apparentent à des règles de compétence. À chacun, ensuite, en « performant », d’y imprimer son style. »
« [...] le refus des règles du récit a été remplacé par une autre forme de résistance : aujourd'hui, on se plaint de l'uniformisation des oeuvres. Sous-entendu : les règles existent - admettons - mais elles sont néfastes car elles conduisent immanquablement à une dangereuse standardisation. Force est de reconnaître qu'une certaine uniformisation se fait sentir, surtout en provenance d'Hollywood, mais elle n'est pas liée à l'attention accrue portée au scénario depuis vingt-cinq ans. Si uniformisation il y a, elle est plutôt due au manque d'audace de certains décideurs et au manque d'inventivité et de personnalité de certains auteurs. »
Annotations
Versions