Tout et unique
Je me plongeais dans une petite pièce où Delhia me guida. Elle resta sur le pas de la porte, me pris dans ses bras, quitta la pièce et ferma à clé derrière mois. Elle m'avait transmit sa confiance dans son regard. Une foi si forte, je ne voulais pas la décevoir.
La pièce était plongée dans l'obscurité et aucun bruit ne venait parasiter ce silence absolu. N'ayant aucune idée de ce que je devais faire, je m'assis par terre et je plongeais dans une profonde méditation. Seul le bruit de mon soufle et les battements de mon coeur me parvinrent. Aucune ondulation colorée en vue. Je me recentrais ensuite sur mon corps et mes sensations pour enfin revenir sur ma respiration naturelle. Je répêtais ce cycle jusqu'à ce que je percoive une présence. Comme si quelqu'un était connecté à moi et me voyais de la même façon. Je suivis ce lien intengible pour remonter à sa source. Mais une barrière m'empêchais de trop m'approcher. Alors je questionnais cette source mentalement.
- Je m'appelle Ivy. Je vous connais ?
- Je te connais depuis toujours mais tu ne me connais pas. Cette voix ne m'était pas familière et sa couleur était très androgyne. Le plus étrange fut que c'était un language que je n'avais jamais entendu et pourtant je comprenais chaque mot avec clarté.
- Etes-vous la Pythie ? la questionnais-je dans la même langue.
- C'est un terme utilisé pour me décrire.
- Que va t'il se passer maintenant ?
- Ce n'est pas la bonne question.
- Que doit-il se passer ?
- Cela dépend de toi et de tes choix.
Avant que je ne puisse lui poser plus de question je me sentis projeter dans un autre lieu, comme si j'y étais téléporté. La lumière fût puissante et rougeoyante.
Puis je me retrouvais dans un village étrange. Les maisons étaient toutes rondes et faites de la même argile rouge sang qui recouvrait le sol. Des habitants circulaient dans un silence tout aussi dérangeant. Personne ne semblait me remarquer, je pris le temps d'observer plus en détail ce lieu et ses occupants. Les habitants étaient tous habillés en blanc d'un tissu qui ressemblait à du coton mais qui ne semblait pas se tacher de cette terre rouge. Tous avaient la tête couverte d'une capuche ou d'un voile, je ne pouvais donc pas voir leur visage. Je m'avancais davantage et je vis les habitants éviter une zone de la rue face à moi. Des hommes ou des femmes étaient habillés en bleu égyptien et portaient des sortes de lances dans leurs mains ou dans leur dos. Des soldats ou des milices visiblement.
Je décidais de les éviter moi aussi et tournais derrière une maison sur ma droite, guidée par mon instinct. En continuant mon exploration je finis pas m'éloigner du village et déboucher sur un lac bleu turquoise. Le contraste des couleurs était saisissant. Je distinguais des silhouettes au bord de l'eau. Je pressait le pas car je sentais une puissante détresse m'attirer dans sa direction.
Une femme était à genoux et semblait pleurer. Dans ses bras une petite créature inerte, son enfant. Le petit ressemblait à une créature aquatique, ce qui était étrange dans cet environnement quasi désertique. La douleur dans le regard de sa mère me transperça et je tombais à genoux devant elle. Elle leva la tête et pris conscience de ma présence soudainement. Elle eu un mouvement de recul jusqu'à ce qu'elle me vit pleurer avec elle.
- Est-il mort ? Lui demandais-je dans une nouvelle langue pleine de voyelles.
- C'est bientôt la fin pour lui, comme pour ces frères et soeurs avant lui. Je n'osais pas lui demander combien d'enfants cette pauvre femme avait perdu.
- Quel est l'origine de son mal ?
- Le fléau de l'été sans fin.
- Vous n'avez pas d'autres saisons ?
- Avant, nous avions six saisons par lune. Ses yeux se firent rêveurs à la pensée de ses souvenirs. Nous avions une planète qui abritait tant d'êtres vivants. Tant de beauté et de paix.
- Que s'est-il passé ?
- D'abord il y a eu la guerre. Les Téroa et les Moyaya voulaient les plus belles régions et les plus grandes richesses. La guerre a durée, il y a eu tant de morts. Mais personne ne gagnait. Alors un homme détruisit l'île de Yamayo, un trésor, pour empecher d'autres peuples de l'avoir. Puis ce fut la surenchère. Les chefs se battaient mais les peuples de Téroa et les Moyaya voyaient leur terre disparaitre et leurs enfants avec. Alors nous avons tué tous ces chefs assoifés. Mais la planète était trop malade et elle a continué de mourrir.
- Pourquoi votre enfant meurt ?
- Parce que nous sommes des peuples de l'eau, les Tyami. Nous n'avons jamais été nombreux. Mais même ses lacs sont empoisonnés et nous mourrons à petit feu. Mon Himaya, dit-elle en fixant son enfant, il est né après le début du fléau. Il n'a fait que survivre depuis sa naissance.
- Il n'y a rien à faire ? Rien qui puisse redonner vie à cette planète ?
- Il y a des récits qui parlent d'une prophétie mais nous avons perdu tout espoir.
Encore une prophétie songeais-je. Je ne pouvais pas imaginé avoir atterri ici sans raison.
Soudain la femme poussa un cri de suprise. Je suivis son regard vers le sol devant moi. Des petites fleurs semblaient sortir de terre en accéléré. Là où j'avais pleuré.
- Vous êtes venu pour nous sauver ? Êtes-vous l'Yviaé ?
- Je m'appelle Ivy. Mais je ne connais pas encore mon rôle ici. Quelle est le nom de cette planète ?
- Vous ne savez vraiment pas où vous êtes ? Alors ce ne doit pas être vous mais pourtant ce que vous venez de faire. Seuls les anciens pouvait le faire. Et vous êtes si jeune.
Je ne savais pas quoi lui répondre ou faire. On pourtant j'aurais tout donné pour sauver son enfant et cette planète.
Je fermais les yeux et je pris deux grandes respirations. Je tentais de visualiser un paysage apaisant pour faire le vide en moi. Puis je tentais d'imaginer ce que cette endroit aurait pu être.
Une forêt vierge, des arbres géants centenaires, une végétation verdoyante, des fleurs colorées, des oiseaux étranges aux chants hypnotiques. Une rivière se jettant dans un lac brillant comme un diamant. Que ce lieu devait être merveilleux.
Je repris une respiration et j'ouvris les yeux. Pendant quelques secondes mon cerveau cru que mes yeux étaient encore fermés. Le décor que j'avais imaginé se tenait devant nous et autour de nous.
La femme me regardait bouche-bée complètement statufiée.
Alors je l'invitait à se dépêcher de sauver son fils.
Elle est secoua la tête puis pris conscience comme moi que ce n'était pas un rêve. Aussi improbable que ça ne puisse paraître, j'avais donné la vie en quelques minutes, simplement en visualisant ce paysage idyllique.
Alors elle embrassa son fils et lui murmura quelque chose à son oreille. Elle l'avait toujours dans ses bras et elle s'approcha du rivage. Le lac brillait comme un diamant liquide. Le vent doux soufflait sur l'eau créant de petites vagues. Elle trempa d'abord ses orteils. Et ce fût comme si elle réalisait vraiment que tout cela était vrai, au contact de l'eau.
Lentement, elle entra habillée dans l'eau et progressivement elle mouilla son fils. D'abord, en l'arrosant délicatement avec de l'eau puisée au creux de sa main. Puis elle plongea ses petits pieds palmés.
Elle ne maintenait désormais que son visage hors de l'eau. Il ne se passa rien pendant quelques secondes interminables. J'ai eu peur qu'il était trop tard et mon cœur se serra jusqu'à ce qu'il ouvrit les yeux et souria à sa mère. Ce poids sur mon coeur se souleva et la suite fût encore plus belle. Il réalisa qu'il était dans l'eau, éclata d'un rire merveilleux et se laissa glisser dans l'eau. Sa mère l'avait lâché. Mais il avait plongé sous l'eau et ne ressortait pas.
Je couru vers eux pour l'aider à trouver le petit mais il remonta à la surface en riant et en replongeant.
Cela dura un petit moment et ni sa mère ni moi nous lassâmes de ce moment.
Puis elle repris son enfant dans ses bras et l'embrassa la joue et me prit par la main pour me guider vers le village.
Sur le chemin elle se présenta à moi.
- Je m'appelle Anya. Je voudrais être ton guide et ton amie si tu le veux bien. Je n'oublierai jamais ce que tu as fais pour nous.
Je hochais la tête et je la suivis.
Arrivées à l'entrée du village, les villageois qui travaillaient, discutaient, négociaient, se turent et tournaient la tête vers nous. Ils regardaient Anya et Himaya trempés puis vers moi. Je devais faire tache avec ma tenue et ma chevelure de feu. Je feignais l'indifférence et le calme. Mais au fond de moi j'ignorais quelle réaction, bonne ou mauvaise pouvait avoir les habitants.
Ma guide s'arrêta au milieu de la foule qui s'était formée autour de nous, puis elle prit la parole.
- Je vous présente Ivy. Elle est arrivée. La Pythiala avait raison. Elle est venu nous sauver. Elle a sauvé mon Himaya.
En réponse il y eu un silence.
- Allez voir le lac si vous ne me croyez pas !
- Quel lac ? Demanda un vieil homme dans le public face à nous. Il n'y a plus de lac. Il ne reste qu'un misérable cratère sans vie.
- Ivy a fait renaître la vie. Vous rappelez-vous de la forêt du Kaal, de la rivière du Soudani ? Tout cela est apparu à nouveau.
- Mensonge ! Tu as volé de l'eau pour sauver ton fils et tu perds la tête fille de Belnia. Cria une femme.
- Et si je disais vrai ? Tu préfèrerais continuer à perdre ton temps à m'accuser ? Tu passes ton temps à médire Gadya mais tu ne sais pas agir et réfléchir quand c'est nécessaire !
Je sentais le vent tourner alors je me mis à nouveau à genoux au sol, les mains dans la terre sanguine. Je fermais les yeux et répétait ce que j'avais fait au bord du lac en priant que ça fonctionne à nouveau.
Quand j'ouvris les yeux, la nature avait poussé, un cour d'eau traversait le village, des arbres ressemblant à des palmiers géants offraient de l'ombre aux habitations. Une herbe bleu et jaune caressait mes jambes. Le village avait une toute autre allure.
Les gens était ébahis puis il y eu des cris, des éclats de rire et des larmes de joie.
Les gens se prenaient dans les bras.
Des ombres transparentes apparurent devant mes yeux, mes oreilles siflèrent puis ce fut le trou noir.
Annotations
Versions