Anciens Temps : la malédiction
"La Mort, dans son infinie bonté, me laissa alors le choix: je pouvais revenir et me venger de ceux qui avaient accompli cet odieux méfait ou rejoindre le royaume des morts.
Mon esprit de vengeance prit le dessus sur le reste. Un tel crime ne pouvait pas rester impuni. S'ils l'avaient fait pour elle et sans aucune sanction, ils pourraient recommencer sans problème. Combien d'innocentes pourraient être ainsi sacrifiées et immolées pour des crimes imaginaires ?
Je ne pouvais pas laisser cela se produire.
Je suis donc revenu mais entretemps, plusieurs mois étaient passés. Celui qui était le leader de la rébellion avait pris possession de ce qu'il restait du château. Il était en train de tout reconstruire mais avec quel argent ?
Je me suis renseigné et ce que j'ai appris m'a glacé le sang.
Cet homme, en échange d'une grande fortune, avait passé un pacte avec le diable. Celui-ci lui avait demandé de condamner la jeune femme qui contrait à chaque fois tous ses plans grâce à sa bonté et sa générosité.
J'appris ainsi que tous les villageois étaient tous dans le coup. Un soir, le futur châtelain les avait réuni sur la plage, exposant son plan et leur promettant de les combler de richesse par la suite. Tous avaient accepté de sacrifier une pauvre jeune femme pour de l'argent.
Le choix se porta sur le jour de son anniversaire, à la fin du mois d'août, pendant lequel le châtelain ouvrait les portes de son château à tous les villageois. La suite fut alors très simple.
Je me rendis alors rencontrer cet homme qui avait détruit ma vie. Étrangement, il me reconnut à l'instant même où il ouvrit sa porte et son visage resta glacé d'effroi devant celui qu'il croyait ne jamais revoir. Je lui demandais alors faire pénitence de son acte horrible. Bien entendu, il me ria au nez, disant qu'elle n'était qu'une sorcière qu'il fallait brûler pour éviter qu'elle ne jette de mauvais sorts. Devant tant de mauvaise foi, je devins furieux mais me retins juste à temps pour ne pas me jeter à sa gorge. Mais lorsqu'il me claqua honteusement la porte au nez, ma décision fut prise.
Je descendis sur la plage, où j'aimais tant me promener avec ma douce et tendre et me tournais vers la lune, mon alliée et complice.
" De par mon malheur, de par la mort innocente d'une jeune femme, je demande vengeance. Que ce village, ses habitants et leur descendance, soit maudit à jamais, enlevant à chaque cent ans trente enfants pour en faire mes compagnons d'infortune. Que je puisse voguer à travers les siècles, n'oubliant jamais pourquoi je suis encore là sur cette terre, à répandre la bonne parole, à corriger les injustices, à rendre le monde meilleur.
La malédiction sera levée le jour où un des villageois se souviendra de mon nom et du sien , et ainsi demandera pardon en son âme et conscience pour le mal causé.
Je ne demande que cela.
Mon bateau m'attend, majestueux. Que d'aventures vais-je pouvoir vivre à son bord !
Attends-moi ma douce, je reviendrai bientôt vers toi et nous pourrons vivre la vie que nous aurions du avoir.
Qu'il en soit ainsi !"
Il erra ainsi pendant des siècles et des siècles, répandant la légende du bateau fantôme, abordant toujours de nuit, pour punir les hommes cruels et les emporter au loin, pour qu'ils payent leurs crimes.
Lors du passage de ce bateau, certains personnes parlèrent d'une magnifique berceuse jouée certainement par une boite à musique qui venait illuminer leur rêve d'une douce quiétude et douceur.
Et ainsi, chaque siècle, il revenait prendre trente enfants, espérant malgré tout entendre son nom et celui de sa bien-aimée raisonner et ainsi les libérer tous de cette malédiction. Mais jamais cela ne se produisit.
Pourtant un évènement lui rendit un certain espoir. Une personne avait accepté de l'aider. Une personne hantée par un drame terrible dont elle n'arrivait pas à se pardonner.
Lui seul connaissait la vérité, il était là lorsque le drame eut lieu, il en était même en partie responsable.
Malheureusement, il ne pouvait pas le lui dire, elle devait faire ce travail seule, par elle-même. Se pardonner elle-même.
Il avait espoir qu'elle soit l'élue, celle qui les libérerait tous.
Il devait y croire, ils devaient tous y croire car sinon ils étaient perdus.
La malédiction se retournait contre celui qui l'avait lancé.
Il était grand temps que tout cela cesse enfin.
Annotations
Versions