J’écoute la pluie

Et la pluie ne me dit rien

La pluie tapote avec impatience

Sur l’innocence

J’écoute les nuages

Et les nuages ne m’expliquent rien

Les nuages bedonnent avec indifférence

Pleins de leur importance

J’écoute le vent

Et le vent ne s’arrête pas

Le vent souffle des mots d’errance

Vides de sens

J’écoute l’herbe drue

Et l’herbe ne se raconte pas

L’herbe parmi les herbes danse

Et des émois se balance

J’écoute les arbres

Et les arbres parlent un langage

Les arbres ont appris la patience

Qui vers le ciel les élance

J’écoute la pierre

Et la pierre accuse son grand âge

La pierre se tait en longs silences

De reproches ou d’absence

J’écoute la rose

Et la rose se fane sous le jour

La rose ne m’envoie que sa fragrance

D’hiers parés d’élégance

J’écoute l’oiseau

Et l’oiseau se chante sans détour

L’oiseau pépie ses trilles sur une branche

Des printemps rances

J’écoute mon frère

Et mon frère toujours se lamente

Mon frère ne voit que la porte des carences

Loin de ses exigences

J’écoute ma conscience

Et ma conscience ne radote qu’à travers moi

Ma conscience n’a pas de fulgurance

À trois heures pétantes