Pour un épouvantail ?

3 minutes de lecture

J’ai pris 2 bouteilles.

Et puis quand je suis revenu, mes collègues étaient saouls. Ils avaient fini le champagne. Certains chantaient des chansons françaises et d'autres dansaient la Gavotte, du Rock'n Roll, ou des danses Tik Tok, la rédactrice swinguait la Gavotte.

Et puis ils m'ont vus on m’a demandé comment ça se faisait que j’avais été aussi long.

Je n'ai pas eu le temps de répondre car la lumière s’est éteinte.

Sophie est apparue au milieu de la pièce, quand les lampes se sont rallumées.

Elle tenait au bout des bras une superbe veste de costume

Bleu ciel en plus, ma couleur préférée.

Elle était ravie de me l’offrir la secrétaire de direction, à voir ses yeux et son sourire.

Tous les collègues s’étaient cotisés. Enfin presque tous. Enfin bref, quelques uns.

C’était une veste de chez Capel. Spéciale grande taille. Une belle coupe. Sophie avait dû prendre en douce les dimensions de ma veste. Car cette veste elle m’allait comme un gant. Mieux qu’un gant. Comme une veste.

J'ai fait la bise à Sophie, aux filles du boulot et remercié les collègues. La soirée était finie et j'avais loupé le dernier bus pour rentrer chez moi en banlieue à côté de Sartouviile. Il fallait que j'attende le bus noctilien de 2h20 du matin pour rentrer chez moi.

Mais au sujet de cette veste, est-ce qu’elle y avait pensé ? Est-ce que mes collègues s'étaient posés la question ? La veste indispensable au travail , qui était citée dans le contrat de travail. Mais qu’est-ce que j'allais bien pouvoir faire d’une veste de costume bleu ciel dans ma nouvelle habitation de Province ?

La veste c'était une obligation pour le travail. Je n'en ai plus besoin.

Ou bien pour aller à la messe le dimanche ?

Mais je suis Bouddhiste depuis le passage à l’an 2000.

Vu la situation économique, la misère dans le monde, les exclus, ceux qui meurent de froid de faim dans la rue, les guerres, l’état de la planète, j’ai arrêté de croire. Je ne suis plus chrétien.

Après les témoins de Jehovah, qui ne m'ont pas convaincus, le lendemain ce sont les Boudhistes qui, un soir, ont frappé à ma porte. Dieu soit loué

Je suis devenu Bouddhiste.

Mais dans ma petite maison de Province, une veste bleu ciel ?

J’ai cotisé toute ma vie, coincé dans mon petit studio de banlieue.

A la sueur de mon front et de nombreuses privations, j’ai obtenu d’abord ma petite maison de Province et puis la retraite. A quelques jours d’écarts.

J’ai quitté mon travail et mon logement pour venir vivre ma retraite ici, dans ma nouvelle habitation. Mais...

Ah si j’avais un jardin… J'aurais pu faire un épouvantail avec la veste, car il y en a des oiseaux. Et ils piaillent par ici. Quel raffût dés le matin, et toute la journée jusqu'au soir tard.

Ah si j'avais un jardin, j'aurais pu aussi cultiver mon jardin.

Mais je n’ai pas de jardin. Je suis entre deux maisons, la rue devant et la rivière derrière.

Ce week-end, ça s’est bien passé…

Mais là, lundi, mardi, dans ma petite maison de Province, sans jardin et sans la télé...

Ici ça ne capte pas pour la télé. On est trop loin.

Et il n’y a pas de possibilité de ligne non plus pour la box.

Mais qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?

« Bouddha ! Bouddha !»

Mais qu’a-t-il fait pour moi Bouddha ?

Non Bouddha, franchement ce n’est pas la joie.

Changer encore ? Aller à la mosquée ?

C’est bien de croire en quelque chose.

Croire, c’est avoir de l’espoir. Et pourquoi pas ?

Croire c'est bien. Mais je ne peux pas retirer mes chaussures en public.

Mes pieds ont trop l’arôme de renfermé.

Ce serait un manque de respect, un affront même dans le lieu de culte..

Non, je ne peux pas. Je ne peux pas retirer mes chaussures en public.

Ce n’est pas possible.

Mais que me reste-t-il ?

A part le fait de juste pouvoir respirer ?

Respirer… Ah... Tiens, tiens...

Ça me fait penser à ce fameux documentaire vu il y a trente ans sur la méditation.

Ça avait l'air bien.

La méditation, là, il s’agit de respirer. Juste respirer et observer, ils disaient.

Peut-être que ça va me faire revivre...

Allez, j’essaye. Je ferme les yeux. Et je compte jusqu’à 3, après on verra…

« Un... »

« Les oiseaux font quand même un sacré raffut ici... »

« Ça ne va pas être facile. »

Allez, j’essaye.

« Un... Deux... »

« Oh ben M... il y a un coq maintenant au coin de la rue ! »

« Et les cerfs qui brament dans les bois derrière. Les renards qui glapissent depuis qu'il y a le coq. »

« Ça ne va vraiment pas être facile. »

Allez, j’essaye vraiment.

Et je reprends : « Un... deux... trois... »

J'y suis là.

Enfin je revis.

Marco O’ Chapeau le 26 février 2023

débuté en septembre 2022

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 19 versions.

Vous aimez lire Marco O' Chapeau ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0