Alerte

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Arun n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il était bien trop agité pour pouvoir dormir sereinement, mais aussi pour pouvoir réfléchir de manière sensée. Tout était confus dans sa tête, il ne savait plus quoi penser. Il avait bien sûr entendu ce qu'il s'était passé la veille au temple. Le nom de sa sœur était sur toutes les lèvres, et on le regardait avec un mélange d'effroi et de pitié.

"Azmin, une imura ? Un démon en devenir ? Comment est-ce possible ? Pourtant, tout le monde l'a vue..."

Sa nuit tourmentée avait été troublée par une aura inquiétante, qu'il avait perçue quelques minutes de l'autre côté de la porte, comme si quelque chose de malfaisant rôdait autour de la maison. Heureusement, la chose était partie rapidement, et son sentiment de malaise s'était dissipé.

"Serait-ce possible qu'Azmin soit venue ?"

Cela paraissait tellement irréaliste ; sa sœur était sous bonne garde dans la prison du temple, impossible de s'enfuir du souterrain sans passer devant le prêtre.

Un cri à l'extérieur le fit sortir de ses pensées.

— Alerte ! L'imura s'est évadée ! Réunion urgente sur la place des Saisons !

Arun quitta le canapé où il avait passé la nuit avec un mélange d'angoisse et de soulagement. Même si Azmin s'avérait être un démon, elle demeurait sa sœur chérie et la pensée qu'elle puisse être exécutée pour des crimes qu'elle n'avait pas encore commis lui était intolérable. Si elle s'était enfuie, alors il restait de l'espoir qu'elle survive, à condition qu'elle ne se fasse pas rattraper.

"Cours, Azmin, cours !"

Il ouvrit la porte de la maison qu'il habitait depuis sa naissance et se figea, stupéfait.

Juste à côté du paillasson, dans la poussière du chemin, son œil averti reconnut des lettres tracées à la hâte. Elles n'étaient pas là la veille, il en était sûr.

"Azmin...?"

Arun se pencha pour déchiffrer l'unique mot écrit. Il pâlit brutalement en saisissant sa signification et s'appuya contre le mur pour ne pas tomber.

Lorsqu'il eut repris ses esprits, Arun se précipita vers la place centrale du village, où la réunion avait déjà commencé.

— Quelqu'un est arrivé derrière moi et m'a assommé, expliquait le prêtre au centre du cercle en mimant les faits. Après, je ne me souviens de rien. Mais quand je suis revenu à moi, la cellule était ouverte et la prisonnière enfuie.

— L'imura avait donc un complice ! s'exclama un des membres du Conseil, un quinquagénaire aux cheveux grisonnants.

— Mais qui ?

— Sans doute un de ses amis, proposa une villageoise.

— La petite Tiên ?

— Non, pourquoi ferait-elle une chose pareille ? Le démon l'a attaquée, je te rappelle.

— Tu as raison...

— Attendez, et si c'était son frère ?

Tous les regards se tournèrent vers Arun qui venait de prendre sa place dans le cercle. Son sang ne fit qu'un tour.

— Moi, l'aider ?

Il rit amèrement.

— Hier, j'aurais sans doute pu commettre une telle folie. Je la croyais lorsqu'elle promettait être innocente. Ce matin encore, j'étais persuadé qu'elle ne méritait pas la mort. Mais en sortant de chez nous, j'ai vu la preuve qu'elle n'est plus celle que j'ai connue. Avant de quitter le village, elle s'est arrêtée devant notre maison et a écrit quelque chose ; cette nuit, j'ai senti une présence, je suis sûr que c'était elle.

— Qu'y avait-il d'écrit, Arun ? s'enquit la boulangère, elle aussi membre du Conseil.

— Sang. C'est tout. Ma sœur en veut à ma vie, il n'y a aucun doute possible. Ou plutôt, le démon qui prétendait être ma sœur.

— Tu en es bien sûr ? Choesang, allez vérifier ses dires, je vous prie, demanda-t-elle.

Quelques minutes plus tard, le vieux prêtre revint et hocha gravement la tête.

— Il a dit vrai. Mais, j'ai le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond avec ces lettres. Peut-être que certaines ont été effacées ou déformées, après tout, ce n'est que de la poussière volatile. Mais si c'est le cas, alors la signification du mot pourrait bien être radicalement différente... Avec votre permission, je souhaiterais approfondir mon étude de...

— Refusé. Nous n'avons pas de temps à perdre, il faut retrouver et abattre l'imura au plus vite, trancha l'homme aux cheveux gris. Et pour cela, nous allons avoir besoin de votre don, Choesang.

Le prêtre, déçu, baissa la tête ; s'il avait eu la force et la vigueur de sa jeunesse, il aurait tenu tête au Conseil. Mais il se faisait vieux et hésitait à se compromettre plus en défendant ouvertement Azmin. Pour l'instant, personne ne soupçonnait qu'il ait pu l'aider à fuir, mais cette immunité due à son statut au sein du village disparaîtrait rapidement si le coupable n'était pas découvert.

— Équipez-vous de vos outils ! Pioches, pelles, faux, tout peut être utile ! s'écria la boulangère. Et rendez-vous dans dix minutes à la sortie du village, nous partons à la chasse au démon !

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