Ashby 1847

Son épaule percuta le sol en premier, la douleur lui coupa le souffle. Sa tête suivie, sa vue se brouilla, ses oreilles sifflèrent. Il vit sa monture continuer sa course au grand galop sans même se soucier d'avoir perdu son cavalier. Son père l'avait pourtant prévenu d'éviter de monter cette jument un peu trop rétive et peureuse.

Le monde sembla tourner autour de lui et il perdit connaissance. Il ne sut jamais combien de temps il resta ainsi.

Quand il rouvrit les yeux, la luminosité entamait son crépuscule. Le ciel se teintait d'un dégradé de rose bleuté.

Un jeune garçon au crâne rasé se penchait sur lui. Sa bouche remuait, mais il n'entendait aucun son en sortir. La chute avait dû l'assourdir.

Il se sentait calme comme entouré de coton. Les mains de l'enfant bougeaient au-dessus de son corps sans jamais le toucher. Pourtant, il percevait plusieurs mains qui le caressaient, l'apaisaient. Il referma les yeux se laissant aller à cette douce sensation.

Lorsqu'il s'autorisa à entrouvrir les yeux, il vit ceux du garçon, d'un bleu si sombre qu'ils auraient tout aussi bien pu être noir. Il lui sembla voir de petites lumières à l'intérieur de ses iris tel un ciel étoilé. Ses yeux transpiraient la volonté, la force, ils l'aspiraient, magnétiques.

Le garçon resta accroupi près de lui jusqu'à l'arrivée de son père.

Il l'entendit au loin hurler son nom. Le son de sa voix se rapprochait avec hâte. Une fois son père suffisamment prêt, le jeune garçon se leva et s'enfuit en courant à travers la forêt.

C'est drôle, il lui sembla avoir vu des jupons voler dans le vent. Il sourit au regard anxieux de son père et perdit de nouveau connaissance.