Cette chose que j'ai perdu
Quand je suis passé à la librairie, j’ai pensé à prendre un livre sur l’échec, je voyais déjà la couverture dans ma tête. L’échec inscrit en lettres noir sur un fond crème avec une larme de sang. Puis je me suis dit que ça ne m’apportera rien et qu’en fait c’était plutôt à moi d’écrire, d’écrire sur mon échec.
Dans cet échec j’ai perdu, non pas un proche ou quelque chose de matériel mais c’est une partie de moi-même qui s’est envolé ce soir-là. J’ai lutté pendant plus de 20 ans, je me suis forgé à partir de ça, c’était tout pour moi. Et j’apprends lâchement du jour au lendemain à travers l’écran de mon ordinateur écrit noir sur blanc que je n’atteindrai jamais mon objectif, sans aucune raison, sans aucune réponse à mes questions. Juste moi, seule face à cet avenir incertain, une identité disparue, du temps et du travail acharné pour un simple non.
Hélas, la vie me le rappelle chaque jour, que ce soit la télé qui parle de cette chose magnifique que tu as ratée, que ceux qui l’on en parle sur tweeter et s’en plaint presque ou l’entourage aux repas de famille, comment expliquer que la tête talentueuse qui avait toujours le sourire aux lèvres n’a plus rien ? Et comment quand tu cherches quelque chose pour le remplacer tu ne trouve rien d’autre, comme si c’était irremplaçable, irréparable. Il n’y a pas de retour en arrière possible.
Je ne suis plus la même depuis 2 mois, je n’ai visiblement pas la capacité de résilience, je suis plus sensible, plus fragile moi qui étais si forte, si résistante. Je n’ai plus que les yeux humides et cette froideur, je n’ai plus d’euphorie en soirée. Je n’ai que de la rancœur et une baisse d’estime de moi-même.
L’échec est un bon ami des dominos car tout s’enchaine, tu noircis tes relations, ce que tu fais n’a plus de sens, tu deviens peu à peu un nuage noir qui n’apporte que ses orages et sa pluie.
J’ai une théorie que tant que tu n’as pas touché le fond, tu ne peux pas remonter. Il n’y a pas de solution miracle il faut juste espérer que la pente n’est pas trop longue, que le temps arrangera les choses et qu’un beau jour, cette chose ne me manquera plus et qu’autre chose aura pris la place comme un petit chat réconfortant dans un lit qui se blottit dans le moindre petit creux et finalement prend toute la place.
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