Il y a ce jour, tapi au fond de mes pensées, un souvenir aux teintes sombres que je voudrais arracher de ma mémoire. Un jour où les ombres de l'occasion manquée planent encore sur ma conscience, comme des spectres rappelant la danse perdue d'une opportunité.

C'était lors d'un voyage en solitaire, une escapade au cœur d'une ville étrangère, aux ruelles sinueuses et aux parfums inconnus. Une journée qui aurait pu être empreinte d'aventure et de découvertes, mais qui s'est transformée en une suite de regrets et de silences étouffants.

Au détour d'une rue animée, mes yeux se sont posés sur lui, un musicien de rue avec une guitare usée. Son regard croisant le mien, une connivence éphémère s'est établie, une invitation implicite à partager un instant musical qui aurait pu transcender le temps. Je me suis approchée sans qu'il n'y paraisse. J'avais vraiment envie d'engager la conversation, je sentais que nous avions des choses à nous dire.

Pourtant, engluée dans ma timidité, j'ai continué mon chemin, laissant derrière moi l'opportunité de vivre une symphonie d'émotions partagées. Les notes de sa musique se sont estompées dans le brouhaha de la ville, mais l'écho du "et si" résonne encore dans les recoins de ma mémoire. J'ai longtemps tendu l'oreille pour écouter jusqu'au bout la mélodie qu'il inventait. Je n'avais jamais entendu cet air nulle part. C'est pour cela qu'elle est liée à lui dans mon esprit, à ce mystérieux jeune homme, sans doute triste que personne ne s'arrête pour lui parler et lui dire à quel point sa musique était belle.

Ce jour-là, j'aurais aimé briser la barrière du silence qui séparait nos mondes, et plonger dans cette mélodie improvisée. J'aurais aimé lui dire combien son art avait touché les cordes sensibles de mon âme, créer un moment suspendu dans lequel le temps aurait cédé la place à l'harmonie.

Aujourd'hui, je vous partage cette histoire, ce fragment de regret sculpté dans le marbre du passé. Car nous avons tous en nous ces jours qui résonnent comme des partitions inachevées, des moments où le "et si" plane comme une invitation à réécrire notre histoire.

Alors, je vous invite à méditer sur ces jours-là, à explorer les couloirs du passé pour y dénicher les trésors oubliés, et peut-être, à trouver la force de les réinventer.

Maintenant, j'imagine que je vais retrouver ce jeune homme. Je marche vers lui, je lui donne ce texte, ses yeux le parcourent. Et moi tremblante face à lui, j'attends qu'il relève la tête et qu'il me demande : et si... ?