Chapitre 53 : c’est quand même un fabuleux cadeau de Noël, non ?
Ce douze décembre, après avoir prévenu Paulo, qui s’inquiétait toujours un peu pour moi et qui fut heureux de ce que je m’apprêtais à faire, je confiai Vitamine à notre voisin et pris le bateau pour le continent, le car pour Brest, puis le train pour Paris. Je fus accueilli avec beaucoup de prévenance à Charles de Gaulle, cet aéroport hyper moderne, et voyageai en classe affaire. Les Boeing 747 étaient vraiment comme des paquebots volants. Je me plongeai dans les magazines mis à disposition avec un certain plaisir. Durant le vol, j’appris deux nouvelles qui m’avaient échappées jusque-là : la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran et la contribution anglaise au budget européen que sa première ministre trouvait trop importante. Concernant les otages, dont environ un tiers fut libéré au bout de deux semaines, on semblait s’orienter vers une crise longue et douloureuse pour les USA, qui n’étaient pas habitués à un tel traitement pour leurs diplomates. Quant à Margaret Thatcher, son injonction devenue célèbre: « I want my money back », démontrait, s’il en était besoin, qu’elle avait une façon particulière d’envisager la solidarité européenne – il fallait que ça rapporte plus que ça coûte - et qu'elle voyait l'Europe davantage comme une contrainte qu'un atout pour son pays. Je ressentis une certaine nostalgie de ne plus pouvoir évoquer tous ces sujets avec Marie. Malgré tout, j’entendais encore son avis, extrêmement négatif et inquiet, sur cette Maggie que les Britanniques allaient devoir craindre dans les années à venir.
Albert était venu me chercher à l’aéroport de Cayenne. Il venait de s’acheter une Renault 16 TX, le modèle haut de gamme de cette marque. Il en était très fier, et il avait de quoi. Elle était incroyablement spacieuse par rapport à notre Simca 1100. Mon cœur se serra un instant en repensant à Marie et moi, dans notre voiture. Il fallut toute la bonne humeur d’Albert pour me faire retrouver le sourire, une fois que je lui eus expliqué la raison de mon coup de cafard. Il m’amena directement à Kourou et devant Ariane, si majestueuse. Dire que trois jours plus tard, elle serait dans le ciel, taquinant les étoiles….
Nous étions le dernier jour où la visite était possible. Après, les pleins seraient lancés et l’accès serait réservé au seul personnel indispensable. Encore une fois, l’émotion de se trouver au pied de ses plus de quarante-sept mètres de hauteur était extraordinaire et paradoxale. D'un côté, je me sentais minuscule en comparaison de sa taille imposante, mais, de l'autre, je me voyais aussi grand qu'elle, prête à aller conquérir l’espace de toute sa puissance. J’avais emmené un carnet vierge et m’empressai de noter mes émotions à chaud.
Quelle majesté ! Ce blanc, cette impression de force incroyable avec les tuyères des quatre moteurs Viking du premier étage ! Elle donnait vraiment l’impression d’être indestructible et de pouvoir franchir les années-lumière sans la moindre difficulté. Toutefois, il me revint en mémoire que les moteurs ne devaient, au total, fonctionner que quelques minutes, donc pas suffisamment longtemps pour l’envoyer aussi loin que cela de la Terre. Néanmoins, cette sensation de voir Ariane me dominer ainsi allait me marquer jusqu’à la fin de mes jours. On sentait toute la force de l’Europe en elle, une belle promesse.
- Robert, on y va ? m’interpella Albert, en me tirant de ma rêverie.
- Oui, oui, bien sûr, Albert. Désolé, j’étais perdu dans mes pensées…
- J’ai vu. C‘est pour cela que je t’ai laissé tranquille, me répondit-il en souriant.
La journée était bien avancée et je commençais à sentir les effets du décalage horaire. Nous rentrâmes chez Albert sans avoir pu saluer Philippe, qui devait être débordé avec la dernière revue avant lancement. J'appris plus tard par celui-ci que l'inspecteur général du CNES présent aurait conclu : « Bon, ben, la seule chose qu’on peut faire maintenant, c’est brûler un cierge ». Pas très scientifique… Néanmoins, je ne suis pas certain que je n’y aurai pas pensé, moi aussi, dans la même situation. Il y avait tellement d’enjeux. N’oublions pas qu’il avait été décidé de se passer de la fin des essais sur le troisième étage, essais qui auraient normalement dû s’étendre jusqu’au mois d’avril 1980. Le cierge n’était peut-être pas si superflu que cela….
Le lendemain, en milieu de matinée, j’assistai à la conférence destinée aux VIP et à la presse. Tout était prêt. On sentait une certaine impatience d’y aller, d’être enfin fixé sur le lancement, un mélange d’excitation et de fébrilité. Même si ça n'avait plus tout à fait la même saveur depuis le décès de Marie, c'était finalement assez bon de se replonger dans cette ambiance et de participer, indirectement, à cet événement qui allait changer la face de la conquête spatiale mondiale. Ensuite, en début d’après-midi, je rentrai chez Albert pour une sieste, repos nécessaire avec le décalage horaire. Ce moment de sommeil fut bien utile puisque la soirée qui suivit fut particulièrement bien arrosée au rhum guyanais. Albert partait du principe que, quel que soit l’événement, il valait mieux le fêter avant. Au cas où le tir n’était pas un succès, au moins on se serait réjoui au préalable. Personne n’aurait certainement eu la tête à le faire après.
Le 14 décembre, la route longeant le CSG[1] fut fermée, et toute la journée fut consacrée aux pleins en combustible et comburant des deux premiers étages. Rien de bien spectaculaire en soi, mais des opérations délicates dont le bon déroulement était crucial pour un tir réussi.
Le 15, nous arrivâmes au centre technique vers quatre heures du matin. La nuit était encore noire. Il pleuvait. Durant la nuit précédente, les armements des systèmes pyrotechniques avaient été effectués. Les essais d’émission et de réception des télémesures entre satellite et lanceur d’une part et stations du CSG d’autre part avaient été réalisés, de façon satisfaisante. Entre cinq et six heures, la tour de montage fut retirée, laissant Ariane à nu, seule, dressée vers le ciel. Un peu avant huit heures, la chronologie[2] fut interrompue pour attendre une amélioration des conditions météo. Le tir glissa de onze heures à onze heures trente. Je sentais cette fébrilité croissante dans le centre technique. Cette fois-ci, je devais me contenter de mon rôle de spectateur. J’avais à peine pu échanger une poignée de main avec Philippe en arrivant. Je savais combien il pouvait être sous pression dans cette période si particulière. Cela me faisait vraiment drôle de ne plus avoir de place, de me sentir à la fois sans pression, mais également impuissant. Il s’agissait vraiment une posture inhabituelle pour moi.
Tout se déroula sans la moindre anicroche jusqu’au T0. Les moteurs s’allumèrent, le lanceur semblait sur le point de décoller à T0+3 secondes. Mais, à T0 + 5 secondes, il était toujours sur son pas de tir. Quelques secondes plus tard, les moteurs s’éteignirent. Consternation à Kourou ! « Tir avorté », quel événement inimaginable ! Un phénomène, attendu statistiquement moins d’une fois sur cent était arrivé ! Après un bref instant de flottement, l’équipe d’urgence lança la procédure de sécurisation du lanceur avec, en particulier, la vidange des réservoirs. En parallèle, les ingénieurs travaillèrent sur le diagnostic. Assez rapidement, ils arrivèrent à la conclusion d’une défaillance du moteur A. Heureusement, dans le scénario catastrophe, il ne s’était pas passé le pire. La fusée n’avait pas décollé. Dans le cas où elle aurait décollé et, si les moteurs s’étaient arrêtés alors qu’Ariane était à plusieurs mètres du sol, sa chute aurait causé autant de dégâts que quelques tonnes de TNT. Cela aurait entraîné une interruption des tirs d’au moins un an, le temps de réparer les dégâts sur l’aire de lancement. Finalement, on avait eu de la chance dans notre malheur. Enfin, on… Ils avaient eu de la chance dans leur malheur. Je n’étais plus qu’un spectateur, mais, ce qui était certain, c’est que cela aurait pu être encore plus grave.
J’avais compris, par les bruits entendus au centre technique, qu’il faudrait une bonne semaine pour pouvoir effectuer un nouveau tir. Qu’allais-je donc pouvoir faire durant cette attente ? Ce fut Albert qui répondit à cette question, que je n’avais pas vraiment posée. Il se doutait bien qu’il ne fallait pas que je tourne en rond sans rien faire, au risque de replonger dans la tristesse et la déprime. Le décès de Marie était encore récent et il avait bien vu que, par moment, j’étais comme absent et perdu dans la nostalgie de ma vie avec elle.
Il me proposa donc de partir avec lui, son frère, et des amis pour une petite semaine de chasse dans la jungle amazonienne. J’allais sans doute pouvoir comprendre ce qui plaisait tant à mon filleul dans cette vie-là. D’un autre côté, n’était-ce pas dans cette forêt primaire que vivait tout ce qui pique, mord et est venimeux, sur terre ? Malgré ma répugnance, je n’hésitai pas longtemps avant d’accepter. Tout était mieux plutôt que de ruminer ou d’assister impuissant à ce qui se passait à Kourou, autour d’Ariane et dans les différentes salles de réunions ou ateliers.
Cette campagne de chasse me fit finalement beaucoup de bien. Je m’aperçus que les promenades avec Vitamine m’avaient finalement pas mal remis en forme, même si je ne sentais plus mes cuisses au bout de quatre heures de marche le premier jour. Petit à petit, je pus tenir sur des distances de plus en plus longues, si bien qu'à notre retour, je ne me sentais pas si fatigué que ça. En revanche, l’humidité permanente était difficilement supportable. Il était illusoire de s’imaginer rester sec plus de dix minutes. Quasi immédiatement, une pellicule aqueuse et un peu poisseuse, mélange d’humidité et de sueur, vous recouvrait la peau et ce durant toute la journée. L'évaporation permanente de cette fine couche d'eau permettait peut-être de limiter la transpiration, nous empêchant donc de suffoquer et d'avoir trop chaud.
Je ne fis pas d’exploit en termes de chasse, n’étant pas familier des armes à feu. Pour être plus précis, je ne les aime pas, et n’ai même pas voulu essayer. Le dernier souvenir que j’avais d’un fusil avait failli mettre fin à toute l’équipe de Véronique à Hammaguir. Le précédent, c’était au moment de la libération quand j’avais dû commander un peloton d’exécution pour deux voleurs... Depuis, je me tenais aussi éloigné que possible de ces engins. Mais là, dans la jungle, il fallait bien admettre que pour manger, ou même survivre, ces « instruments » étaient assez indispensables. Je dépendais donc de mes compagnons pour manger, mais c’était très bien comme ça. Je compris aussi, durant les discussions du soir au bivouac, que Robert était désormais considéré comme l’un des leurs. Il avait fait ses preuves, et même sauvé l’un des cousins d’Albert, qui était aux prises avec une femelle jaguar protégeant ses petits. Lors de cet événement, il avait fait preuve d’un sang-froid qui avait épaté les chasseurs émérites pour qu’à la fin, ni l’homme ni les félins ne soient tués. Ils parlaient tous de lui avec respect, et même admiration pour certains.
J’étais fier de mon neveu, bien que peu étonné. Je pensai à lui, au loin dans une zone troublée par des combats incessants. J’espérais qu’il ne serait pas victime d’un attentat, d’un tireur isolé ou d’une mine. Tout pouvait basculer si vite dans ce Proche-Orient aussi explosif qu’une poudrière. Je savais que ni Paulo ni Josiane ne se remettraient s’il arrivait quelque chose à leur ainé.
Le retour se fit plus facilement. Ces quelques jours de marche m’avaient endurci et redonné le goût de l’effort. Non seulement c'était bon de se sentir de nouveau vivant, mais je pense que Marie aurait aimé me voir ainsi. Les hommes étaient contents, la chasse avait été bonne. Il y aurait beaucoup de viande à manger pour les fêtes de Noël qui s’annonçaient. Nous arrivâmes chez Albert le vingt-deux, soit la veille du tir d’Ariane. Tout avait finalement été vérifié et devait bien se passer. La météo était clémente avec une nuit claire à venir, mais il y avait un risque d’averses le lendemain.
Effectivement, autant le retrait de la tour de montage s’était effectué sous une nuit étoilée, autant, depuis, il pleuvait à seaux. Impossible de lancer Ariane avec cette météo. Il fallut donc décaler, encore une fois ce tir. Il fut programmé au lendemain, veille de Noël. Une nouvelle vidange des réservoirs fut exécutée.
J’appris, en trainant dans les couloirs du centre technique durant la journée du vingt-trois, que les ingénieurs se posaient beaucoup de questions suite aux deux tirs avortés. Aurait-on assez de stock d’hydrogène pour faire le plein du troisième étage le vingt-quatre ? Où en était l’avancement de la corrosion des structures de la fusée par le peroxyde d’azote[3] ? Les essais avaient montré qu’au bout d’une semaine, tout tenait encore, mais le premier tir avorté datait de neuf jours… Allait-on être obligé de renvoyer le lanceur en Europe pour expertise, ou allait-on prendre le risque de partir pour ce premier vol après une aussi longue attente ? Le vingt-quatre décembre était la dernière possibilité pour effectuer le lancement d’Ariane L01.
Finalement, en début d’après-midi de cette veille de Noël, Ariane s’élança vers le ciel. À un peu plus de trois secondes après le T0, le lanceur cessa tout contact avec le sol. Au bout de quatre secondes, il accéléra de façon vertigineuse : en une seconde, il se trouvait à un mètre du sol, en trois secondes, à neuf, en dix secondes, à cent mètres déjà. À chaque seconde, Ariane s’allégeait d’une tonne d’ergols, brulés par les quatre moteurs Viking du premier étage. Après avoir vu le décollage sur les téléviseurs du centre technique, nous sortîmes tous l’admirer en réel.
Au bout d’une quinzaine de secondes, la fusée jaillit des arbres, en équilibre sur les jets roses des moteurs. On n’entendait pas encore le moindre bruit puisqu’il ne fallait pas loin de quarante secondes au son pour parvenir de l’Espace de Lancement Ariane jusqu’au centre technique. Quelques instants plus tard, Ariane disparaissait dans une première couche de nuages. Au bout d’une quarantaine de secondes, elle ressortit des nébulosités et filait tellement vite sur fond de ciel bleu. À ce moment-là, le bruit du décollage nous atteignit avec un grondement sourd qui s’amplifiait.
À l’altitude de 8000 mètres environ, elle franchit le mur du son. Ariane fonçait vraiment à une vitesse folle. Elle jouait à cache-cache avec les nuages et disparaissait brièvement avant de réapparaitre sur un fond bleu profond. Un sillage blanc de condensation permettait de visualiser sa trajectoire. Au bout d’à peine deux minutes, le sillage blanc s’interrompit. L’altitude était trop importante pour qu’il y ait de la condensation. On n’apercevait plus qu’un point blanc qui se déplaçait maintenant à Mach 3[4] vers les étoiles.
À chaque instant du décollage, je savais ce qui se passait, comme si j’étais dans cette fusée, dans les moteurs, dans les différentes tuyauteries, sur le fuselage. J’avais la sensation de m’envoler avec elle, vers l’infini et au-delà, définitivement vers les étoiles, vers Marie.
Je retournai dans le centre technique pour suivre la suite des opérations, désormais invisibles à l’œil nu. La séparation du premier étage s’était déroulée sans encombre. À peine plus de deux minutes plus tard retentirent ces mots dans les haut-parleurs :
- Séparation 2-3.
Le moteur du troisième étage était désormais allumé. Au bout d’un peu moins de neuf minutes après le décollage, le radar de Kourou perdit Ariane, masquée par la courbure de la terre. Moins de douze minutes plus tard, le dernier moteur s’arrêta et la CAT[5] fut larguée.
- Séparation correcte, entendit-on dans les hauts parleurs.
Puis, quelques secondes plus tard :
- Terminé.
Ce fut la folie dans le centre technique, tout le monde applaudissait, se congratulait, s’embrassait !
Ce fut un succès retentissant. Jamais, auparavant, un lanceur n’avait réussi sa mission lors de la première tentative, sans que tous ses moteurs n’aient été testés préalablement en vol, une première mondiale ! La carrière d’Ariane, la nouvelle fusée européenne, débutait ainsi sous les meilleurs auspices.
Le travail acharné de milliers d’ingénieurs pendant plus de sept années avait payé, surtout qu’ils avaient bénéficié des résultats de leurs prédécesseurs, dont moi et tant d’autres. La conquête spatiale venait de franchir un nouveau pas de géant, et les autres pays tels l’URSS et les USA, n’avaient qu’à bien se tenir. Un nouveau concurrent arrivait sur le marché avec l’ambition de s’octroyer une bonne part du gâteau.
À peine trois heures après le lancement, une assemblée bruyante et chahutante d’ingénieurs, techniciens et VIP déchaînés, tous habillés du t-shirt Ariane se réunit dans le hall du centre technique, pour écouter le discours du directeur général du CNES. Aussitôt après, le champagne coula à flot. Ce soir-là, la consommation de champagne avait avoisiné, dira-t-on plus tard, la consommation d’UDMH d’un moteur Viking, soit environ cinq-cents litres par seconde.
Comme j’aurais aimé partager ce moment magique avec Marie ! Dans ces moments-là, elle me manquait terriblement. Mais, comme me le dit Philippe quand je le retrouvai dans la soirée, heureux comme jamais :
- Tu lui as envoyé Ariane, à Marie, c’est quand même un fabuleux cadeau de Noël, non ?
[1] CSG : Centre Spatial Guyanais de Kourou, d’où sont lancées les fusées Ariane (et Diamant auparavant).
[2] Liste des opérations à réaliser avant le lancement du compte à rebours proprement dit. Cette chronologie débute à J-3 (trois jours avant le jour J) par rapport à la date de lancement.
[3] Le peroxyde d’azote, N2O4 est le comburant pour l’UDMH. C’est un oxydant puissant qui est en particulier néfaste pour la tenue des joints et toutes les parties élastomères (en caoutchouc naturel ou synthétique). En principe, le lanceur est « garanti » pour tenir trois pleins successifs durant sept jours au total. Les essais n’avaient pas été poussés plus loin en préalable du lancement de la première Ariane en 1979.
[4] Mach : vitesse du son soit 340 mètres par seconde soit environ 1235 kilomètres par heure. Mach 1 c’est 1 fois la vitesse du son, Mach 2, 2 fois et Mach 3, trois fois soit un peu plus de 1000 mètres par seconde.
[5] CAT : Capsule Technique Ariane, qui a le même poids et la même taille qu’un satellite et qui est utilisée pour qualifier le lanceur.
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