Chapitre 55 : réconforter ceux qui le faisaient, quand elles explosaient

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À la suite de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques en décembre 79, une soixantaine de pays se mirent d’accord pour boycotter les Jeux Olympiques d’été qui devaient se dérouler à Moscou l’année suivante. Ces actions firent suite à la condamnation de cette agression, dès le 4 janvier, par le président Jimmy Carter, devant le Congrès américain. Les USA décidèrent également, dans le même temps, un embargo sur les céréales à destination de l’URSS, et le rejet de la ratification des accords Salt2 sur la réduction des armements nucléaires. Concernant le cas particulier des JO de Moscou, j’avais personnellement toujours trouvé ces manifestations, dans lesquelles chaque sportif défend les couleurs de son pays, plutôt contraires à l’esprit initial du Baron de Coubertin. Marie m’avait d’ailleurs ouvert les yeux sur ce dévoiement. En effet, plutôt que de célébrer la communion par le sport, le dépassement de soi, on passait son temps à comparer les nations entre elles sur leur nombre de médailles. Bien loin de l’olympisme d’origine… Les Jeux Olympiques suivants allaient accentuer encore cette dérive, ce grand spectacle, ces dépenses pharaoniques, et cette perversion de l’esprit olympique

En Europe, enfin en Grande-Bretagne, Maggie avait finalement eu raison des autres pays européens. Elle avait obtenu une réduction substantielle de la contribution britannique au budget de l’Europe ainsi qu’une augmentation des dépenses structurelles européennes au profit de son pays. Comme si, finalement, cette Europe n’était qu’un colosse aux pieds d’argile, que le fait de parler fort et de gesticuler, pouvait ébranler.



En juin, considérant que j’avais emmagasiné assez d’informations et de souvenirs pour être en capacité de rédiger, je me mis à écrire la première partie de notre histoire. Je commençai, comme prévu, par mon enfance, dans cette ville sombre et sale d’Annonay. J’évoquai comment ma mère, institutrice, nous avait initiés à l’observation du ciel, des planètes de notre système, de notre satellite naturel et à la reconnaissance des étoiles comme des constellations. Je relatai également mes difficultés scolaires initiales, au grand désespoir de mes parents, et comment finalement tout se décoinça au lycée avec la découverte de la chimie. Cela me prit bien tout le mois de juin pour aller jusqu’au début de la Résistance et la rencontre avec Paulo. Je me trouvai ému de revivre tout cela en l’écrivant. J’avais quand même eu une sacrée chance de m’en sortir indemne. Tant avaient été gravement blessés, et même tués, durant cette période si sombre. Ce fut mon ami, joint au téléphone, qui se souvint des histoires drôles que nous racontions aux bivouacs, le soir. Ce fut grâce à lui également que me revint l’anecdote des déserteurs allemands, et celle du fioul mis sur les pneus des nazis.

J’en étais là dans mon projet quand j’appris dans les journaux ce qui se passait en Pologne : une grève générale venait d’éclater suite à la hausse du prix de la viande. La grève, débutée à Lublin, s’était vite étendue aux ports de la Baltique et à la Silésie. Le pays était totalement paralysé par les mouvements revendicatifs dans les usines.



Vers la mi-juillet, emmenant Vitamine avec moi, j’allai passer quelques temps chez Paulo et Josiane. J’espérais y voir aussi leurs deux fils, celui en poste au Liban avec la FINUL et celui à Tricastin en train de se former pour devenir opérateur. J’avais de la chance, Robert, mon filleul, venait justement de rentrer du Proche-Orient pour une bonne semaine de permission. Il n’était pas revenu voir ses parents souvent, préférant cumuler ses jours de repos en fin de contrat. C’était bon de les retrouver tous. Robert nous raconta le Liban, ce pays qui avait été si prospère et qui semblait s’enfoncer inexorablement vers une guerre civile dont personne ne voyait la fin. Il faut dire que, coincé entre Israël, la Syrie et la mer, il était vraiment au centre de la poudrière proche-orientale. Il nous raconta la gentillesse des Libanais qu’il avait rencontrés, mais aussi leur désespoir de voir leur pays devenir l’ombre de lui-même, ce pays qui avait été le centre et la plaque tournante du commerce de la région pendant de longues années. Il n’était plus que ruines, camps de réfugiés palestiniens et misère à chaque coin de rue. Les quartiers chrétiens avaient été transformés en bunkers ultra-sécurisés. Même les casques bleus de la FINUL avaient du mal à y pénétrer. La police et la justice du pays n’existaient plus. Il n’y avait plus que des milices qui s’opposaient, et quelques malheureux soldats de l’ONU au milieu. Alain, son petit frère, qui vint nous rejoindre quelques jours, nous raconta ses cours et cette émulation entre les futurs opérateurs pilotes de centrales nucléaires.

Paulo, qui avait l’habitude de suivre les Jeux Olympiques, et en particulier les épreuves d’athlétisme à la télévision, était déçu cette année quand avait appris que de nombreux pays boycottaient ces JO de Moscou. Aucun athlète américain, canadien, japonais, chinois ou d’Allemagne de l’Ouest ne prirent part à ces jeux. D’autres pays, comme la France, la Grande Bretagne ou l’Australie, avaient laissé à leurs athlètes la liberté de participer. Même l’Iran, pourtant ennemi juré du grand Satan américain, n’avait pas non plus envoyé un seul sportif, au prétexte que les soldats russes tuaient des musulmans en Afghanistan. Naturellement, les sportifs soviétiques raflèrent un grand nombre de médailles. Mais que valaient leurs exploits sans les champions américains en face ?

Je profitai du séjour chez mes amis pour aller passer quelques jours chez mes parents, finalement pas si loin que cela. Ils vieillissaient doucement, comme s’ils se recroquevillaient sur eux-mêmes. Ils étaient devenus frêles et tellement maigres. On avait l’impression qu’un coup de vent aurait pu les faire s’envoler. Nous n’avions pas besoin de beaucoup bavarder pour nous sentir bien ensemble. En fait, ce fut surtout moi qui pris la parole, évoquant Marie et ce que je lui avais promis, cette histoire que j’avais tout juste commencé à écrire pour elle, pour nous. Je crois qu’ils furent émus de m’entendre retracer ma vie ainsi. Je les quittai, en n’étant pas certain de les revoir en aussi bonne santé la prochaine fois et repris le train pour Salon de Provence, pour retourner chez mon ami de toujours.

Chez eux, Paulo, en marchant sur des œufs car il savait le sujet encore très sensible pour moi, m’interrogea sur ce que j’allais faire de ma vie, sur cette île, loin de tout. À lui aussi, je parlai de cette histoire que j’avais promis à Marie d’écrire puis de cette envie de faire partager ma passion pour les étoiles, peut-être aux jeunes d’Ouessant. J’allais prendre contact avec le collège de l’île en rentrant pour leur proposer mes services. Je pensais aussi démarrer un club d’astronomie s’il y avait des habitants intéressés. Il s’inquiétait pour moi, mon ami. Lui aussi, il arrivait à l’âge de la retraite. Il avait 64 ans maintenant et avait cotisé suffisamment de trimestres pour y prétendre. Il avait eu la chance, lors de son arrivée au CEA, de rencontrer un délégué syndical qui avait œuvré pour faire reconnaître ses années de guerre et de résistance comme du temps de travail. Il y avait pas mal d’anciens militaires au CEA, ce qui avait sans doute favorisé cette reconnaissance. Il rêvait, à la retraite, de se mettre à la peinture. Quand il m’emmena dans son garage, qu’il avait commencé à transformer en atelier de peintre, et que, timidement, il me montra quelques toiles qu’il avait peintes récemment, je n’en revins pas :

  • La vache, Paulo, mais tu as un sacré talent !
  • Tu es sûr, Robert ? Tu ne te moques pas de moi ?
  • Enfin, Tu crois vraiment que je ferai ça ?
  • Non, tu as raison, c’est pas ton genre… Alors, sincèrement, tu aimes bien ?
  • Non seulement, j’aime bien, mais je trouve que tu as vraiment un sacré coup de patte.

Il avait peint des paysages de Provence en arrivant à rendre la lumière si particulière de la fin d’après-midi, en été. On pouvait presque entendre les cigales chanter dans ses tableaux. Il s’était aussi essayé à la peinture abstraite, mais là, la réussite n’était pas la même. Je ne pus m’empêcher de faire une grimace alors qu’il me montra une œuvre qu’il avait intitulée « Le Liban, entre prospérité et destruction », tableau sans doute réalisé d’après ce que son fils lui avait raconté. Pour moi, qui n’avais peut-être aucun goût en termes de peinture abstraite, ce n’était que des mélanges de couleurs sans aucun lien entre elles…

  • Tu penses qu’il faut que je me limite au figuratif ? me demanda-t-il.

Mince ! Il avait dû remarquer ma moue. Néanmoins, il était mon ami, il fallait que je lui dise ce que je pensais.

  • Euh… Oui, Paulo.
  • Ok, répondit-il, en allant jeter la toile au fond de son atelier.
  • Attends, peut-être que ça plaira à d’autres que moi ! Je ne suis pas critique d’art, je n’y connais rien en peinture.
  • T’en fais pas, Josiane m’a déjà dit la même chose… Je ne suis pas surpris de ta réaction. Au moins, tu as été honnête. Merci pour ça, Robert.

Comment ne pas l’être avec lui ? Je pense qu’il aurait reniflé le faux compliment à cent mètres et puis, encore une fois, est-ce qu’on ment à un ami ? À son tour, faisant preuve d’une franchise dont lui seul était capable, il me surprit par sa réaction quand je lui racontai ce que j’avais déjà écrit :

  • T’es sûr qu’il faut autant de chapitres sur ton enfance, la résistance, etc ?
  • Ben oui, c’est important, c’est là qu’on s’est rencontrés !
  • Je sais, mais est-ce que c’est vraiment le thème de ton histoire ?
  • Comment ça ?
  • Tu ne veux pas parler de ta vie avec Marie, de la conquête spatiale et du développement du nucléaire, militaire puis civil ?
  • Si, c’est ça…
  • Alors simplifie, synthétise ou enlève la partie sur la résistance !
  • Mais faut qu’on puisse comprendre d’où tout cela vient, non ?
  • Si, mais tu vas trouver comment faire, un genre de prologue ou je ne sais pas quoi… C’est toi qui écris, tu vas savoir quoi mettre ou ne pas mettre dans ton histoire.

La vache… et s’il avait raison, mon ami… Il faudrait que j’y réfléchisse. Il n’était pas question de dégoûter des lecteurs dès le début, en effet.



Vers la mi-août, après ces quelques semaines à Venelles, je repris la route de mon île. J’avais hâte de retrouver sa fraicheur et son humidité. Il faisait décidemment trop chaud pour moi en Provence. Comment avais-je pu passer autant de temps dans la chaleur sèche du désert à Hammaguir ? Trois, voire quatre semaines, étaient le maximum que je pouvais supporter dorénavant dans le Sud de la France.

Durant le trajet du retour, je me plongeai à nouveau, dans l’actualité internationale. Cela semblait bouger pas mal en Pologne : Après les premières grèves massives de juin, des ouvriers des chantiers navals de Gdańsk avaient de nouveau cessé le travail début août, cette fois-ci pour protester contre le licenciement d’une responsable syndicale. Le mouvement s’était vite étendu à tous les autres ports de la Baltique. Les grévistes avaient établi une plate-forme revendicative en vingt-et-un points. Toutefois, le pouvoir en place ne semblait pas prêt à négocier.

J’appris également que l’Inde était devenue la septième puissance spatiale, presque un mois plus tôt, en envoyant dans l’espace le premier satellite indien Rohini 1B, avec leur propre fusée SLV3, tirée depuis le centre spatial Satish-Dhawan. Une nouvelle que nous n’aurions pas manquée d’arroser comme elle le méritait lorsque nous n’étions encore qu’une petite équipe, au Cardonnet ou à Hammaguir. Je ne pouvais pas m’empêcher de sentir une bouffée de nostalgie, en repensant à ces moments-là, à ces instants de convivialité qui soudaient notre équipe. Nous étions jeunes… Je me promis, de retour chez moi, de lever mon verre à cette nouvelle puissance spatiale.

Dans la presse, je découvris aussi que les fameux accords de Camp David qui m’avaient enthousiasmé un temps, avant que Marie ne me fasse redescendre sur terre, étaient bel et bien morts et enterrés. En effet, le parlement Israélien avait voté fin juillet l’annexion définitive de Jérusalem-Est, mettant fin à toute négociation avec les Palestiniens sur les territoires occupés. Ça ne serait donc jamais fini au Proche-Orient, en tout cas pas tant qu’il n’y aurait pas une Palestine libre et indépendante.



De retour chez moi, je repris ma routine ouessantine : écriture, balade, sieste, puis de nouveau écriture, et enfin lecture. Je me remis à rédiger en reprenant là où je m’étais arrêté : au début de la résistance et la rencontre avec Paulo. Je repris en essayant de raconter la vie dans les bois, le « jeu du chat et de la souris » avec les Allemands, même s’il s’agissait un jeu mortel où l’on risquait à chaque instant de perdre la vie. Je me remémorai la fois où notre camp avait fait l’objet d’un bombardement ciblé. Ce jour-là, près de la moitié des nôtres avaient été tués ou blessés. Un frisson me parcourut. J’aurais pu faire partie de ces morts, ou être estropié à vie. Je devais avoir une bonne étoile qui veillait sur moi, ou en tout cas, j’avais eu de la chance. Je continuais donc à rédiger cette partie, tout en me demandant si, dans la version définitive, elle y figurerait encore…

Fin août, de bonnes nouvelles arrivèrent de Pologne. Un accord avait été trouvé à Gdańsk, entre les autorités communistes qui avaient fini par faire des concessions sans précédent, et un certain Lech Walesa, électricien moustachu et chef de file du mouvement de grève. Les grévistes obtinrent la création de syndicats indépendants, le droit de grève, des augmentations de salaire, un assouplissement de la censure en vigueur dans le pays et enfin, la libération des prisonniers politiques arrêtés quelques jours plus tôt. Ils fondèrent, mi-septembre 1980 un syndicat indépendant, appelé Solidarność[1], fort de plus de dix millions d’adhérent dès sa création, avec à sa tête le fameux Lech Walesa. L’URSS commençait à s’inquiéter de la portée de ces accords de Gdańsk et de leur impact potentiel dans tous les pays du bloc de l’Est. Il ne restait plus à espérer que les Soviétiques, déjà bien occupés en Afghanistan, n’allaient pas reproduire Prague ou Budapest, et au contraire allaient laisser les Polonais se débrouiller entre eux.

Comme si l’actualité internationale ne s’arrêtait jamais et que les désirs bellicistes des hommes n’avaient ni fin ni limite, la dernière semaine de septembre marqua le début de la guerre entre l’Iran et l’Irak. Le dictateur irakien, Saddam Hussein, armé par l’Union soviétique et la France, lança une attaque surprise sur l’Iran. Il comptait sans doute sur la désorganisation du pays suite à la révolution islamique pour mener une guerre éclair et obtenir une victoire rapide. Mais cette agression généra en Iran un sursaut patriotique, et une nuée de volontaires vinrent s’engager pour combattre l’ennemi sunnite. Le sacrifice de tous ces milliers de soldats, mal formés et mal armés, permit à l’armée régulière iranienne de se réorganiser et de lancer une contre-offensive. Cette guerre allait visiblement durer longtemps. La folie des hommes ne s’arrêterait donc jamais ?



En octobre, Philippe m’appela pour me tenir au courant des derniers développements suite à l’explosion d’Ariane L02.

  • C’est compliqué, Robert, tu sais…
  • J’imagine bien… Alors, vous en êtes où ?
  • En juin, il y a eu un communiqué commun ESA/CNES disant que la cause était une étiquette, mal collée, qui avait bouché des orifices…
  • Oh, alors ce serait une bête étiquette qui aurait causé cette explosion ?

Si c’était bien ça, un bout de papier, eh ben…. À quoi ça tient, parfois…

  • Non, je ne pense pas, et pour plusieurs ingénieurs, cette hypothèse ne tient pas. Elle pourrait aussi s’être déplacée après l’explosion, pendant la chute, ou même décollée dans l’océan.
  • L’étiquette mystérieuse ?

Je ne pus m’empêcher de sourire au téléphone. Ça me faisait penser au livre de Tintin, « L’Île mystérieuse ».

  • Figure-toi que, lors de tous les essais moteur Viking, au moment de la qualification, soit au total quatre heures d’essai cumulées[2], on n’avait obtenu qu’une seule fois une instabilité similaire à celle qui s’est produite sur L02. Cette fois-là, c’était parce qu’on était en dehors de la zone de fonctionnement normal du moteur, avec des pressions et débits d’ergols trop élevés.
  • C’est ce phénomène qui s’est produit sur L02 ?
  • Non, aucun capteur n’a montré le moindre paramètre en dehors de son domaine avant l’explosion.
  • Mince alors ! Du coup, vous en êtes où ?
  • En août, ils ont fait des essais en faisant varier la pression de combustion. On sait, depuis la qualification, qu’à partir d’environ 60 bars, un injecteur devient instable. Ce qui est délicat, c’est qu’on a testé un des injecteurs repêchés, l’injecteur du moteur B de L02. Et bien il a montré une instabilité à partir de 56,5 bars, ce qui est une pression normale…
  • Ça ne serait pas dû à son séjour dans l’eau salée ? Il y est resté longtemps, non ?

Je m’étais pris au jeu de la résolution de problème, encore une fois, c’était plus fort que moi…

  • Environ trois semaines. On ne sait pas. Ce qui devient encore plus compliqué ; c’est qu’on a l’impression que chaque injecteur a un comportement différent. Il va falloir tous les tester avant de les monter.

Je compatis à leurs difficultés. Dédouaner tous les injecteurs n’allait pas être simple. Je me souvenais de cette myriade de trous. S’il fallait les vérifier un par un…

  • Eh ben, vous n’êtes pas sortis de l’auberge… Je suppose que vous n’avez pas de date pour le vol L03 ?
  • Non, personne ne sait en fait… Actuellement, on n’est même pas certains d’avoir quatre injecteurs qui puissent fonctionner dans les conditions nominales. Les dates annoncées sont celles de communicants, sans aucun lien avec la réalité scientifique et technique…
  • Peut-être qu’on s’est emballés un peu vite avant de crier au succès, non ?

J’avais dit « on ». Décidément, je n’arrivai pas à me dire que les fusées, ce n’était plus moi…

  • Peut-être en effet, mais tu y étais comme moi. Tu y as cru, toi aussi, non ?

Oui, bien sûr que j’y avais cru. Quand j’avais vu cette splendide fusée blanche, aux couleurs de l’Europe, décoller et s’envoler dans le ciel de Guyane, oui, je m’étais emballé, moi aussi, bien sûr !

  • Oui, moi aussi, Philippe. Mais vous allez y arriver. Il faut y croire, ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne trouviez ce qui a cloché. Vu le nombre d’ingénieurs qui sont sur le coup, il est inimaginable que ça ne finisse pas par fonctionner.
  • Merci, Robert. Chaque fois que je t’appelle, ça me fait du bien. Tes mots me réconfortent.

Voilà, tel était sans doute mon rôle désormais, ne plus faire décoller les fusées, mais réconforter ceux qui le faisaient, quand celles-ci explosaient.






[1] Solidarność (Solidarité en français) était le premier syndicat indépendant du pouvoir communiste en place en Pologne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

[2] Cette durée de quatre heures cumulées peut paraître ridiculement petite mais les moteurs Viking ne fonctionnent qu’à peine plus de deux minutes lors de chaque décollage. Quatre heures d’essais correspondent à plus de 25 tirs d’Ariane (il y a 4 moteurs Viking qui fonctionnent en simultané dans le premier étage.

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