Contre coup
L’écho de mon cri résonne dans toute l’église. L’abbé me regarde méchamment, il a l’air très fâché.
Je sais que je n’aurais pas dû m’énerver contre lui. C’est un adulte et surtout, le directeur de mon école. Je regrette, mais il est trop tard. C’est de sa faute, il m’a poussée à bout. Il était si sévère, si méchant. Il me prend pour une menteuse alors que ce qu’il pense est complètement faux.
L’abbé attend que mon hurlement s’estompe. Son regard est plus dur que jamais. Je tremble de partout, à la fois de colère et de peur. J’ai envie que maman vienne me chercher et m’emmène loin de cette église. Je suis sur le point d’exploser en larmes. Si l’abbé n’était pas devant la porte, je m’enfuirais en courant. Mais il me bloque la sortie et je me sens prisonnière.
Je ne suis qu’une enfant et il est beaucoup plus fort que moi. D’un seul bras, il pourrait me retenir si je tentais de m’échapper. En plus, avec cette vilaine robe trop grande qu’il me force à porter, je m’emmêlerais les pieds. Il me rattraperait vite et serait encore plus furieux. J’ai peur de sa réaction, je sais qu’elle sera terrible. Il a les dents serrées. Moi, je suis toute ratatinée sur moi-même. Mon Dieu, venez-moi en aide.
Mon cri a fini de résonner. J’entends mon cœur battre la chamade dans ma poitrine. L’abbé ne dit toujours rien. J’ai plus peur encore de son silence que de ses reproches. Au bout de plusieurs secondes, il se contente de prononcer :
— Bien…
Puis d’ajouter, après une courte pause :
— … ma fille.
Il le fait exprès. Mes ongles s’enfoncent dans les paumes de mes mains quand je serre les poings. Je ne dois pas craquer, je ne dois pas craquer !
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