XI
-De mes trois à quatorze ans, mon père alcoolique me tripotait et me prostituais. Ma mère, accro à la drogue, l’a appris et je l’ais vu se tirer une balle dans la tête à cause de ça. On m’a placé dans une famille d’accueil, ça se passait bien jusqu’au jour où le père a commencé à me toucher, l’assistante social a finit par le savoir et depuis je me fais trimbaler de foyer en foyer, des fois on me renvois chez mon père et il recommence de temps en temps. Quand je t’ais vu dans cette cage d’escalier, j’ai crus voir ma mère, toi, on pouvait encore faire quelque chose pour te sauver de la mort.
-… T’aurais du me laisser partir. Sifflais-je en repensant à tous ce qui c’était passé ces deux dernières semaines.
-Je crois que tu n’as pas bien compris. Il posa son verre sur la table. On a tous subi quelque chose d’injuste dans la vie, il faut que tu surmontes ça. Tu aurais du te battre au lieu de jeter l’éponge aussi facilement. La mort ne résolu rien du tout. Si tu te donnes encore une fois la mort, mes efforts pour t’avoir sauver la dernière fois n’auront servis à rien. Bas-toi. Il prit son sac et se dirigea vers la porte avant de l’ouvrir. Pense-y, allez salut. Et il partit. J’encaissais tout juste son discours. Jamais on ne m’avait parlé comme ça auparavant. Je me trouvais tellement ridicule, idiote, conne. Je suis conne, voilà ma définition : conne. J’ai renvoyé bouler la seule personne externe à ma famille qui était gentille avec moi. Il a raison, je suis si bête ! Je prends la pochette et retourne dans ma chambre. Je me blottit sous la couette de mon lit et m’endort, furieuse contre moi. Je me réveille le lendemain tôt en sueur. J’ai encore une fois rêvé de ce jour. J’inspire un grand coup et attrape la bouteille d’eau posé sur ma table de chevet. Je repense à ce qu’a dit Vincent hier. Il a raison, je dois arrêter de me lamenter. Je dois avancer, ça fait presque sept mois maintenant et cet homme reste impunis pour son crime. Il continu sa vie sans se préoccuper de ce qui c’est passé… Je demande justice, je veux qu'il aille en prison, je veux qu'il paye pour son crime. C'est lui le coupable. Je ne veux plus rester dans l'ombre, je ne veux plus me cacher, il doit être punit. Je vais parler. Je sortis alors de mon lit et enfila un gilet. Ca y est le moment est venu de dire à mon père ce qu’il s’est passé. Je vais dans la cuisine il n’y est pas. Je vais voir du côté du comptoir du restaurant. Il y est, essuyant des verres à bières. Je suis derrière lui, j’avance. Ca y est, c’est le moment ou jamais.
-Bonjour papa. Dis-je d’un pas presque sur. Il se retourne, content de me voir.
-Bonjour ma chérie, ça va aujourd’hui ? Dit-il en venant déposer un baiser sur mon front. Je me lance.
-Papa, je vais parler. J’ai, j’ai décidé d’aller porter plainte pour, pour viol. Mon père me prend alors dans ses bras.
-Merci de m’avoir dit la vérité ma chérie. Tu fais le bon choix. Je suis toujours autant désolé de n’avoir rie…
-Non papa, ne le sois pas. C’est pas de ta faute, tu le sais.
-Je t’aime tellement, toi et ton frère êtes ce que j’ai de plus cher au monde. Savoir que quelqu’un t’as fait du mal, ça me met tellement en colère ! Sache que je serais toujours fier de toi quoiqu’il arrive. Je t’aime ma fille.
-Moi aussi papa, moi aussi.
-Quand voudrais-tu aller au commissariat ?
-J’aimerais y aller aujourd’hui, quand j’en ai encore le courage.
-Tu sais que ça peut être dur.
-Je sais. Tu as dit la dernière fois qu’on était fort. Soyons-le.
-Va te changer on y va. Je t’attends dans quinze minutes dans la voiture. Un caressa ma joue et finit de nettoyer son verre. Moi, je m’étais déjà rendu dans ma chambre, je pris ce que j’avais sous la main : un t-shirt simple, un pantalon noire et un gilet un peu ample. Je me regardais dans le miroir, on voyait un peu mon ventre mais bon, là où je vais, il n’y a personne qui me connaît. Je passais ma main dessus, ‘’on va se battre’’pensais-je. Je sais que cet enfant représente le pire pour moi mais ce n’est qu’un enfant. Dans mon intérêt à moi et pour la sécurité des autres filles, je vais y aller. Je prends mon téléphone, mes clés et ma carte d’identité et me dirige vers la voiture. Ca y est, je vais changer les choses. Arrivé dedans, mon père me prend la main puis se met à conduire. Arrivée autour du commissariat, mon père gare la voiture et nous sortons. On entre dans le commissariat et nous dirigeons vers l’accueil. Un homme en tenue de gendarme tapote sur son clavier. Il y avait une petite pile de dossiers dont un ouvert. Il semble le recopier sur l’ordinateur. Enfin, bon dès qu'il nous a vus arriver, il ferma le dossier et nous regarda.
-Bonjour, que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-il.
-Je… Je viens porter plainte.
-D'accord, pour ?
-Pour… Je pris une profonde inspiration et lançais le mot. Pour viol.
-Ah, d'accord. On va prendre votre plainte, asseyez-vous là-bas. On regarda à droite, dans la direction de son stylo, il y pointait un petit couloir avec des chaises en mousse bleue. Il y avait une porte en face de ces chaises. On s'y assis, silencieux. Une voix masculine nous accueilli.
-Mademoiselle, monsieur, entrez. Il nous invita à rentrer dans son bureau et à m'y asseoir. L’homme était en costume, une veste bleue marine, une chemise blanche et un pantalon assorti à la veste. Je m'assis et il commença à parler.
-Bonjour mademoiselle, je suis le commandant de police Tessier et c'est moi qui vais m'occuper de vous. Alors, nom et prénom s’il-vous plaît.
- Adèle Thomas.
-Date et lieu de naissance ?
-22 septembre 2004 à Paris.
-Vous êtes le papa ? Demanda-t-il à mon père, assis à mes côtés.
-Vous venez portez plainte pour ?
-Pour viol. Il s'arrêta et écouta.
-Ah d'accord. Tu es mineur, on peux prendre ta déposition sous forme d’enregistrement vocal. Vous êtes d’accord ? Je regardais mon père, il accepta. Je t'écoute. Il activa une sorte de petite caméra. Il repris, qui est votre violeur.
-C'est mon professeur de philosophie, M. Lecerf. Dis-je sans remords.
-D'accord, alors, qu’est-ce qui s’est passé ?
-C'était le 25 septembre de cette année. En fin de matinée, à la fin des cours, vers dix-huit heures…
-Le 25 septembre ? Ca fait loin ! Pourquoi être venu parler aussi tard ?
-Je, je sais pas j’avais honte. Il a proféré des menaces, j’ai rien dit.
-Ok, bon on va commencer par le commencement. Ca s’est passé où ? Chez lui, chez vous ?
-Non, au lycée.
-Il avait déjà eu des regards malplaisant ?
-Oui… quand il le pouvait, il regardait mes jambes.
-Vous lui avez demandé d'arrêter ?
-Oui mais il a dit que je me faisais des idées, alors je l'ai cru… et je n'ai plus vraiment fais attention.
-Ensuite ?
-… Après la sonnerie, il m'a demandé de rester dans la classe pour parler d'un devoir. Et puis, quand il n'y a plus eu personne, il a fermé la porte de la classe à clé. Je commençais à avoir peur, il s'est approché.
-Vous ne vous ne vous êtes pas dit que vous pouviez partir à ce moment ?
-J’ai pas eu le temps.
-Ok, qu’est-ce qui se passe ensuite ?
-Je me suis débattue mais il m'a mis un linge dans la bouche. Je ne pouvais plus parler.
-Un linge ? Un mouchoir ?
-Je sais plus, son écharpe verte je crois.
-Ok, continuez.
-Après, il m'a poussé, je suis tombé et il m'a attaché les mains à un pied de table… Ensuite… Ensuite, il s'est déshabillé, et, et m'a lui-même déshabillé.
-Il a commencé par enlever le haut ou le bas ?
-Que le bas.
-Vous êtes complètement nue à ce moment ou vous avez le pantalon la petite culotte au niveau des chevilles? J’hésite, il y a quand même mon père à côté de moi. Tant pis, c’est le moment de parler alors je parle.
-Non, c’est au niveau des chevilles.
-A ce moment là, quelle est votre réaction ? Vous criez ? Qu’est-ce que vous faites ?
-Je vous ai dit, j’avais un linge dans la bouche, je pouvais pas parler. Je vous jure j’ai essayé de crier mais ça ne faisait que l’exciter encore plus.
-D’accord, d’accord, après ?
-Après il a fait des trucs avec son, son sexe.
-Il se masturbait ?
-Je crois oui. J’avais honte, je faisais abstraction de mon père. Je le voyais peu à peu se recroqueviller sur sa chaise. J’étais désolé pour lui, tellement désolé, mais je devais parler. Mon instinct me poussait à parler. Il a commencé à me toucher au niveau du sexe. Continuais-je.
-Il a mis un doigts dans votre vagin ?
-Non. Directement le sexe.
-Il a éjaculé en vous ou il s’est retenu ?
-Je suis enceinte de lui.
-Pardon ??? Vous êtes sûr qu’il est le père ? Peut-être avez vous eu d’autres relations sexuelles après ?
-J’avais personne. J’étais vierge avant lui. Je l’ai appris récemment, c’est pour ça que je suis venu.
-Vous avez fait un déni ?
-Oui.
-Vous n’avez constaté aucun changement ?
-Non, j’ai rien vu.c’est le principe d’in déni.
-Le père présumé, on vous crois hein mais on a pas de preuve matériel pour prouver, est-ce qu’il le sait ?
-Non.
-Vous l’avez appris quand ?
-Il y a deux semaines.
-Ok, donc vous êtes enceinte de sept mois si je compte bien.
-C'est ça.
-Vous avez encaissez le choc ? Moralement ça va ?
-J’ai, j’ai fait une tentative de, de suicide le jour où j’ai appris ma grossesse.
-D’accord, désolé. Vous êtes suivit par un psychologue depuis ?
-Oui.
-Ok, donc vous pensé être sur que c’est lui le père. On regardera ça plus tard. Après, qu’est-ce qui se passe après ?
-Ca a durer quinze minute je crois.
-Comme vous savez ?
-J’avais une montre sur moi.
-Après ?
-Après, il a finit et il m’a dit de ne rien dire.
-Sinon ?
-Sinon il me tuerais et que de toute façon, il s’assurerait que personne ne me croit.
-Ok, quand vous repartez, pourquoi ne pas avoir appelé le17 ou directement aller au urgence?
-Je me sentais mal, je savais pas quoi faire, il était tard, j’avais peur. J’ai fait comme si de rien était et je suis rentré chez moi.
-Et vous monsieur, vous n’avez rien vu ?
-Non, je n’ai rien vu. Dit mon père, il était toujours aussi abattu à cette idée. Je n’ai rien vu.
-Bon, aviez-vous eu une attirance pour cette homme ou est-ce que vous avez pas, ‘faut pas prendre le mal hein, nous c’est toujours à charge ou à décharge, on est obligé de poser des questions qui fâchent. J’ai pas de raison de ne pas vous croire mai est-ce qu’a l’inverse vous étiez attiré par cet homme?
-Pas du tout ! C’était mon professeur ! Jamais je n’aurais voulu être avec lui !
-Est-ce que vous seriez prête à une confrontation, une confrontation c’est avec nous bien sûr ?
-Je, je sais pas.
-En fait on vous mets chacun à un bout de la pièce pour vous posez des questions et c’est à chacun votre tour de parler. Vous voulez là faire ?
-… Je regardais mon père et lu dans ses yeux que c’était à moi de décider. D’accord. Dis-je. Peut-être que se sera douloureux mais s’il le faut, je le ferais.
-Qu’est-ce que vous voulez à travers cette plainte ? Que vous soyez reconnu comme victime, ce qui est tout à fait logique ? Qu’il aille en prison ? Qu’il soit prouvé coupable ?
-Je veux une justice. Je veux surtout éviter à d’autre filles comme moi de subir ça. Je veux prouver mon innocence.
-Mais il n’y a rien a prouver, c’est lui qui vous à violez, c’est lui qui va payer. Vous nous avez dit la vérité ?
-Oui.
-Alors, il n’y a plus de souci à se faire.
-Bon, très bien, je vous donne votre déposition, signez-là là et là. On se recontacte pour la confrontation.
-Il, il va se passer quoi après ?
- Je ne vais pas vous cacher que le parcours, si vous voulez un procès, ça peux être long. En ce qui nous concerne, nous allons interpeller M.Lecerf et le mettre en garde à vue. C'est grave ce qu'il a fait. Dans ce genre de cas, il vous faut un avocat pour vous défendre. Mais nous allons déjà voir ce que dit le professeur. Il se leva et me serra la main comme le fait un patron lorsqu'il conclut un accord. Nous vous tenons informer. Juste une chose. Le directeur de l'établissement est-il au courant de votre situation ?
-Oui. Dis-je.
-Bien, on vous rappelle. Et il ouvrit la porte.
-Ils vont le mettre en garde à vue. Dis-je en réalisant que je venais de passer une grande étape. J'avais la sensation d'être comme libéré d'un fardeau. J’étais sur le seuil de la porte, dehors. Libre. Ca y est, je suis libre.
-Je ne pensais pas que ce tu avais subis étais aussi violent. Dit mon père. Je suis vraiment désolé.
-Papa, c’est fini. Ca y est. Je lui souris et cette fois c’est un vrai sourire de délivrance. Ca y est, c’est passé ! J’ai conscience que ce n’est que le début d’une longue enquête mais c’est déjà ça. Mon père me prend dans ses bras. On rentre dans la voiture, soulagés. Une fois rentrée à la maison, je me dirige vers la cuisine pour me prendre une canette de coca.
-Merci d’être venu papa. Dis-je à mon père qui lui, enlevait son manteau.
-De rien, chérie, de rien. Me dit-il. Puis il va vers le restaurant. C’est vrai qu’il a du fermé occasionnellement son resto’ pour m’emmener au commissariat, mon père est géniale ! Je le laisse partir, je pense qu’il part pour aller encaisser tout ce qu’il a entendu au commissariat.
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