XXII
-Adèle, tu peux rester deux minutes ? J’acceptais, me retournait et alla vers son bureau. En y allant, je croisât Vincent, il avait le sourire aux lèvres. Adèle, je te trouve vraiment courageuse de revenir au lycée ! Tu as le soutien de toute l’équipe et puis si jamais y a quoi que ce soit, je suis là. Me dit-elle en souriant. Elle est sincère cette prof, je l’aime beaucoup. Je la remercie et tourne les talons. Vincent est à la porte, adossé au mur. Ce grand garçon aux blonds cheveux m’attendait. Dès que je sortit de la salle il vint me voir.
-Alors comme ça on revient en cours ?!
-Ouai. Lui dis-je sans grande conviction.
-Mouai, pas super en forme toi. Je le regardais, il a ce pouvoir a mettre à l’aise quand il le faut c’est impressionnant ! En un instant, il avait compris.
-C’est Adam hein ? C’est un con ‘faut pas l’écouter.
-Je sais, je sais. Soufflais-je.
-Bon, t’en veux une ? Me dit-il en me tendant une des deux madeleines qu’il avait sorties.
-T’es sûre ?
-Bah oui sinon je ne t’en aurais pas proposé ! Vas-y ! Me dit-il en souriant. Nous mangeâmes nos madeleines en allant en cours d’anglais. Une conversation s’est installée alors qu’on marchait tranquillement dans les couloirs. Soudain, j’eu envie d’aller au toilette. Ces envies de femmes enceintes me rappellent ma condition.
-Excuse moi, je dois y aller là, on se revoit en anglais. Lui dis-je avant de prendre le premier escalier que je rencontrais pour aller au rez de chaussée. En sortant de cet escalier, j’arrivais dans un hall cernés par plusieurs portes de salles de classe. Je ne fis pas très attention aux regards indiscrets et sortit dans la cour. A gauche de cette sortie, il y a l’infirmerie et la cantine. Si on tourne encore à gauche, on a les toilettes pour filles. J’y rentre d’un pas pressé et me dirige vers une cabine de toilette. Une fois dedans, je me soulage de cette envie pressante. Assise, je regarde mo ventre, si rond. J’entends la voix de deux filles, surement des populaires, parler entre-elles dehors. Elle doivent être en train de se remaquiller. Je tend l’oreille pour écouter leurs conversation, j’ai cru entendre mon nom.
-T’y crois toi ? Il s’est passé quoi pour que cette fille veuille se donner la mort ?! C’est ouf ! Dis l’une.
-Si ça se trouve, elle se fait harceler. Dis l’autre. J’entend alors une troisième voix de fille que je ne connais pas, surement une terminale.
-Ce serait bien le genre tiens !
-Ca va pas de dire des trucs pareils ! Vous pouvez pas allez piailler ailleurs franchement, des gamines quoi ! J’entends les deux filles sortir, quelle éloquence ! Le respect incarné ! J’ai finit, en me rhabillant, je vois qu’en fait, on voit un petit bout de ventre pointé. Impossible de le dissimuler, de toute manière tout le monde va pas tarder a être au courant donc bon, tant pis. Je sors de la cabine, la fille qui m’a défendu est toujours là, elle se lave les mains. Je m’approche du robinet pour faire de même lorsqu’elle commence à me parler.
-Les écoutes pas, se sont vraiment des gamines, j’aimerais bien savoir ce qu’elle ferait à ta place. Me dit-elle.
-Co, comment tu sais que c’est moi ?
-J’étais juste à côté, tu lui ressembles beaucoup trop pour que ce ne soit pas toi.
-Merci, de m’avoir défendu.
-De rien, c’est normal, entre filles intelligentes, faut se soutenir !
-Ba merci quand même.
-Allez salut, prend soin de toi ! Ciao. Me dit-elle en sortant des toilettes. Je la vois partir, elle rejoins deux garçons et ils s’en vont. J’ai finis de me laver les mains, je sors aussi. La sonnerie sonne, je monte en anglais. Je rejoins le groupe que forme ma classe devant la salle de classe. Les gens parlent entre eux, c’est le brouhaha. Moi je reste dans mon coin, seule, comme avant. En fait, non. Vincent est à côté de moi. Il fait un avion de papier. Je le regarde faire, il a l’air passionné dans ce qu’il fait. L’avion qu’il confectionne a tellement de détail ! Sa création est stoppée par la prof qui ouvre la porte de la salle. ‘’Hello, come in, come in.’’ Dit-elle pour nous encourager à y aller. ‘’Oh Adèle, nice to see you again !’’ me dit-elle. Je rentre dans la salle et m’assois à ma place. Le cours commence, la prof nous rends des devoirs, nous en donnes, un cours normale en somme ! Une demi-heure est passée lorsque je le sens bouger, c’était pas trop le moment mais bon, je ne peux pas l’en empêcher. Je suis quelques secondes déconcentrées par ce petit moment qui me rappelle que je ne suis plus une lycéenne comme les autres. Je fais abstraction de ce moment et réintègre la leçon. Les heures défilent tout comme les cours. Vincent est resté près de moi toute la journée, il est vraiment sympa. 16h, je finis les cours et sors tout de suite du lycée. Cette première journée s’est passé mieux que prévu. Je vois le bus arriver alors je presse le pas. Je rentre dans le bus, il est un peu bondé. J’ai un peu mal au dos, j’hésite beaucoup à prendre une place handicapée, personnes âgées et femmes enceinte. J’appartient désormais à cette dernière catégorie. Poussée par mon mal de dos qui persiste, je m’assois à cette place et pose mon sac par terre. Je me sens mieux assise, j’avais un peu peur de tomber, j’avoue. Quelques adultes et un vieil homme s’offusquent de mon geste mais je m’en fiche. Je mets mes mains dans la poche de mon sweet et je le sens. Il bouge toujours un peu. Il y a quelques lycéens qui me regarde, je m’en fiche. Je descends à mon arrêt et rentre chez moi. Je peux enfin enlever mon sweet. Mon ventre dépasse de mon t-shirt, il faudrait peut-être que je m’achète des vêtements de grossesse. Ca commence à urger là ! Je pose mes clés dans le bol des clés et monte dans ma chambre avec deux tartines de chocolat. J’ai chaud, je me sert donc un verre de jus. Mon père se précipite vers moi dès qu’il me voit rentrer.
-Alors ???
-Alors ça s’est passé, voilà tout. Lui dis-je en souriant. Je monte, bisous.
-Euh… oui, non rien, vas-y bisous, repose-toi s’il-te-plait, c’est importany. Dès que je rentre dans ma chambre, je laisser tomber mon sac par terre. Mon téléphone vibre, c’est le groupe de la classe. J’y vais par pur curiosité. Les massages fusent, des messages de types : ‘’vous l’avez vus’’, ‘’elle est revenue’’, ‘’vous pensez que c’est qui le père’’, ‘’pourquoi elle est revenue’’, des choses comme ça. Dès que je vois les messages, je ne peux m’empêcher de penser à leurs insouciances. Mais bon, je n’ai pas le temps, j’ai des devoirs à faire. La fin de la journée c’est passé sans problème, par contre, il n’a pas arrêter de bouger. Par exemple, on avait finit de diner et Gérôme et moi étions dans le canapé à regarder un nouvel épisode de Falco, une très bonne série policière française. Moi j’étais allongée sur le canapé les jambes sur celle de Gérôme. Je le sentis bouger. J’en parlais alors à Gérôme et il me demanda s’il pouvait le toucher. Ca m’a fait un peu bizarre mais j’ai accepté. Il rigolé quand il a senti une bosse se former. ‘’Impressionnant’’ qu’il disait ! Ce petit moment était à part, comme dans une bulle. La main de mon frère posée sur mon ventre me faisait bizarre. Je me retirais soudainement de ce canapé, allant me réfugier dans la cuisine. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, je crois que ça ma fait peur. Quo qu’il en soit, Gérôme dit pause et vint me rejoindre dans la cuisine.
-Eh p’tite sœur ca va ?
-Oui pardon, oui ca va. Je crois que je suis fatigué là, je vais aller me coucher je pense. Lui dis-je.
-Oui, bien sûre, on verra la fin demain. Me répondit-il souriant. Je rentrais alors dans ma chambre et m’affalait dans mon lit. Je m’endormais après avoir mis mon réveil à 7 heures.
Mon réveil sonne, il est 7h. J’ai pas beaucoup dormit, ce ventre prend de plus en plus de place, ça m’empêche un peu de bien dormir. Bref, je me lèvre, prend mon petit dèj’ et à 7h30, je suis sur le seuil de ma porte, sur le point de partir. Une nouvelle journée s’annonce, il fait beau, le ciel est clair et le soleil éblouissant. Je prends le bus. J’essaye de me trouver une place au fond pour éviter les réflexions quand je prends les places priorités. Souvent j’en trouve une, comme aujourd’hui, tout au fond du bus. Je m’y assois et met mes écouteurs. La musique adoucit les mœurs, ce n’est pas faux. Assise comme ça, je repense à ma vie, ce que je traverse est difficile mais je vis au jour le jour. Je fais attention à ce que mon ventre se voit le moins possible mais c’est devenu compliqué. Ça se voit, je dois m’y résoudre. Pour l’instant je n’m’y fais pas trop, on verra ce que l’avenir nous réserve. Soudain, perdue dans mes pensées, mon téléphone sonne. C’est le commissariat. J’enlève de suite mes écouteurs et prend l’appel.
-Allô ?
-Allô ? Mselle Thomas ? Me répond une voix d’homme, celle du commissaire je paris.
-Oui, c’est toujours moi.
-Oui, je voulais vous prévenir, il a avoué. M.Lecerf a avoué le viol, on a ses aveux. Une larme coula sur ma joue, une larme de répit. Ca y est, il a avoué ! Mselle Thomas ? J’étais littéralement en train de pleurer de joie.
-Ou, oui. C’est super ! Dis-je d’une voix tremblante d’émotion.
-Ca va aller ?
-Maintenant, oui.
-Il va être déféré au parquet, puis jugé pour viol et agression sur mineur. Il va y avoir un procès, je vous informerais des étapes à faire ok ?
-O, ok, oui, c’est très bien. Merci, merci tellement. Lui dis-je.
-Derrien, c’est normal, la justice s’est notre boulot ! Allez, je vous laisse, prenez soin de vous, à bientôt ! Et il raccrocha. Je fus tellement soulagée ! J’essuyais mes larmes avec un mouchoir en papier que je tirais de mon sac. Ca y est, il va vraiment être jugé ! Ca fait tellement du bien de se dire que justice sera faite ! Il a avoué, qu’est-ce qu’il l’a poussé à faire ça ? En fait, je m’en contrebalance ! Je suis juste contente de savoir que cette pourriture va finir en prison. L’homme assis à côté de moi me demande si ça va. Je lui réponds, sourire aux lèvres, que tout va bien désormais et remet mes écouteurs. Quelle bonne nouvelle de bon matin ! Je me rends compte juste après que j’avais ma main posée sur mon ventre inconsciemment durant tout cet appel, comme pour me rappeler ce dernier problème dont je n’ai toujours pas la réponse. Je le laisse de côté et me concentre sur cette nouvelle si réjouissante. Je respire enfin à plein poumon ! Je sèche mes larmes et souris, ça y est ! La journée s’est grossomodo bien passée, sans trop de souci. Pareil en rentrant chez moi.
Là, il est midi, on est jeudi. J’attends dans la queue pour aller à la cantine lorsqu’on m’agrippe avec force le bras gauche. Je me dégage rapidement en criant de peur et de douleur, la main qui m’a agrippé a pris le mauvais bras, la manche de mon sweet se teint d’un rouge sang au niveau de ma cicatrice. Je crois qu’elle vient de lâcher. Les gens dans la file se sont retournés et me fixent des yeux. Je suis démunie, un surveillant qui passe par là rappelle à l’ordre la file. J’ai mal au bras, le sang se repend lentement sur le tissu. Je quitte la file sans réfléchir et me réfugie dans les toilettes. Là, j’y remonte ma manche, effectivement, la cicatrice a lâché. Et merde ! ça cicatrisait putain ! La douleur passe, mais maintenant, il faut que j’arrête le saignement. Je passe mon bras sous l’eau du robinet et me fait une compression sur la cicatrice pour stopper le saignement. Une fille entre dans les toilettes, elle fait partie du groupe de filles sympas de ma classe qui m’a témoigné son soutien devant la classe d’anglais.
-Désolé, je voulais vraiment pas te faire mal ! Me dit-elle, elle est super désolée, ça s’entend dans sa voix. Je, je voulais juste te proposer de venir déjeuner avec nous. Continua-t-il. Je lève la tête et euand je la vois, je n’ai pas envie de lui en vouloir. Elle a un bon fond.
-C’est, c’est pas grave. Lui dis-je, en mentant un petit peu. La fille, se rapproche de moi.
-Je, je peux t’aider ? Me demande-t-elle. Vraiment je voulais pas te faire de mal, excuse-moi.
-C’est bon, t’inquiètes je gère ! Lui dis-je.
-Tu veux pas aller à l’infirmerie quand même ?
-Pour qu’ils me donne un doliprane ? Nan franchement, ça va aller. Je sors un pansement de mon sac. J’ai toujours eu un pansement sur moi, au cas où. Cette fois, il va me servir. Je me le pose, elle me regarde encore plus désolée. ‘’T’inquiètes pas j’te dis, ca va aller pour moi.’’ Tentais-je de la rassurer.
-Je pensais pas que c’était aussi profond, t’as dû vachement souffrir !
-… Je ne répondis pas.
-Oh, pardon, c’est pas ce qu’il fallait dire, excuse-moi.
-Tu sais quoi, arrêtes de t’excuser franchement, ca va pour moi. Pas besoin de t’excuser tout le temps, c’est bon t’inquiètes. Je me rendais compte que mes mots l’avaient surement blessée. Elle qui est toute frêle, toute maigre, on dirait une allumette ! Non, pardon, c’est pas ce que je voulais dire. En ce moment j’suis un peu à crans, excuse. Lui dis-je, elle se repris.
-Tu veux toujours pas venir manger avec nous ? Je pensais pas qu’elle me reposerais la question vu la gêne qu’elle éprouve en ce moment même. Je sais pas quoi répondre. Soit je refuse et elle se sentira encore plus coupable, soit j’accepte et je dois manger avec ses copines. Que faire ? La fille en question me regarde toujours un air suppliant, impossible de ne pas le fuir. Cette fille ne mesure pas 1m70, deux tresses dévalent le long de son torse, elle a des lunettes rondes et un bracelet avec un emoji lapin dessus. Elle fait un peu gamine vu comme ça mais je suis la première qui dit de ne pas se fier aux apparences. ‘’Allez viens. Tu manges avec nous !’’ me dit-elle en souriant. Je reste immobile et la vois se diriger vers la sortie des toilettes. Elle se retourne en voyant que je ne la suis pas du tout. ‘’Allez viens !’’, elle répète. Là, je me sens obligée, de la suivre. Je ne sais pas pourquoi mais mon corps se met en marche. Comme s’il prenait les décisions à ma place. Mon subconscient essaye de me dire quelque chose que je refuse de faire, sociabiliser
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