XXVIII
-Tiens ? C’est quoi ça ? Mon père aussi est surpris. J’hésite, elle doit penser que j’ai recommencé à un autre endroit. Je m’empresse de lui répondre.
-Oh, c’est rien, j’ai du me cogner contre un meuble.
-Ca t’arrives souvent ?!
-Des fois j’ai deux pieds gauches, je fais avec.
-Mais ce n’est pas lié à des vertiges ni rien ?
-Euh non, non.
-Vraiment ?
-Oui oui. C’est là que la partie maternel prend le dessus. Pourquoi, c’est grave ?
-Non, sauf si tu fais une chute, mais ne t’inquiètes pas, dans la majeur partie des cas, le liquide amniotique et la paroi de l’utérus protège l’enfant des chocs. Tout va bien. Bon, allonges-toi et remonte ton sweet. Tu dois avoir chaud là-dessous non?!
-Non, ça va. Dis-je en m’allongeant.
-On attend le soleil hein !
-Hmm. Dis-je en remontant un peu tremblante mon sweet. Je ne le montre jamais comme ça, devant tout le monde. Je me rends encore plus compte de la grosseur de mon ventre lorsqu’elle étale le gel dessus. Je suis un peu surprise par la froideur du gel, elle sourit.
-Allons mon bon monsieur, approchez-vous. Dit-elle à mon père. Il est resté près du bureau, statique. Il s’approche de moi d’un pas hésitant, je pense que c’est la grosseur de ce ventre qui l’impressionne. On ne le voit jamais, à la maison, je suis toujours couverte. A vrai dire, moi aussi, il me fait peur, j’ai peur de ce qu’il y a à l’intérieur. Je l’ai déjà vu et pourtant j’ai aussi peur que la première fois. Voir ce mélange d’ADN dans mon ventre me remonte presque à la gorge pourtant, il y a cette part de moi, cette part maternel qui demande à savoir s’il va bien, s’il est en bonne santé, si tout va bien comme elle le dit. Cette part sommeil en moi la majeur partie du temps, quand je n’y pense pas. Pourtant, là, je suis toujours aussi partagée, le haïr ou l’aimer, un peu ? Mon père me prend la main, on échange un regard que je n’oublierais jamais, un regard qui veut dire : ’’ je suis là, près de toi et tout va aller bien ma fille’’. L’obstétricienne passe l’émetteur sur mon ventre en étalant le gel. Soudain, une image apparait en noir et gris. Il n’y a rien. L’obstétricienne bouge l’objet à la recherche de l’enfant.
-Et bien ? Où s’est encore caché ce petit ? Elle cherche encore quelque minutes puis s’exclame ‘’Ah le voilà !’’. En moins d’une seconde, mes yeux quittent ceux de mon père et sont rivés sur le petit écran. Le voilà l’enfant qui grandit en moi. Mon père hésite à regarder, je sais qu’il regarde ma réaction. Je lui souris, un peu par pitié pour cet enfant et il accepte de regarder l’écran. Ces yeux brillent, il y a là, sur l’écran et dans son ventre, son premier petits-enfants. Au grand loto de la vie, ce n’est pas Gérôme qui lui offrira une descendance en premier mais moi.
-Je ne te l’ai pas proposé la dernière fois parce que bon, ce n’était pas le moment mais veux-tu connaître le sexe du bébé ? Me demanda-t-elle. J’hésite, mon père me regarde l’air de dire ‘’c’est ton choix ma fille.’’. Je ne sais pas, j’aimerais le savoir mais savoir, c’est se préparé en quelque sorte. Si je l’abandonne, ce sera plus dur. La victime refuserait de connaître le sexe de l’enfant qu’elle porte mais la mère brule d’envi de savoir.
-Non… c’est bon, dis-je en baissant le regard. La femme regarde mon père qui à l’air un peu déçu, je sais qu’il respecte ma décision mais je pense qu’il aurait bien voulu savoir.
-Je peux le noter sur un papier que je mettrais dans une enveloppe que tu pourras ouvrir si tu veux. Ton père peux le savoir s’il garde bien le secret. Mon père s’illumine et me regarde en attente d’une réponse positive. Je ne peux pas lui refuser ça, de toute manière je ne sais pas ce qu’il préfère, il m’a déjà dit que l’un ou l’autre, il serait content dans les deux cas.
-D’accord, oui c’est bien ça. Dis-je. Je regarde mon père qui à l’air très content de ma réponse. Le femme bouge un peu l’appareil et sourit. Elle prend alors un papier, note quelque chose que je ne vois pas et la met dans une enveloppe avant de la donner à mon père. Il la garde, hésite avant de l’ouvrir et de tirer un petit peu le papier histoire que je ne vois pas le mot. A la lecture, il sourit, range le mot et ferme l’enveloppe.
-Promis je dis rien. Me dit-il, toujours souriant. Les yeux rivés sur l’écran, il fixe l’enfant. Je ne sais pas ce que je ressens, je ne me comprends pas. L’obstétricienne me regarde, je baisse les yeux. Je ne sais pas quoi penser. Mon père à l’air content alors moi je devrais l’être aussi ?
-Je vérifie juste son petit cœur et puis s’est bon. Rappelle-t-elle. Elle appuie sur un bouton et un cardiogramme s’affiche à droite de l’écran. Un boum boum régulier se fait entendre. C’est le cœur de ton bébé que tu entends. Me dit-elle souriante. J’ouvre la bouche mais je ne sais pas quoi dire, aucun son ne sort. J’ai l’impression que ce battement régulier prend de l’ampleur au fur et à mesure des secondes, comme si il s’emparait de mon esprit. Je fixe mon ventre, le son que j’entends provient de là. Je l’entends pour la première fois et je ne sais quoi penser. Je crois que je réalise réellement l’ampleur de ce qu’il s’est passé. Ce son résonne dans mes oreilles comme un appel à la raison. ‘’Tiens, j’ai finit’’ Dit-elle en me tendant un mouchoir, elle appuie ensuite sur un bouton et des feuilles sortent de la machine. J’essuie mon ventre, un petit garçon s’y cache. Une fois nettoyé, je jette le mouchoir dans la poubelle et me redresse. Elle est partie à son bureau avec les feuilles qui sont sorties de la machine. ‘’Venez, venez, asseyez-vous.’’ Nous dit-elle en montrant les deux chaises en face de son bureau.
-Alors, et bien il va très bien, il n’y a aucun problème lié à ta chute. Il est toujours un peu petit mais c’est normal pour les enfants du déni. Tu en es à sept mois de grossesse, tout se déroule très bien. Il faut éviter les gros efforts, tu as arrêté le sport dis-moi?
-Hein ? Euh oui, oui. Je suis encore sonnée par ce que je viens d’entendre, ce son qui continue silencieusement de bourdonné dans mes oreilles, un peu comme un échos bruyant.
-Bien, tu vas toujours au lycée.
-Oui.
-Tu compte y allez jusqu’au bout ?
-J’aimerais bien, j’ai le bac à la fin de l’année, je ne peux pas me permettre de rater les cours surtout avec, ça…
-Je comprends, mais il faut bien que tu te reposes, c’est très important maintenant. Se reposer le plus possible, pas d’efforts physique, etc.. Il faudrait peut-être alléger ton emploi du temps voir même ne plus y aller, ce serait la meilleure des choses, ton accouchement est dans un mois, c’est très fatiguant à ce stade, je vais contacter le directeur de ton lycée.
-Oui. J’y veillerais. Promet mon père. Je le regarde, il sourit l’air de dire ‘’ je vais bien m’occuper de toi, ca va aller.’’
-Tu as commencé à réfléchir sur ce que tu veux faire après l’accouchement ? J’imagine que tu en parle avec la psy’ mais tu as une idée ? Sur cette question, je flanche un peu.
-Je, je ne sais toujours pas. Voyant que je suis un peu embarrassée, elle vient à ma rescousse.
-Ne t’inquiètes pas, tu as encore un peu de temps pour réfléchir. Et puis je vois que tu es entourée, c’est très bon pour toi et le bébé. Tu peux le laisser à l’adoption, tu as deux mois après la naissance pour réfléchir et revenir chercher ton bébé. Tu peux toujours accoucher sous X, ainsi ton enfant ne saura rien de ce qu’il s’est passé, tu pourras lui laisser un petit quelque chose qu’il recevra le jour de ces 18 ans.
-Je, je ne sais pas. Désolé…
-Y’a pas de souci, je comprends. Réfléchis. Tout va bien se passer.
-Euh, j’hésite à parler.
-Oui ?
-Comment, comment ça va se passer l’accouchement ?
-Oui, alors c’est simple. Dès que tu sens les premières contractions ou que tu perds les eaux, tu vas à l’hôpital directement. Ce n’est pas que c’est dangereux de donner naissance mais à ton âge, ça peut être délicat. Enfin, je suis sûre que ça va bien se passer. Bref, on va t’accueillir et t’emmener dans une chambre, où on va surement te perfuser et si tu le veux, te poser une péridurale. Et puis le travail va commencer quand les contractions se rapprocheront, on te transfèreras dans la salle d’accouchement où tu accoucheras.
-Et, et une césarienne est envisageable ? Demanda mon père. J’en suis un peu surprise par la question.
-Oui mais les sage-femme privilégieront toujours un accouchement par voie naturelle, sauf si la vie de la mère, ou celle du bébé est en danger.
-Avez-vous d’autres questions ? De toutes manières, s’il y a un problème, tu peux toujours m’appeler. Tiens, je te donne des coupures sur les grossesses précoces comme la tienne, d’autres sur l’adoption. J’ai préparé tout ça, tiens. Et elle me donne tout ce qu’elle a préparé. Je les prends et les mets dans mon sac de cours. Elle me donne aussi la dernière échographie, les feuilles qui sont sortis de la machine. Je vois l’enfant que je porte là, sous mes yeux. Couché sur une feuille de carte postale presque, je le vois. Ce petit être qui s’est logé dans mon ventre sans que je le sache, ce petit-être deux gênes tellement différents. Qu’est-ce qu’il va garder de son… géniteur ? L’obstétricienne se lève, j’ai raté un peu la discussion entre adulte mais ça n’a pas du être assez intéressant. On sort du cabinet, j’ai l’écographie dans la main, mon carnet de santé dans l’autre. On rentre dans la voiture, silencieusement.
-Tu me dit pas, pour le sexe hein ?
-J’ai promis Adèle, une promesse est une promesse. Je regard l’enveloppe rouge poser à côté du frein à main. Dedans, il y a écrit le sexe de l’enfant que je porte. Je ne sais pas si je vais donner naissance à un garçons ou à une petite fille. Nous rentrons à la maison. Je remercie mon père d’être venu avec moi et monte dans ma chambre. Je range mon carnet de santé à sa place et regarde l’échographie. Je pose ma main sur mon ventre, tu es là, juste là, tu grandis vite ! Excuse moi, je ne sais pas quoi faire, je suis perdue… Ce ventre est devenue si gros en l’espace d’à peine quelque semaines. Huit mois que ca s’est passé, sept mois que tu es là, logé dans mon ventre. Sept mois. Dans quelques mois, tu n’y seras plus, tu seras partie. Quoique je fasse, quoique je décide, ma vie ne sera plus la même. Te garder ou t’abandonner ? Je regarde les papiers que ma donné l’obstétricienne, certains parlent d’adoption et d’abandon. J’en feuillette quelques, ça ressemble drôlement à un mirage. Une idée me vient à l’esprit. Je compose un numéro, ça sonne.
-Oui allo ? Adèle, ca va ? Qu’est-ce qui se passe ? Réponds la voix.
-Vincent ? Tout va bien, t’inquiètes pas ! Je, je voulais juste te demander quelque chose.
-Ah, euh oui ? Qu’est-ce qu’il y a ?
-Je, j’aimerais savoir, c’est délicat… Dis-je d’une petite voie.
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