Les cauchemars
Il était tard dans la nuit, le vent soufflait tellement fort dehors, semblant crier des avertissements que j'ignorais. Soudain, j'entendis quelqu'un sonner à ma porte. Qui pouvait bien frapper à une heure aussi tardive ? Mon cœur s'emballa, l'angoisse s'installa dans ma poitrine.
Je me levai,le souffle court, mes poignets mouillés de sueurs froides. Chaque pas que je faisais vers la porte résonnait comme un tambour. Je désirais regarder à travers le judas avant, mais une force mystérieuse me poussa à ouvrir sans regarder.
À l'entrée, le monde semblait avoir basculé. La lumière du couloir me présentait une silhouette ténébreuse, immense, aux contours flous, mais d'une présence omniprésente. Avec des yeux qui brillaient comme des braises, le monstre avança et entra chez moi sans hésitation. Un frisson me parcourut l'échine. Derrière lui se tenait une entité que je traînais depuis longtemps, un poids que je n'arrivais pas à me défaire : Le Fardeau qui emboita le pas du premier monstre.
Enfin, la dernière présence qui entra chez moi était le silence. Un vide béant qui semblait absorber toute la lumière et tout son, qui me laissait souvent seule avec mes pensées les plus sombres. Immobile, comme une statue, son air flottant volait les mots de ma bouche.
- Que faites-vous là ?, Réussis-je à articuler, la voix tremblante. Le Monstre s'avança, son souffle chaud chargé de rancœurs.
- Loin de là de te nuire, mais pour te confronter, dit-il d'une voix rauque qui résonna dans la nuit. Nous sommes une partie de toi, et tu ne peux plus nous ignorer.
Le Fardeau s'approcha, son regard perçant, et prit la suite sans me laisser le temps de respirer.
- Je suis ce poids que tu portes sur tes épaules, ce qui t'empêche d'avancer. Vas-tu affronter ce que tu as en toi, ou vas-tu encore fuir ?
Les yeux baissés, je réalisais que chaque mot qu'ils prononçaient était une lame acérée qui me tranchait. Oui, je fuyais. Je me levai chaque matin en souriant, en prétendant que tout allait bien, mais la vérité était tout autre. J'étais envahie par des angoisses incessantes.
- Je suis ici pour te rappeler que le silence n'est pas un refuge, murmura le Silence, d'une voix douce comme le souffle du vent. Tu penses m'échapper mais dans le silence, tu fais face à tes démons. J'aspire à ce que tu détruises cette muraille que tu as bâtie autour de toi.
Le Monstre se dressa devant moi, tentant de m'obliger à le regarder.
- Tu portais un masque, jouais un personnage, mais je suis là pour te montrer que tes peurs ne sont pas invincibles. Confrontons-nous, et fais face à tes cauchemars.
Le silence s'installa, je réalisais alors que je n'avais d'autres choix que d'affronter cette réalité. L'intensité de mes émotions déchirait mes entrailles, comme si elles insistaient pour être entendues.
Le Monstre se mit à rugir, une impressionnante onde de terreur.
- Rappelle-toi, ce n'est pas ma présence qui te terrifie, mais la façon dont tu me perçois.
Surpris par son audace, je pris mon courage et levai la tête. Dans son regard, je vis une lueur qui commençait à se dissiper. Peut-être qu'il n'était pas aussi horrible que je ne l'avais pensé. Le Fardeau s'approcha lentement, racontant ses histoires de souffrance et d'échec, révélant la vérité sur les combats que je n'avais jamais osé me confronter.
- Chaque échec est une leçon, affirma-t-il. Chaque fardeau peut être partagé, si tu le permets. Regardes au-delà de ta souffrance.
Le Silence, bien qu'éthéré, se mit à côté du Fardeau.
- Dans l'inconnu se trouve la liberté, murmura-t-il. Apprends à savourer la solitude et laisse-la t'embrasser.
Au fur et à mesure de leurs révélations, un poids sembla s'alléger dans ma poitrine. Derrière chaque peur, chaque pan de silence et chaque fardeau se cache une vérité qui mérite d'être entendue.
Avec détermination, je devais affronter mes cauchemars. Peut-être que leur visite n'était pas mauvaise et qu'ils n'étaient pas mes ennemis, mais plutôt des parties de moi-même que je devais accepter et apprivoiser.
En levant les yeux pour les regarder dans les yeux, je les vis se transformer lentement. Au lieu de monstres, je vis des silhouettes éclairées. Des témoins de mes peurs qu'il fallait libérer.
- Vous êtes chacun une partie de moi, confirmai-je avec force, le cœur battant à tout rompre. Je ne vous fuirai plus.
Le Monstre, le Fardeau et le Silence échangèrent un regard avant de se dissiper, comme s'ils n'avaient jamais sonné à ma porte.
Je pris une profonde inspiration et fermai les yeux. Mes cauchemars m'avaient rendu visite et m'avaient aidé à accepter la part de moi que je détestais.
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