La mine des nains

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Blanche-Neige n'eut pas de mal à trouver la mine. Elle avait craint de tomber sur des sentinelles, mais les nains n'avaient laissé personne pour surveiller l'entrée. Pire encore, la clé du débarras ou ils rangeaient leurs outils était sur la serrure.

Une irrésistible curiosité la poussa à en examiner le contenu... et quel contenu !

Outre les quelques outils et brouettes dont ils se servaient dans leur travail, les nains avaient laissé sur place une partie de leurs richesses: diamants, saphirs émeraudes, mais aussi des colliers, des bracelets en or sertis de pierres précieuses et des monnaies dont Blanche-Neige aurait été bien en peine de deviner la provenance.

« Ces nains me semblent bien riches, et bien imprudents, pensa-t-elle. Quelle sera leur réaction s'ils me découvrent dans leur mine ? Le plus sage serait de les observer quelques temps avant de me montrer. »

Blanche-Neige se cacha dans la mine, assez près de l'entrée pour entendre l'arrivée des nains, et attendit...

* * * * * *

— Hei hi, Dormeur ! Le soleil est déjà levé ! Il est temps de se lever.

— Hei Ho, Prof ! Tu es sûr que c'est déjà le matin ? Il me semble que c'est juste un rayon de lune un rien plus lumineux que les autres...

Pour toute réponse, Prof le nain tira violemment le rideau, la pièce baigna dans une vive lumière.

— Atchâââ ! protesta une voix.

— Hei hi, Atchoum ! s'exclama Prof. et à tes souhaits.

— Hei ho, Prof ! répondit Atchoum. Voilà que mon rhume des foins me reprend.

— Oh, il faut toujours qu'il y ait un pour râler, grogna grincheux.

— Et il y en a toujours un pour grogner quand les autres râlent, chantonna Joyeux, un pour ronfler quand les autres travaillent, un pour éternuer quand les autres respirent le bon air de la forêt, un pour réfléchir quand les autres sont insouciants, un pour se cacher quand les autres se montrent, n'est ce pas Timide ?

— Oh, tu parles de moi ? fit Timide en rougissant.

Un nain plus petit que les autres vint tirer Joyeux par la manche. Il se distinguait des autres par un sourire béat et une absence totale de pilosité faciale.

— Hé ! J'allais oublier le meilleur d'entre nous... il y en a toujours un pour... un pour... et bien je ne sais pas un pour quoi, Simplet, mais il y en a toujours un comme toi. Voilà une belle journée qui s'annonce, une belle journée de travail à la mine.

— Oh ! En voilà assez ! s'exclama Grincheux. Toutes les journées à la mine sont exactement les mêmes, on travaille dans le fond d'un tunnel, sans même savoir s'il pleut ou s'il y a du soleil, et on rentre le soir épuisés. C'est une journée pareille aux autres qui s'annonce et ce qu'on fera aujourd'hui ne changera rien à ce que nous aurons à faire demain et les jours suivant.

— C'est vrai, renchérit Dormeur. Alors on pourrait se recoucher et aller travailler demain ?

— Non, fit Prof, non non et non ! On ne reste à la maison que le dimanche, et on ne reste pas couché toute la journée, puisqu'il faut se laver.

— Et bien je suis content qu'on ne soit pas dimanche, grogna Grincheux.

— Moi aussi, ajouta Atchoum. L'eau froide n'arrange rien pour mon rhume.

— Et bien les amis, fit Prof en guise de conclusion, puisque nous sommes tous d'accord, allons au travail !

Et quelques instants plus tard, les nains quittèrent leur chaumière et se rendirent à leur mine d'or en chantant joyeusement....

« Hei hi ! Hei ho !

Hei la, Hei la, Hei la !

Hei hi, Hei ho !

Hei hi, Hei ho !

Hei la ! Hei la ! »

* * * * * *

Hei hi, hei ho heila !

— C'est presque ça Mordred, s'exclama Fradj, mais pas tout à fait. Attendez, je vais m'accompagner au Luth pour vous le chanter ce sera beaucoup mieux... Et bien Firelyne ? Tu n'as pas envie de chanter ?

— J'arrive plus à suivre ton histoire ! Y'a trop de personnages...

bom !

— Vous avez entendu ? fit Mordred. C'est le fantôme du Dragon !

— Quel dragon ? demanda Fradj.

— Oh, on ne sait pas s'il y a vraiment eu un dragon, répondis-je. Mais peu avant la naissance de Firelyne, il s'est passé des choses bizarres... tout le monde au château a rêvé d'un dragon exactement en même temps, et il y a eu ce bruit... Comme si un fantôme voulait manifester sa présence.

— Et il y avait un fantôme ? demanda encore Fradj. Vous avez fait venir un exorciste pour lui parler ou pour le chasser ?

— Et bien non... il n'y avait pas de fantôme... c'était un écuyer qui était tombé du banc où il dormait.

— Si les écuyers dormaient par terre, ça n'arriverait pas, fit Mordred. D'ailleurs mon père dit qu'on ne devrait pas laisser de bancs dans les couloirs.

Ce gamin était décidément sans pitié.

— Mais il fait froid, par terre, répondis-je. Enfin ! Il n'y avait pas de fantôme mais on est à peu près sûr qu'il y avait l'esprit d'un dragon ou quelque chose du genre parce que... voilà !

Tous les regards se tournèrent vers Firelyne qui nous fixait les yeux grand ouverts.

— C'est quoi tous ces nouveaux personnages ? Ils n'ont même pas de nom et il y en a tout plein...

— Ah, les personnages ! s'exclama Fradj. Et bien ce sont les sept nains, tout simplement. Et ils ont chacun un nom qui correspond à leur spécialité: Prof l'ingénieur, qui est aussi leur chef, Grincheux qui râle tout le temps, Simplet qui est un peu sot et qui ne parle pas, Joyeux qui est toujours content, Timide qui rougit quand on le regarde, Atchoum qui éternue tout le temps et Dormeur qui veut toujours dormir... avec des noms pareils, on devine tout de suite la personnalité de chacun. Maintenant, je vais vous raconter leur première rencontre avec Blanche-Neige.

— Bah, c'est trop facile à deviner, s'exclama Mordred. Blanche-Neige va les supplier de lui donner asile, ils vont accepter à condition qu'elle fasse le ménage et la vaisselle.

— Qu'est ce qui te fait croire ça ? demanda Fradj.

— Ben d'abord, les nains sont sales, c'est bien connu, ils ont donc bien besoin que quelqu'un s'occupe de leur ménage. Ensuite, Blanche-Neige est une fille, et les filles ne savent justement rien faire d'autre, à part le ménage et la vaisselle.

— C'est pas vrai ! protesta Firelyne. Pas les princesses. Et puis d'ailleurs, je sais faire plein d'autres choses; même la cuisine...

— Ha ! La cuisine bien cuite ? ricana Mordred.

— Bon, ça suffit tous les deux ! m'exclamais. Laissez Fradj continuer son histoire et ce n'est pas grave si on devine un petit peu certains événements, on ne peut pas être tout le temps surpris, hein ?

— Oh, mais vous serez surpris ! prophétisa le gnome. D'ailleurs, je suis presque étonné que Modred fasse une hypothèse aussi éloignée de la réalité, parce que j'ai mis des indices... sans rentrer dans les détails, maintenant ça va chauffer...

Il faut le savoir, Fradj a une sainte horreur des critiques. Il suffit de lui dire que son histoire est trop simple pour qu'il ajoute des détails à n'en plus finir, il suffit de lui dire qu'elle est trop prévisible pour qu'il rajoute des éléments incongrus...

— Et bien reprends ton histoire et surprends-nous, Fradj ! dis-je en retaillant ma plume.

— Ouais ! rugit Mordred. La suite ! Une belle bagarre ou Blanche-Neige mets la patée aux sept nains !

Pendant que Fradj s'éclaircissait la voix, j'en profitai pour mettre un peu d'ordre dans mes notes et posa sur mon écritoire un nouveau parchemin pour le nouveau chapitre. Je m'attendais au pire pour ne pas risquer d'être désagréablement déçu dans le pire des cas, ce en quoi je me montrais bien trop optimiste: il y a toujours moyen de faire pire que le pire auquel on s'attend...

Et c'est ce que nous allons voir.

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