Les retrouvailles

6 minutes de lecture

Je voudrais pouvoir t’aimer sans m’agripper, t’apprécier sans te juger, te soutenir sans t’envahir, t’inviter sans insistance, te laisser sans culpabilité.

Accueillir l’autre en confiance, comme un cadeau de la vie.

***

Une fois de retour à son domicile, Andrée éprouve le besoin de se prendre une bonne douche pour finir de pleurer et laver son chagrin ainsi que ses émotions fortes de tout à l'heure. Elle avale ensuite une soupe de légumes qu'elle prit soin de se cuisiner tôt le matin. L'estomac calé et les idées plus claires, elle attrape son téléphone, vérifie le chargement de la batterie, et cherche François dans ses contacts, qui en fait, s'affiche juste après Louise dans ses messages.

Il décroche aussitôt, dès la deuxième sonnerie. Il attendait cet appel.

"Bonsoir François, dit-elle d'une voix tremblante, et heureuse de mettre un terme à cette distance somme toute si pénible, qu'elle leur imposa, comment vas-tu ? Veux-tu que l'on se voit demain" ?

"Et toi ? Lui répond son amoureux" ?

Andrée, toute émue d'entendre sa voix suave, son coeur s'emballe, son âme s'embrase. Et dans un phrasé plein de douceur, chargé d'émotions, elle lui raconte sa retraite, en long et en large, y compris son petit coup de blues d'un soir, mais en omettant l'épisode concernant Lola.

Même si elle put enfin aborder le chapitre avec Louise, on ne sort pas indemne d’une semblable révélation. Cela lui semble déjà délicat, de se confier à un homme sur un tel sujet qu’elle préfère ces confidences en tête à tête. Pareil relation de confiance lui apparait nouveau pour elle !

Le réconfort de François sera le bienvenu, et pourquoi pas en profiter pour se blottir au creux de son épaule, elle s'y sent si bien.

Nos deux amoureux discutent ainsi une bonne partie de la nuit, heureux l'un et l'autre de s'entendre, de se parler. Ils raccrochent enfin pour se reposer un peu, non sans avoir fixé le rendez-vous chez François en fin de matinée.

***

Andrée ressemble à une jeunette à son premier rendez-vous. Les mains moites, le cœur qui bat la chamade, la petite voix trop bavarde et les papillons toujours aussi présents dans le ventre. Est-ce un simple béguin, une amourette, ou une relation plus durable dans le temps, tant de question ! Pas si grave, être dans l’ici et maintenant.

Assumer qui on est ! Va-t-elle encore lui plaire ? Que pense-t-il de son vieux corps ?

Complexée, elle appréhende la nudité, mais décide de se montrer telle qu’elle est, au grand jour ! Se raconter par ses cicatrices, par exemple.

Faut-il lui parler de chaque écorchure, de ses failles, de ses blessures, ou vaut-il mieux tout dissimuler ! Non !

Son amoureux les mêmes craintes ? sans aucun doute !

Toutes ces questions en suspens ne doivent plus la torturer. Trois vraies respirations pour les évacuer complétement, lâcher prise.

Aller de l'avant, un pas après l'autre, encore un, puis un second. La seule solution s'avère être le présent, réparé. de nouveau raccomoder ce qui semblait irréparable. Elle.

S'il fallait en passer par cette période de pause trop longue, nécessaire, et indispensable mais maintenant, voici venu le moment de vivre, de rallumer la petite étincelle qui dormait encore en elle.

Elle se sent transformée depuis quelques temps, son visage radieux semble méconnaissable. Elle rayonne, comme débarrassée d'un voile grisonnant levé par une main divine. Ne dit-on pas que les yeux sont le miroir de l'âme !

La chanson, de Véronique Sanson lui trotte dans la tête, si je te pose des questions, qu'est ce que tu diras... ?

Elle déposa du rouge sur ses lèvres, du vert sur ses paupières, un léger crayon noir, un sourire accroché à son cœur et la voilà métamorphosée lorsqu'elle sonne à la porte de son amoureux.

Les yeux et le visage pétillants de François accueillent chaleureusement Andrée. Il la débarasse de sa veste et l'entraine dans la cuisine d'où des odeurs se dégagent, lui chatouillent le nez et la transporte vers leur voyage à Lyon. Un saucisson brioché surgit dans sa mémoire, qu'elle associe de suite à ce merveilleux fumet.

Il passa la matinée à acheter ses provisions au marché couvert et à préparer le déjeuner. Nul besoin de préciser qu'il dut se lever très tôt et au bout du compte, peu de sommeil.

Dans la salle à manger la table déjà dressée, les attend.

Lorsque son hôte apporte l'entrée, Andrée pouffe doucement et applaudit. Elle lui avoue avoir reconnu ce plat aux arômes qu'il degageait. Il lui propose donc, de deviner la suite. Taquine, elle mime une interrogation mais peine à maintenir cette expression et au bout de quelques instants s'esclaffe.

François la couve du regard, l'observe et contemple devant lui, une jeune femme épanouie. Il la découvre rajeunie, différente.

Le plat suivant prouva qu'elle avait vu juste. La veille, Il chercha ce qu'il pourrait bien lui plaire, et soudain lui vint l'idée de concocter un repas traditionnel lyonnais.

Les quenelles de brochets accompagnées de pâtes fraiches, trouvent grâce au palais d'Andrée et les voilà de commenter leur escapade récente dans cette ville ainsi que leurs bons moments.

Il lui sert ensuite une salade accompagnée de lardons à défaut de cervelle de canuts, grande absente de l'étale du fromager, puis lui propose de prendre le café en même temps que le dessert typique de la ville lumière, déniché chez son patissier au coin de la rue.

Pas peu fier, François dépose sur la table une jolie boite de gâteaux, laissant à sa convive le soin d'admirer et de découper l'objet convoité. Andrée soulève lentement le couvercle, découvre une patisserie étrangère à l'emblématique sucrerie de la capitale des Gaules et offre à son compagnon un visage interrogateur. Celui-ci, le minois déconfit, analyse la situation et affirme, que, inopinément, la serveuse, étourdit ou amoureuse tronqua sa commande de tarte aux pralines contre un flan aux abricots.

Leurs regards se croisent, et les voilà d'éclater de rire.

Le déjeuner se termine agréablement bien, dans la joie et la bonne humeur. Mamouna félicite François pour ce délicieux repas, et ce dernier lui propose une petite balade digestive. La fraicheur aidant, ils en profitent pour se prendre la main. Au fil des pas, l'étreinte se renforce. Ils marchent à une allure tranquille tout en discutant.

Notre amoureux lui propose une prochaine sortie ensemble à la découverte du Mont St Michel.

Réaliser la traversée à marée basse, les pieds dans les sables mouvants et pourquoi ne pas survoler cette Merveille en montgolfière. Il en rêve et va se renseigner sans tarder si cette idée semble réalisable.

Leurs téléphones respectifs se mettent à sonner de manière insistante. Louise et Gilles contactent leurs parents pour venir aux nouvelles. Et les voilà invités ensemble à diner le lendemain. Autant surpris l'un que l'autre ils se regardent, avec une telle intensité qu'un tendre baiser les unit.

Ils restent ainsi quelques instants, refusant de rompre ce moment. À cette minute précise, une pluie de papillons, virvolte autour d'eux. Des tas de petits lépidoptères multicolores, comme s'ils se multipliaient à l'infini tel un copié collé qui dansent, flottent au son d'une douce musique dont ils sont les seuls à entendre. Ils perçoivent l'un et l'autre une lueur  emplie de lumière qui s'éloigne à coups de battements d'ailes.

Ils poursuivent encore un peu leur promenade, lorsqu'Andrée, ou plutôt un restant de sa voix négative mourante lui avoue craindre que Louise ou ses petits-enfants pâtissent de cette relation. Mais ils conviennent ensemble que ça n'a pas lieu d'être.

Ils vont se voir de manière progressive, mais gageons que les moments passés ensemble seront assez rapprochés et fréquents.

Ils veulent l'un et l'autre se donner une seconde chance, en construisant et en nourissant au quotidien ce tendre lien, à la fois amoureux, amical, et sincère.

***

Les papillons, eux aussi se réjouissent ! il leur a fallu du temps mais la tâche qu'ils leurs incombaient est accomplie !

Réunir deux coeurs perdus et leur tracer un bout de chemin ensemble. Telle était leur mission.

L'empreinte de leurs ailes restera gravée, à jamais, en chacun d'eux.

Messager spirituel ou symbole du renouveau, ils nous invitent à explorer notre propre nature et à transcendrer les limites de notre existence quotidienne.

Inshallah !

FIN

Impossible d’écrire le mot fin. Ce n’est que le début d’une belle histoire !

Annotations

Vous aimez lire NINA BOUIN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0