35 terravolutions avant le Jugement Nouveau... Enfants de Nygönta
– On va voir le No Gata ? demanda Lonka.
– On va s’faire “abouber” ? questionna Jorïs.
– On pourra jouer dans le palais pendant votre réunion ?
– Personne ne va se faire adouber et on n’est pas là pour jouer les enfants. Jorïs, arrête de t’accrocher à la jupe de Lonka, tu vas la déchirer !
Jewesha voulait que tout soit parfait. En ce jour de triomphe, les familles les plus illustres avaient le droit de se pavaner sur l’allée centrale de Gata No Java et la famille Augüs en faisait partie.
Les rayons du colosse enflammé illuminaient tous les colosses terriers, maintenant bondés d’habitants. On les avait peints de fresques multicolores pour exposer la grandeur artistique de la cité-mère. Les cours d’eau sillonnaient la ville, creusés par la main de l’homme qui chaque jour construisait plus et mieux.
Jorïs avait bien grandi, ses bouclettes blondes laissant peu à peu place à des frisettes brunes. Spécialement cousue pour sa taille d’enfant, il arborait la tenue cyan des explorateurs de Nyön, petite cité nichée au bord du fleuve Naga où les anciens migrants du lointain Bozo avaient pris place. Son père, Jennän, était devenu le chef des explorateurs de Nyön et son nom resplendissait dans toutes les Nations Unies de Nygönta. Son oncle, Karo, avait laissé son titre de chef de village à grand-mère Tamara et vaquait à la direction de l’escadron volant, celui-là même qui fut décisif dans la lutte des Nations.
Au vu de ses illustres prédécesseurs, le petit Jorïs avait hâte de rencontrer le No Gata, persuadé à travers ses illusions d’enfant d’être adoubé comme milicien de la capitale. Déjà talentueux dans les activités physiques et volontiers aventurier, il faisait la fierté de sa mère et de sa sœur.
Toutes ces saisons, Lonka l’avait pris sous son aile et, comme l'avaient constaté Jennän et Jewesha, elle s’était développée au contact de son petit frère. À présent dotée d’une silhouette de jeunesse effervescente, elle n’avait plus de soucis avec le langage. Quasiment tous ceux qui l’avait connu frêle, muette et incapable de grandir treize terravolutions plus tôt n’étaient plus là pour rappeler ses mystères, mais elle gardait certains côtés sauvages qui perpétuaient rumeurs et réputations auprès des jeunes du village.
Plus ils approchaient du palais, plus la foule était dense pour venir les saluer. Karo guidait les siens dans ce défilé, son petit attroupement bien établi entre une famille dirigeante d’Onok et des dandys de Floeim. Pour l’occasion, les peuples qui s’étaient disputés Nygönta avaient tous envoyé une délégation pour la paix.
Les nouveaux chefs de ces nations devenues cités ou duchés étaient déjà présents dans le palais pour préparer la cérémonie. C’est là que Lonka et Jorïs rejoindraient leur père, venu prêter main forte pour les préparatifs, en compagnie des explorateurs de Nyön.
– Eh regarde Lonka, c’est là qu’on doit rentrer ! s’écria Jorïs en apercevant la grande porte du palais.
– Y a beaucoup de monde ici quand même !
Lonka dévoilait quelques craintes en observant certains comportements dans le public. Elle voyait des enfants de leur âge froncer les sourcils ou commencer à se plaindre lorsqu’ils les apercevaient, elle et son frère, au milieu du cortège. D’où qu’ils viennent, les spectateurs jalousaient la position de ceux qui défilaient devant eux. Du moins, Lonka ressentait cette atmosphère anxiogène, cachée derrière les cris de joie, les sourires et les couleurs chatoyantes.
« T’as vu, il y a aussi Corän ! », Jorïs pointa du doigt dans la foule celui qui partageait leur terrain de jeu à Nyön. À présent grand et beau garçon, le fils aîné d’Agatha ne s’amusait plus avec Lonka depuis la Traversée vers l’est, mais restait proche du cercle familial. Il tenait le rôle de protecteur pour ses deux frères et sa sœur comme pour Jorïs, mais perdait ses moyens face à la belle sauvage. En ce grand évènement, Corän tirait la mine des jours de pluie, sûrement envieux de la place que tenait la famille Augüs. Si sa mère Agatha avait de l’influence à Nyön, son père venu du bas peuple n’avait réalisé aucun exploit.
Lorsque les regards se croisèrent, les jeunes se saluèrent, mais contrairement à ses frères et sœur, les gestes de Corän restaient mesurés, timides. Plus loin, Agatha regardait la scène les bras croisés, elle aussi agacée par la présence de Jewesha et les siens sur l’allée centrale.
Bientôt les félicitations plus ou moins honnêtes des passants s’effacèrent derrière les portes du palais. La milice de la cité-mère escorta les familles à travers les grands jardins, les entrées et les marches jusqu’au sommet de l’édifice. Jorïs était émerveillé à chaque nouvelle découverte, ses exclamations attirant les regards et les mots attendris des floeimiens qui leur emboîtaient le pas.
Une fois à la pointe du palais, on installa tout ce beau monde dans les gradins de l’amphithéâtre. Lonka furetait pour trouver son père, quand Jorïs scrutait les environs à la recherche d’enfants de son âge. C’était bien de visiter le plus beau monument de la capitale, mais il n’était pas du genre à rester en place pour écouter des adultes parler.
Le No Gata se présenta à son audience dans une tenue étincelante, armure dorée à motifs en spirales pour le buste, une longue robe rouge pour couvrir le bas de son corps. Il était accompagné des grands chefs qu’il avait nommés pour prospérer sur tout Nygönta. Xo, Roa, Floeim, Onok, ils arboraient toutes les couleurs de leur Duché, à l’instar de Tamara qui présentait dans son dos les symboles de Nyön, deux serpents aux yeux émeraudes, se faisant face, sur un fond bleu roi. Ils étaient une vingtaine à faire admirer leur tenue seigneuriale.
« Habitants de Xo, Floeim, Roa, Algatön, Philès, Java, Onok ; habitants de toutes les terres, cités et villages de Nygönta, bienvenue au premier conseil de notre nouvelle Nation unifiée », démarra ainsi le No Gata sous les applaudissements prévus de son auditoire.
Jorïs aperçut son père derrière la scène centrale, accompagné d’explorateurs et miliciens de tous bords. La liesse se faisait de plus en plus intense. Ils étaient tellement nombreux à attendre ce jour. Comme le rappelait le No Gata en préambule, ce fut au bout de luttes incessantes, de longues terravolutions durant, que l’accord avait été trouvé.
En grande pompe, il renomma la capitale du pays de Nygönta : Gata No Java devint ainsi Jovoko. Le No Gata y avait sciemment retiré son titre, se mettant symboliquement en retrait au profit d’une tribune plus large et équitable. La nouvelle fut bien reçue, tout comme l’annonce de la création d’un jour de fête, chaque terravolution à la même date.
Le No Gata donna ensuite la parole à chacun de ses subalternes. Le souverain de Xo débuta les présentations. Exilé à l’époque par le pouvoir du terrible No Neim[1], son retour pour pacifier sa Nation devenue Duché se fit dans la lumière. Plus affable, plus compréhensif, plus aimant, tout le monde louait sa manière de gouverner, autant en accord avec le No Gata qu’avec des valeurs de tolérance et de partage propres à son esprit. Jorïs, à qui on avait présenté Xo comme le territoire des ténèbres, eut du mal à accepter cette nouvelle vision solennelle.
Il oublia vite ce passage sensationnel lorsque d’autres membres se présentèrent. Il trouva sa grand-mère si belle lorsque Tamara prit position à son tour. Elle exposa le passé juvénile de Nyön, créé tel un cadeau du No Gata pour les services rendus des explorateurs. À cette occasion, elle invita ses protégés devant les tribunes. Jennän, Banaji, Maluna, ils étaient tous là.
Au fur et à mesure que la cérémonie avançait, l’attention se faisait moins vivace dans les gradins. En voyant son frère trépigner, Lonka se tourna vers sa mère, le regard plaintif. Jewesha comprit qu’ils ne pouvaient vraiment plus tenir en place. Après tout, ils avaient passé plus de temps à crapahuter dans les forêts environnantes qu’à jouer aux citadins. Elle s’était débrouillée pour s’installer juste à côté d’une sortie et permit à ses enfants de s’échapper en douce, redonnant à Jorïs son énergie caractéristique.
Une fois partis à l’abri des regards, les deux aventuriers en herbe sautillèrent de joie à se retrouver enfin seuls dans ce grand terrain de jeu. Ils passèrent les premières minutes à faire la course dans les couloirs, réveillant quelques magistrats de leur torpeur contemplative.
Arrivés aux jardins, Lonka montra à Jorïs comment escalader n’importe quelle statue ou édifice. « Je suis sûr que tu ne peux même pas grimper en haut du palais ! », provoqua Jorïs en s’agaçant des exploits de sa sœur. Prise au mot, Lonka emmena son frère à l’arrière du palais. Là, au bout d’un renfoncement dans la structure pyramidale de l’édifice, elle s’affaira à escalader un mur droit et vertigineux. Seuls des blocs de pierre dépassant et des fissures émoussées lui permettaient de s’accrocher et grimper.
Malheureusement, elle fut invectivée par une patrouille de redescendre au quart du chemin. Quelques édiles agacés par les chahuts avaient prévenu les gardes du palais, qui ne se firent pas prier pour venir donner la leçon aux deux enfants. Déçue, mais encore d’humeur joueuse, Lonka voulut impressionner les miliciens en sautant directement depuis son emplacement. Elle était déjà à une hauteur extraordinaire pour un être humain et, témoins de sa chute, les soldats lâchèrent un cri d’effroi. Pourtant, elle se rattrapa sur ses jambes, soulevant un nuage de poussière dans un court tremblement. « Lonka c’est la plus forte ! », s’écria Jorïs devant la milice abasourdie. Sans douleur ni égratignure, la jeune fille se redressa et lança un regard plein de confiance à son public, sûre de les avoir impressionnés.
– Tu es la fille de qui, p’tite ?
– Moi c’est Lonka ! Et je suis la fille de Jennän, le chef des explorateurs de Nyön !
Les miliciens, plus énervés qu’admiratifs par ce qu’ils venaient de voir, délibérèrent quelques instants entre eux avant d’obliger les enfants à retourner dans le palais.
Jorïs félicitait sa sœur, retraçant le fil de son exploit et se gaussant de la réaction des miliciens. Très vite, l’idée d’une nouvelle distraction germa : il était temps de faire un cache-cache !
Avec la superficie du palais, ils auraient de quoi y jouer pendant dix jours entiers. Ce fut d’abord à Jorïs d’aller se calfeutrer dans un coin. Lonka, grâce à un instinct des plus aiguisés, savait à peu près où son petit frère s’était mis, mais elle lui laissa le temps de croire à ses compétences en camouflage.
« Jorïs ! T’es oùùùù ?! », criait-elle par-ci par-là pour tenter d’attirer le garçon dans ses filets. Elle sentait qu’elle s’éloignait, petit à petit.
Elle fut arrêtée par des bruits de pas se pressant en sa direction et comprit que la réunion à l’amphithéâtre s’était achevée.
Elle courra se mettre dans une pièce où la lumière du colosse enflammé avait du mal à se diffuser. Elle partirait à la recherche de Jorïs plus tard, une fois les cortèges des grandes familles redescendus.
La salle où elle s’était placardée était plus petite que les autres, moins bien entretenue. De grandes étagères prenaient la poussière et la plupart des babioles gisaient sur le sol. Avec minutie, elle fit le tour de l’inventaire. Il y avait des armures et lames fendues, sûrement des souvenirs de la dernière guerre. Il y avait des grands tapis en rouleau, des vêtements de gala posés en pagaille dans des coins.
Et puis, pelotonnée entre deux draps rouges, Lonka trouva un bloc de pierre, long et fin, aux dimensions d’un parchemin déplié. Elle s’empara de l’objet pour le décortiquer de plus près, la luminosité n’aidant pas à percevoir les détails.
< Erez…>
“Ici” ? Lonka vit un premier mot et sembla aussitôt savoir ce qu’il voulait dire. Elle fut prise d’une étrange sensation.
< Erez scazzèn’lez zono wel er hel vattèn’zhelz >
Ici, bien et mal, berceau ? Non, c’est presque ça. Lonka se pencha un peu plus sur la petite tablette. C’était la phrase du préambule. En dessous, des écritures encore plus petites devaient conter quelque chose d’incroyable. La jeune fille se mit à déchiffrer les mots à voix haute. « Ici… Vous allez… Où bien et mal… Ils… Berceau »
– Ici vous approchez de là où le bien et le mal naissent…
Lonka sursauta. Quelqu’un s’était faufilé derrière elle sans qu’elle ne s’aperçoive de rien. C’était une voix grave et posée, qu’elle sembla reconnaître, mais, en se tournant timidement, elle craignait de se tromper.
C’était bien le No Gata en personne, debout face à elle, imposant toute sa masse dans la pénombre. Sa robe rouge traînait sur le sol comme un lit de richesse.
– …Des proches m’ont dit qu’une jeune fille s’amusait dans les travées du palais et que cette jeune fille en question était capable de sauter d’un emplacement aussi haut que six hommes sans se faire mal. Est-ce bien toi ?
– Je… Heu…
– Tu cherches comment dire “désolée” dans notre langue ? Tu as l’air d’être plus réceptive au langage inscrit sur cette tablette.
Le No Gata s’agenouilla à côté d’elle. Lonka ne ressentait aucune menace venant de sa part. Elle ravala sa salive et se décida à parler.
– C’est moi qui ai sauté des murs du palais. C’était pour montrer comment faire à mon petit frère…
– Tu sais Lonka, tu ne devrais pas tout montrer à ton petit frère…
Lonka rougit. Elle n’avait vu le No Gata qu’à de très rares occasions, pourtant il semblait à l’aise avec elle.
– Ton père a réalisé de grands exploits pour que tout Nygönta devienne prospère. Et le premier d’entre eux est d’avoir parcouru tout le grand ouest avec juste un bobön à ses côtés et une petite fille dans ses bras. On peut enfin se parler en tête à tête et j’en suis très heureux Lonka…
Lonka n’avait plus d’appréhension, mais elle ne savait pas quoi dire, se laissant bercer par la voix hypnotisante du No Gata.
– Sais-tu pourquoi ton père et toi êtes d’abord partis tout seuls ?
– Heuu… Car je n’étais pas comme les autres…
– Oh ! Bravo ! Je pensais que j’allais devoir tout t’apprendre, mais tu es déjà bien renseignée. Et qu’est-ce qui était différent chez toi ?
– Je… Je ne venais pas de chez eux… Et j’avais des cornes…
– Et, hmmm, te rappelles-tu d’où tu venais ? Avant ?
Lonka prit le temps de réfléchir, mais rien ne venait.
– Papa m’a dit qu’un monstre aux mille yeux rouges m’avait emmenée ici et c’est pour ça que tout le monde avait peur…
– Je vois, tu peux me donner la tablette Lonka ?
La jeune fille s’exécuta et tendit la stèle au No Gata. Ce dernier la prit en main et souffla un grand coup, comme rassuré de quelque chose.
– Si tu savais comme je suis heureux Lonka… Avant toi, je me sentais si seul, dit-il en regardant le plafond, soulevant une soudaine méfiance chez son invité. Tu dois comprendre, Lonka, que tu n’es ni comme ton père, ni comme ta mère, ni comme ton frère. Ce sont des humains et tu es… Comme moi. Tu es peut-être même d’une nature plus grandiose encore.
– Papa disait souvent que je ne grandissais pas, c’est pour ça ?
– Nous vivons longtemps, très longtemps… Lorsque les gens que tu aimes ne seront plus de ce monde, tu subsisteras. Tu détiens une force incommensurable et tu dois t’en servir pour protéger, pas pour influencer des corps et esprits faibles à faire des bêtises. Si ton frère avait sauté de la même hauteur que toi, il se serait fait très mal, car il n’est pas comme toi…
Lonka se sentit honteuse d’apprendre qu’elle aurait mis son frère en danger. Jorïs la suivait partout et ne rechignait pas à tenter les mêmes choses qu’elle, mais elle ne voulait pas le perdre. Pas comme elle avait perdu Bô.
– Qui plus est, tu découvres maintenant que tu es capable de comprendre des langages que tu n’avais pas lus ou entendus avant. Tu feras très certainement une bonne exploratrice, comme ton père.
– C’est vrai ?! se réjouit Lonka à cette idée.
– Je vais te livrer un petit secret. Je pense que plus tard tu seras très importante pour nous, alors quand l’heure sera venue ce ne sera plus un secret, mais une mission que je te donnerai, tu es d’accord ?
Lonka hocha la tête frénétiquement en signe d’approbation. Des échos résonnaient dans les couloirs. On était à la recherche du No Gata. Ce dernier se redressa et inspecta ses arrières pour voir si personne n’arrivait.
– Bon je dois faire vite. À l’est de Nygönta, quelque part dans le Duché étendu de Philès[2], se trouve un gigantesque donjon à visiter. Dans cet endroit se cachent les secrets de notre monde et des artefacts capables de rendre Nygönta inviolable et prospère. Mais jusqu’à maintenant, personne n’a réussi à l'atteindre.
Les yeux de la jeune fille pétillaient. Elle se redressa et haussa subitement la voix :
– Et c’est quoi ma mission alors ?!
– Calme-toi ma chère, je sens que j’ai embrasé ton amour pour l’aventure. Cet écriteau que je tiens entre mes mains est une partie du chemin. De nombreux autres attendent d’être découverts dans le grand est. Leur emplacement et leurs annotations finiront par indiquer ce que l’on recherche. Et toi, tu es capable de les déchiffrer.
– Ça marche ! Je vais vous trouver ce donjon ! Je serai encore meilleure exploratrice que mon père !
Elle illustra fièrement ses propos avec des gestes amples, requinquée par l’attention toute particulières du No Gata.
– Tu as le temps, Lonka. Éduque ton frère et prends soin de ta famille. Lorsque le moment sera venu, tu seras la solution.
[1] Notes sur le No Neim : cf. Glossaire/Civilisations. Le No Neim était le souverain de la nation de Xo. Après une visite extérieure, il décida de partir à la conquête de tout Nygönta, débutant la lutte des Nations. La nation de Java ayant remporté la guerre, le No Neim a été défait et aurait disparu dans un incendie au moment de prendre la fuite.
[2] Notes sur le Duché de Philès : cf. Glossaire/Civilisations. Après la lutte des Nations, le territoire de Philesïs est devenu un duché à part entière. Il se trouve ainsi entre le fleuve Naga et Philesïs, limitrophe du Duché du Java. Le village de Nyön, construit au bord du fleuve Naga et où résident les migrants de la lointaine Bozo, est la cité la plus proche des frontières de Philès.
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