M’écrire me sauve …
Quand je repense à ma vie, seuls des regrets, des remords, des douleurs, des non-dits, des désirs inassouvis, des rêves oubliés, surgissent et m'assaillent.
Et je me noie dans une mélancolie indescriptible qui me plonge dans un précipice de noirceur. Je m'intériorise, je me replie, je me referme, je me fige, je m'enfouie,...
Cette impression de perdre mon temps étouffée dans cette vie toute faite sans aucun espoir.
Mon Horizon un paysage désolé, un désert brillant sans fin.
Mon passé des portes fermées, quelques souvenirs figés dans le vif, des promesses bafouées, des êtres absents, des instants manquants, des doutes redoutables, des erreurs au goût de sang, des flashs d'images silencieuses où la souffrance est à son summum , la vision d'un pont du vide si attractif, les cris d'une jeunesse bafouée, meurtrie...
Je tente de pardonner, me pardonner mais je fini que par donner, donner tout mon être jusqu’à épuiser ma substance essentielle , vitale .
Je vois ma vie défiler dans le noir, je distribue tout mon être sans recevoir, je me vide, je m’épuise, Je m’oublie, je me néglige, je m’assassine, je me poignarde.
Je perds mes valeurs, mes désirs, broyée par la peur, et le manque. Je me laisse déposséder de toute volonté , de toutes mes pensées.
Mais l’insolence fait surface de sous la glace qui me fige et le silence fait place à des soupirs d’espoir, des cris de survie…
Je me faufile au travers des barbelés de mon esprit formaté, conditionné, étouffé, et j’écris …
Écrire c’est ce qui me rend ma liberté , ma vie, j’imprègne mes écrits de mensonges, de fausses vérités, d’espoirs fous, d’appels à l’aide, de mes humeurs oscillantes …
Je laisse échapper des parcelles de mon âme, des morceaux de mon coeur, des extraits, des bribes de mon existence.
Lâchement je tente de faire demi tour, indécise, j’hésite. Apeurée je me referme , je m’épuise à nouveau, je faillis, je recule, mais grâce à l’insolence de mon être qui a l’apogée s’élance , je me jette, précipite, je ne fuis pas .
Et je laisse tout voir, je relâche mes démons, j’ouvre la boîte de Pandore .
J’en veux encore, je veux reprendre tout ce dont on m’a privé, tout ce qu’on m’a pris. Alors j’écris …
Écrire c’est ce qui réanime mes ailes repliées , blessées. Écrire c’est ce qui me redonne l’envie de m’envoler.
C’est ce que je voulais être plus tard? Je regardes la femme dans le miroir, je fixe son regard, c’est cette femme que je rêvais d’être ?
Je ne suis plus là même qu’aux premiers temps, c’est grave comme je suis loin de ce que j’espérais seulement frôler .
C’est malsain, c’est crade , comme je me laisses manipuler, affaiblir, étouffer, briser, déposséder de tout mon être seulement guidée par la peur.
Je m’écœures , je me meurs …
Alors je continue à écrire, je grave avec les mots les deniers relents de ce qui reste au fond de mon coeur .
C’est un dernier signe, un fin et invisible espoir , la dernière chance à saisir, pour ne pas crever et me relever.
Je crache dans un dernier effort tout ce que l’on cache quand ça nous gêne, quand on ne veut pas faire souffrir, et là ça va 100 à l’heure.
Je ressens mon âme se révéler, mes ailes frémir , et la peur me submerge mais l’espoir que j’entrevois me guide, me motive, m’oriente, me relance.
Écrire me redonne le goût de vivre et non plus de me contenter de seulement survivre pour satisfaire l’entourage, et je saisi mon courage. Je me redécouvre, je me rencontre comme si c’était la première fois que je me trouvais face à moi même .
Je me lance dans l’exploration de mon esprit, j’esquive les déviations , et réapprend mes envies , mes sensations , mes émotions , et je m’élance.
Je lache prise .
Prête à reprendre ma vie à bras le corps , je m’impose de plus me décevoir, j’adopte une vision large .
Je laisse tomber tous mes doutes , et quand mon coeur titillé par la peur, bat encore dans mes tempes , et me ralentit , j’écris … j’écris et je capture les quelques souvenirs qui me relancent , les restes de rêves qui font frémir mes ailes prêtes à se déployer , les désirs refoulés qui font palpiter mon coeur, mon corps.
Les forces s’équilibrent , et m’écrire me sauve.
Je vois enfin la lumière au bout du tunnel et je n’attendrai plus la prochaine séance dans le noir, mais sous l’éclat de mon esprit réveillé , assoiffé de vie et je me laisserai guidé seulement par l’étincelle de ma propre volonté .
J’écris, je m’élance , et je revis.
Ma liberté comme seul nouvel horizon.
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