2021...
Elsa en avait assez de toute cette paperasse. Elle était Reine, pas secrétaire ! À force d’entendre sa sœur Anna se plaindre qu’elle n’ait jamais de temps pour discuter et jouer avec elle, elle commençait à penser comme elle. La jeune femme se leva, laissant les papiers agaçants sur son bureau. Ils étaient couverts de glace, à présent, car elle s’était énervée à cause d’une facture qui n’avait pas lieu d’être. Elle sortit de la pièce, en fulminant.
Elle parcourut les couloirs du château et ne croisa personne. Pas même Olaf qui était parti au village jouer avec les enfants. Anna se promenait, à moins qu’elle ne soit dans sa chambre à pester contre sa grande sœur. En temps normal, Elsa serait allée la voir, mais là elle avait besoin de se calmer un peu avant. Elle avait besoin d’une petite balade dans la nature. C’était là qu’elle se sentait bien, qu’elle se sentait...acceptée. Personne n’avait peur d’elle, personne ne la traitait de sorcière.
Elle s’enfonça dans la forêt, marchant d’un pas vif. Elle était sur les nerfs, et était d’humeur à créer quelques d'immenses sculptures de glace. Elle créa d’abord des animaux, puis de petites maisons, puis elle se mit à courir comme une forcenée. Elle courut un moment sans regarder où elle allait. Soudain, elle sentit quelque chose l’entourer. De la magie. Elle venait de traverser un portail. De la magie ? Autre que la sienne ? Obnubilée par cette idée, elle oublia de regarder autour d’elle. Elle voulait revenir et retrouver la personne qui avait créé ce passage magique pour lui demander comment il ou elle avait eu sa magie, et comment il ou elle la contrôlait.
Mais elle ne put ignorer l’endroit où elle se trouvait très longtemps, car un bruit très fort la fit sursauter. Elle faillit projeter de la glace partout autour d’elle. Seules les années de pratique empêchèrent l’incident. Elle observa enfin les environs, se rendant compte qu’elle n’était plus à Arendelle. Finie, la forêt, et sa ville natale. Elle était à présent dans un monde gris plein de poussière noire ou de fumée (elle ne savait pas vraiment de quoi il s’agissait). Elle se tenait sur une partie surélevée par rapport à un chemin gris foncé sur lequel semblaient passer...mais qu’était-ce donc ? Des voitures à cheval extrêmement rapides ? Elle décida de faire un pas vers le chemin gris foncé. Mais aussitôt, elle fut éblouie par une vive lumière et le même bruit fort qui l’avait faite sursauter au début retentit. Elle se figea, mais quelqu’un l’entraîna plus loin, sur la partie surrélevée. La personne, qui était une jeune femme de son âge, lui cria :
- Mais qu’est-ce que tu faisais au milieu de la route ? T’es folle ou quoi ? Tu aurais pu te faire tuer !
Choquée par la situation et les cris, Elsa ne répondit pas. L’étrangère continua, visiblement un peu plus calme :
- Tu vas bien ? Tu es perdue ? Tu as été agressée ? Où est ton masque ? Tu l’as perdu quelque part ? Comment tu t’appelles ?
Elsa se rendit alors compte que l’inconnue portait un masque sur son visage. La jeune femme poursuivit :
- Mais peut-être que tu ne veux pas en porter, certains sont comme ça. Fais comme tu veux. Mais ça va, dis ? Tu ne dis rien depuis tout à l’heure ? C’est ça qu’on appelle l’état de choc ?
Elsa répondit enfin :
- Je vais bien. Je m’appelle Elsa. Je n’ai pas de masque, désolée, je ne viens pas d’ici, tu peux m’expliquer pourquoi il faut en porter ?
Son interlocutrice la regarda comme si elle avait deux têtes :
- Quoi ?! Tu ne sais pas ? Mais tu as vécu dans une grotte pendant l’année Covid ou quoi ? Au fait, je m’appelle Fanny.
L’année covid ? Décidément, Elsa ne comprenait rien à ce monde qui semblait si différent du sien. La manière de parler, la façon de se déplacer, l’aspect du lieu de vie, rien ne ressemblait vraiment à tout ce qu’elle avait toujours connu. Mais où avait-elle donc atterri ?
Fanny continua :
- Bon, alors je vais t’expliquer, tu sembles vraiment ne pas savoir. J’ai cru que tu me faisais une blague, au début ! Une pandémie est en cours, ici. Une épidémie mondiale, si tu préfères. On a été confinés pendant des mois, plusieurs fois de suite, pour tenter d’éradiquer la maladie. Il n’y avait personne dans les rues. Le désert TO-TAL. Mais maintenant, on peut ressortir avec un masque. Voilà. D’où tu viens, exactement, pour ne pas savoir ça ? Tout le monde ou presque sur Terre sait ce qu’est la pandémie en cours, donc pas de la Terre, apparemment. Est-ce que tu es une martienne ? Ou alors tu viens d’un univers parallèle ? Du passé ?
- Je ne pense pas être une martienne, et je ne suis pas sûre de ce qu’est un univers parallèle. Le passé ? Peut-être, après tout ? J’ai traversé un portail magique, je ne sais pas où j’ai atterri.
Elsa ne savait pas bien pourquoi elle racontait tout cela à cette fille, mais il lui semblait qu’elle ne serait pas particulièrement choquée par la mention de la magie, car ce monde semblait bien différent du sien, peut-être était-ce vraiment le futur ?
- Tu es en 2021, en France. Wow ! Un portail magique ? Alors tu as des pouvoirs? Cool ! J’ai toujours voulu en avoir ! Ce serait tellement bien ! Je pourrais avoir toutes mes UE* haut la main et plus bosser du tout !
Elles arrivèrent à un endroit où des groupes de jeunes se reposaient sur une pelouse. Ils n’avaient pas de masques. Elsa demanda à Fanny pourquoi ils ne portaient pas leurs masques. Cette dernière lui répondit que c’était parce qu’ils ne voulaient pas le porter. Un bruit strident interrompit leur conversation. Fanny eut l’air paniquée, et elle dit à Elsa de courir :
- Cours ! C’est la police ! Ils vont croire que nous sommes avec eux ! Regarde, ils fuient aussi !
En effet, les jeunes sur la pelouse s’éparpillaient à la venue des hommes en uniformes bleus. C’étaient comme les gardes du château, supposa Elsa. Elle se mit à courir aussi. Soudain, alors qu’elles tournaient à l’angle d’une rue, Elsa ressentit ce même cercle de magie l’entourer...
*UE : Unités d'enseignement à la fac qu'il faut valider
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