Chapitre 1

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La grande avenue bordelaise que les boutiques et restaurants environnants animaient avec grâce, avait toujours attiré l'attention de la jeune Ariane. Toute absence de dynamisme l'ennuyait à en mourir et rester assise trop longtemps pouvait rapidement devenir un supplice. Chaque samedi, comme à l'accoutumée, la jeune fille prenait énormément de plaisir à admirer les belles robes d'été et chemisiers affichés à la vue des passants.

Mais, ce jour-là, malgré sa tendance à ne pas laisser un centime au fond de son porte-monnaie, elle s'était bien gardée de débourser tout son argent de poche. La raison ? Le livre qu'elle avait tant attendu était enfin sorti en librairie et elle aurait souffert d'attendre encore un mois pour se l'acheter. Son empressement lui avait bien valu quelques moqueries de la part de ses amies mais rien n'aurait pu la dissuader de mener à bien son entreprise. Outre le peu d'argent de poche qu'elle recevait de ses parents, l'adolescente avait dû se résoudre à faire des économies afin de pouvoir même espérer garder un peu d'argent de côté pour ses dépenses personnelles. Ses sorties shopping avec sa cousine n'auraient pu avoir lieu sans et rater une occasion de connaître les derniers scandales de la presse people lui était impensable. En somme, elle ne regrettait rien.

En cet après-midi de mois de mai, l'adolescente s'était pourtant laissée attendrir par les promotions alléchantes des enseignes de grandes marques. Aussi, avait-elle expressément demandé à son père de la déposer en ville, que ce dernier, enclin à céder à tous les caprices de sa petite fille, avait aussitôt accepté. Le trajet n'avait pas duré plus de dix minutes, et Ariane n'avait jamais semblé aussi tendue. Son père, étonné, n'avait fait aucun commentaire, avait garé la voiture sur le bas côté et dit au revoir à sa fille avec les recommandations habituelles.

Pendant près d'une heure, l'adolescente avait flâné dans les rues noires de monde, jetant des coups d'oeil curieux à chaque boutique et cherchant désespérément à apaiser sa frustration de ne pouvoir s'acheter tel ou tel habit. La mort dans l'âme, elle s'éloigna des grands magasins.

En entrant dans la librairie, le coeur d'Ariane se mit à battre rapidement. Entourée de livres, elle ne savait où donner de la tête, des rangées et des rangées d'histoires n'attendant que d'être lues s'entassaient sur les étagères. Et brusquement, son sourire perdit de son éclat. D'un seul regard, on pouvait voir que quelque chose la tracassait. Mais ce quelque chose était en fait quelqu'un. Et pas n'importe qui.

Les cheveux bruns, le visage pâle et les joues constellé de taches de rousseur, Théo Mercier longeait le rayon science-fiction. Obnubilée par cette présence, Ariane oublia de bouger. Derrière elle, un garçon d'une dizaine d'années peut-être essayait tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu'au rayon manga. Troublée au plus haut point, Ariane se décala pour le laisse passer et se rendit compte de l'insistance avec laquelle elle avait dû fixer le jeune homme. Le rouge aux joues, elle rejoignit, tête basse, le coin jeunesse. Essayant en vain de se comporter normalement, elle étudia les rangées de romans à l'eau de rose à la recherche de son livre. Toutes les romances semblaient s'imprimer sur une même intrigue : une célébrité qui tombait amoureuse de sa fan. Dépitée de ne rien avoir trouvé, la lycéenne leva la tête et croisa le regard de Théo, tout sourire.

- C'est cela que tu cherches ? demanda t-il en agitant un exemplaire des Reliques du Passé sous le nez de la jeune fille.

- O-oui, comment tu sais ?

Il haussa les épaules. A ce moment-là, Ariane ne put s'empêcher de le trouver beau à en mourir.

- C'est la première fois que je te vois ici, alors... J'ai pensé que tu n'étais pas venue juste pour regarder, si tu vois ce que je veux dire.

Ariane était vraiment embarrassée, elle ne savait que trop bien ce qu'il voulait dire mais elle n'aurait jamais cru qu'il la remarquerait.

- B-Bah... Merci. finit-elle par lui répondre en acceptant le livre qu'il lui tendait.

Théo lui adressa son plus beau sourire et retourna à ses affaires. De son côté, Ariane se maudissait déjà de son incapacité à aligner plus de trois mots sans bégayer. Enervée contre elle-même, elle s'avança vers la caisse où quelques personnes attendaient déjà. Une fois, son achat fait, elle sortit dehors. Une légère brise la fit frissonner. Elle n'avait même pas osé lui dire aurevoir. Elle se sentait tellement lâche. Elle tenta alors de se concentrer sur autre chose, comme par exemple le joli décolleté d'un des t-shirt qu'elle avait aperçut plus tôt dans la vitrine d'une boutique de seconde main. Désireuse de l'essayer, et voyant qu'il lui restait un peu de temps avant que son père ne se pointe pour la récupérer, elle se hâta dans le magasin.

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