Une petite expérience
Pour répondre à la question de mon expérience sur l’Atelier des Auteurs, il conviendrait de raconter le parcours qui m’a amené ici.
Je me suis découvert une réelle passion pour l’écriture l’année dernière. Mais en fait, elle date de bien plus longtemps.
Lorsque j’ai eu ma première connexion Internet, avec cet immonde 56 kilobits par heure dont seuls quelques nostalgiques regrettent le chant mélodieux de la connexion, j’ai rapidement eu qu’une seule envie. Je voulais faire un site web, raconter des trucs dessus, partager des passions.
Nous étions en 2000. Et j’ai subi le 56 kbps jusqu’en 2005. Je devrais réclamer un dédommagement pour préjudice moral.
Un bouquin « Écrire son site en HTML » choppé à la librairie du coin en main, je m’étais lancé. Cela parlera sûrement aux autres vieux croûtons, mais c’était l’époque des hébergements personnels plein de publicité qui bouffait 75 % de la taille de l’écran, des GIF animés, des animations Flash qui mettaient vingt ans à charger, des musiques en MIDI en bruit de fond.
…
Ah merde, en fait rien n’a changé.
Mais je diverge.
« Verge. »
Bref, par ce moyen j’ai aussi rencontré mes premières communautés en ligne. Elles aussi composées de lycéens comme moi en mal de discuter de passions communes (surtout quant au lycée ça causait que de foot et tout autre truc qui m’indiffère). Moi, à l’époque, c’était la série Visions of Escaflowne qui passait à Canal+ pour laquelle j’avais eu un énorme coup de coeur. Le jeune vieux fan de robots géants animés que j’étais redécouvrait l’animation japonaise après le sevrage parental de la fin des années 90 (« les conneries chinetoques », « ça rend débile », « c’est violent », etc).
Ainsi je découvris les forums en ligne, mais aussi les salons de discussion (le bon vieil IRC).
Mon premier site web fut justement pour parler de la série Escaflowne. J’avais envie de partager ce qu’était cette série, pourquoi je l’aimais beaucoup, etc. J’ai donc violenté le clavier en écrivant une prose de lycéen pas très copain avec la grammaire à l’époque et vigoureusement fâché avec les accents. C’était chiant, j’en mettais pas, plus simple.
Au fur et à mesure que la caisse vide qu’était ma tête découvrait d’autres séries animées (merci Canal, et merci M6 d’avoir tenté le coup à l’époque, c’était loin d’être gagné), elle faisait comme à son habitude : imaginer des histoires. À l’époque j’étais en première au lycée, et j’eus l'envie saugrenue de vouloir mettre dans Wordpad une idée d’histoire un peu fantastique. En soi, ce n’était qu’un pot pourri de ce que j’avais vu à la TV, joué en jeu vidéo, et lu comme manga. Mais je l’avais fait lire par une amie et elle avait bien apprécié. Puis elle m’avait frappé parce que j’ai flingué l’héroïne au bout de cinq chapitres. Donc j’ai été obligé de la ressusciter par le truchement usuel des trucs qui viennent de nulle part. Et de toute façon ça a fini aux oubliettes et disparu dans les méandres de plusieurs reformatage de PC, depuis recyclé par une déchetterie.
Je continuais ma passion première, bricoler des sites web, raconter mes passions dessus, et échanger avec des gens sur les forums en ligne.
Les forums ont fini par être tués par les médias sociaux. Des trucs auxquels j’ai jamais adhéré. Et aujourd’hui, je le dis sans pudeur : je les déteste et déteste les entreprises derrière. Elles ont contribué à pourrir un média de communication en le transformant en Minitel 2.0 centralisé, verrouillé, cloisonné, emprisonnant les utilisateurs dans une dépendance créée à cet effet.
Des connards.
Tout ça pour dire qu’en fait, j’ai longtemps pratiqué l’écriture, mais pas pour la fiction.
Quelques années plus tard, et un changement de région, je découvris avec de nouveaux amis les jeux de rôle. Grosse nouveauté pour moi, et voir un pote improviser une histoire en rebondissant sur les conneries qu’on arrivait à enchaîner sans défaillir m’amusait. Une fois, je me suis prêté à l’exercice et j’ai aussi improvisé quelques trucs sans prétention. On a passé un bon moment.
Les idées improvisées à ce moment-là ont trotté dans ma tête pendant des années. Voire une décennie sans jamais oser aller plus loin.
En début 2023, j’avais besoin de me trouver un petit projet pour pratiquer le développement en Python. Non pas que je sois développeur, mais ça reste une compétence utile dans mon métier. Aimant l’univers de Fallout, l’idée était de faire un logiciel qui reproduise l’interface du Pip-boy. Je voulais le faire tourner sur un smartphone natif Linux en rêvant d’imprimer en 3D le bazar et jouer avec. En réalité, une fois les premiers écrans finis, je me suis dit : « bon, j’en fais quoi ? ». Et là, idée à la con numéro… beaucoup, en faire un jeu de type RPG texte. Une histoire, des choix. Vous pouvez lire le début ici, il faut que je me sorte les doigts pour publier le reste. Et le finir. Un jour.
J’ai beaucoup aimé écrire cette petite aventure, et ça m’a fait prendre conscience que ça n’avait rien de compliqué.
(ne riez pas)
Entre-temps, je continuais de remplir le sac poubelle qui me servait de blog avec le partage de passions, tutoriels de geekage, bricolages, etc. À noter que depuis quelques années, je ne fréquentais pour ainsi plus de communautés francophones. Sclérosées et politisées à en crever, je m’étais tourné vers de l’anglophone à échelle humaine et m’y retrouvais mieux.
Sur mon blog, au début de la même année, j’avais eu envie de faire une série d’articles sur Linux et comment expliquer à des débutants c’est quoi et comment ça marche. Ce fut une série de six ou sept articles je crois. À un moment, j’eus une nouvelle idée saugrenue : en faire un e-book pour le mettre sur Amazon KDP.
Deux trois bricolages plus tard, un peu de reformatage, et l’epub était généré.
Oups, j’ai écrit un bouquin.
Re-oups, je l’ai publié.
Re-re-oups, des gens l’ont acheté !
Finalement, écrire un bouquin, c’était pas si difficile je m’étais dit.
(à nouveau, ne riez pas)
Peu avant l’été de la même année (2023 pour celui au fond qui ne suit pas), j’ai commencé à raconter un truc. À poser sur papier numérique les vieilles idées du jeu de rôle, à les mettre dans une histoire, un truc simple.
C’est devenu « Un voyage en train ».
Je le publie aussi sur Amazon KDP, et bam, mon syndrome de l’imposteur se voit affublé d’une nouvelle entrée : je me prétends désormais auteur.
Enthousiaste comme je suis quand je découvre un nouveau jouet, je continue d’écrire des trucs. Je développe cet univers et je publie. J’y ai passé mes soirées et mes week-ends.
Malgré quelques ventes sur les plateformes, je n’ai jamais eu de retour. Est-ce que j’écrivais de la merde ? Est-ce que c’était bien ? Aucune idée.
À un moment, je relis mon premier ouvrage pour me demander si j’ai progressé en qualité d’écriture. Bourré de fautes et de tournures maladroites.
Entre deux, j’essaye des forums de lecteurs pour tenter d’espérer d’avoir des retours, des idées, des conseils, des attentes, des insultes. Tout en prenant soin de ne pas venir avec mes gros sabots en mode « salut je viens faire ma pub ».
Bah, que dalle, encore. J’ai l’impression que de nos jours, tout n’est que conso passive. Cela devenait désespérant.
Dans ma quête d’amélioration continue, j’ai persévéré dans la recherche des ressources pour m’aider.
Je suis tombé sur des plateformes comme à l’époque Wattpad, mais j’avais pas compris le principe. J’étais aussi tombé sur ce site en début d’années, mais pareil, je n’étais pas dans le bon état d’esprit. Je n’avais pas envie de publier gratuitement des trucs que je m’étais cassé le cul à écrire. Finalement, je jetai mon dévolu sur Neovel où le format me laisser penser que je pourrais avoir éventuellement des retours.
Toujours que dalle.
À une exception près, cela dit. Sur Neovel, j’avais soumis « Le patient Daniel » et « Les murmures de la montagne de métal » à leur « Sélection ». Le premier fut retenu pour être mis en avant ainsi, avec un retour et des conseils intéressants de la part du jury. Le second fut rejeté, mais la critique s’avéra pertinente et instructive.
Je vais encore dire de la graisse, mais il y a une expression qui m’est souvent venue pour exprimer l’état des « communautés » en ligne, ravagées par le fonctionnement individualiste narcissique des médias sociaux : « sur les médias sociaux, personne ne vous entendra hurler ». J’ai l’impression qu’on parle tout seul dans une cacophonie. Ce ne sont pas des communautés, juste des gens qui parlent seuls dans la rue. Et c’est le sentiment que j’ai eu en cherchant à avoir des retours.
En avril 2024, je finis par m’inscrire ici, car la notion d’école m’intéressait. Je lis un peu, regarde les idées, le concept, et décide de tenter.
Et là, enfin, des retours. Des lectures, des conseils, des propositions de correction, de l’aide, des remarques. Enfin, putain ! Je savais enfin d’où je partais pour savoir comment m’améliorer.
De très loin.
Mais maintenant, je le savais.
Grâce à l’aide et aux conseils reçus ici, j’ai appris ce qui n’allait pas. J’ai appris à fluidifier mon style, j’ai appris à m’outiller pour mieux me relire, et j’ai aussi pu avoir des relectures externes. Il s’avère que j’ai une certaine timidité vis-à-vis de cette passion pour demander à un entourage proche de me relire. Sans oublier le risque qu’ils ne soient pas objectifs.
Depuis, j’ai appris à améliorer mes écrits. J’ai participé à quelques défis, j’en ai moi-même lancé un qui m’a permis d’écrire un nouveau roman court (faudra que je le finalise, je l’avais mise un peu de côté avec les corrections de mes travaux principaux). J’ai fait des rencontres, j’ai eu des discussions en privé intéressantes (je pense à ThomasRollinni qui partage le même enthousiasme que moi pour les théories sur les lectures, ou encore Fred Larsen qui m’a rempli une liste à lire pour environ sept vies d’avance). J’ai découvert des plumes que j’aime beaucoup et que j’espère voir un jour publiées pour qu’elles se retrouvent dans ma liseuse.
En ce qui me concerne, je vais de l’avant. J’ai appris à mieux faire, je continue d’apprendre en relisant les travaux des autres et je partage les fruits de ce que j’ai appris en à peine plus d’un mois ici. Cela a consolidé ma motivation de poursuivre en tant qu’auteur auto-édité, et peut-être tenter de passer la vitesse au-dessus avec éventuellement tenter un prestataire de publication. Je dis bien un presta, pas une arnaque de compte d’auteur à la noix. Le coût de ce genre d’intermédiaire semble plus raisonnable et peut donner une première expérience. J’ai pris des contacts, on verra.
Je tenterai aussi des soumissions en revue.
Si je devais donc résumer mon expérience vis-à-vis de ADA : merci pour m’avoir permis de grandir et de m’améliorer. Il m’a fallu un an pour trouver un endroit pour le faire.
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