L’autre banc public
Ils se retrouvent à la terrasse d’un café pour partager le verre de l’amitié,
Trinquer aux retrouvailles comme à l’été.
De temps à autre, ils se rencontrent, comme ça,
ils n’y voient rien contre, à ce nouveau plaisir-là
Évoquer les souvenirs, bons
comme les autres plus cons
Mais qui continuent de sentir bons.
Ils parlent des enfants, des gens,
Des monuments, du parlement,
Des grands, abusivement.
Comme souvent, ils reviennent aux amants
De l’ancien temps, se plaisant et se taquinant
À la commémoration de leurs élans.
C’est l’été, il fait chaud. Ils se donnent chaud,
Évitant de croiser leurs regards, par des doux mots,
Évitant de s’effleurer par des allusions en visio.
Ils se remémorent la danse de leurs corps
Qu’ils voudraient encore. Mais la raison ignore
Ces ébats adultères qui étaient leur fort.
Puis la raison revient.
Mais l’alcool a déteint
Dans leurs esprits sains.
Ils prolongent la soirée
Par un repas salé
Avec cette envie sucrée.
Il lui dit être dur
À l’écouter parler futur
Elle s’étonne de cette bosselure.
Il avoue penser souvent
À elle au bout de son gland
Emporté par le vent.
Elle ne veut raviver
Ni rallumer
Il faut le calmer.
L’air commence à être frais.
Ils décident d’aller à pieds
Mais ont du mal à se quitter.
Elle l’accompagne
Vers la campagne
Après les lasagnes.
Dans la nuit noire, leur trajet
Revient sur le sujet
De son rejet.
Sur le mélange charnel
Qu’ils se rappellent
Mais qui était sans appel
Le blessant face à sa femme
Le laissant dans les flammes
De l’adultère avec deux femmes
Pour autant leurs débats deviennent plus coquins
Il en profite pour malaxer son sein
Elle lui saisit la main.
Dans les rues désertes ils se lancent
Un défi fou qui a du sens
Et les met en transe.
Un regard dans le blanc des yeux
La tentation d’être à deux
Mais ça ne se peut.
Poursuite avec des thèmes plus sérieux,
Dans la pénombre des regards malicieux.
Ils sont chanceux,
D’avoir maintenu ce lien indescriptible,
Parfaitement indestructible,
Indéfectible.
Ils s’amusent et rient
Racontant leurs âneries
Sans tromperie.
Il fait chaud à marcher
Un banc pour se poser
À la fraîcheur d’un pré.
Elle pose sa tête sur son épaule.
Il s’auto contrôle.
Mais il a la gaule.
Elle pose sa main sur sa cuisse.
Il se sent de nouveau complice.
Et glisse un doigt dans son entre-cuisse.
Elle ne peut s’empêcher avec ce type
De vouloir lui faire une pipe
Ils forment une équipe
Seuls au monde
Sa bouche il inonde
D’une substance immonde
Il faut le dire
Ce goût loin de l’élixir
Qui fait raccourcir.
Le stress du lieu
L’interdit a eu lieu
Ils sont à mille lieux
Se ressaisir
Ne pas faillir
Juste du plaisir
La distance reste de mise
Ils se font la bise
Chacun retournant sur sa banquise.
Avec le souvenir de ce banc
Celui où les hommes blancs
L’avaient emmenée en sang
Après la mise en sang
De ces veines en rang
Pour la perte de cet amant
Trois ans plus tôt
Après une rencontre de trop
Qui a viré au chaos
Rêve ou réalité ? Réalité ou fantasme ? À faire ou à refaire ?
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