J'effleure la pierre froide. Mes souvenirs m'assaillent.

Excusez-moi, pourriez-vous m'aider ?

Une apparente timidité sous ses taches de rousseur.

Alors j'espère que nous nous reverrons.

L'entendre dire « nous ».

Hey !

C'est toi !

Bien sûr que c'est moi.

Un sourire si brillant.

Des yeux rassurant.

Des mots réconfortant.

Une peau chaude.

Emplie de vie.

Pourquoi caches-tu ton visage avec tes cheveux ? 

Sa main effleurant ma joue.

J'aime caresser ta peau.

Sa main sur mon corps.

Les miennes agrippent violemment la pierre. Les larmes coulent.

La voiture file le long d'une route de montagne.

Nous chahutons gentiment.

Un pont. Une autre voiture. Une embardée.

Je ferme les yeux.

La chute est courte, le choc violent.

L'eau froide me couple le souffle.

L'obscurité m'envahit. Nous sombrons.

Je regarde le lac en contrebas. Ce serait si facile.

Je m'assis sur le rebord de pierre.

Il est inconscient.Je ne peux pas me détacher.

Il ne bouge pas. Je le secoue. Rien.

Je m'acharne. Rien.

Je parviens à m'extirper. La voiture coule.

Je ne peux pas la rattraper. La mort l'emporte.

Je me laisse glisser de la pierre. La chute est longue. Je savoure.

Je remonte à la surface, replonge.

Je nage, manque d'air, suffoque, remonte à nouveau.

Je continue. Encore.

Je ne trouve rien.

Je l'ai perdu.

Il n'est plus là.

Le choc est plus doux. Libérateur.

L'eau est toujours aussi froide. Toujours aussi noire.

Je sombre.

Il est quelque part.

Je le sais.

Je le sens.

L'eau emplit peu à peu mes poumons. Qu'elle vienne. Je l'accepte cette fois.

Mes yeux se ferment tandis que je bascule dans la mort.

Je les rouvre et le voie.

Il me sourit d'un air triste.

Tu crois vraiment que c'est ce que je veux pour toi, petite fée ?

Le froid de la nuit me ramène.

Le bleu de la lune se reflète sur mes larmes.

J'effleure une dernière fois la pierre...

...et lui tourne le dos.