Nathan et Miranda, dans la bibliothèque.

-" J'ai toujours adoré les livres, ils ont été mes compagnons de solitude pendant tant d'années. raconta Miranda.

- Qu'est-il arrivé à votre sœur, si ce n'est pas indiscret ?

- Accident de voiture, noyade, les deux en même temps. Nous étions en train de jouer sur un pont. Mes parents m'en avaient formellement interdit l'accès. Il y avait déjà eu des accidents. Il se trouve à la sortie d'un virage difficile et d'une pente... Mais je n'ai pas écouté comme toujours.

- Vous aviez quelle âge ?

- Huit ans... Je sais, à cet âge, on n'écoute rarement ses parents à part d'être une enfant sage et docile... ce que je n'étais pas... Laura, elle, était une petite fille modèle et je pense qu'elle serait devenue quelqu'un d'important. Elle adorait l'astronomie et voulait être astronaute plus grande..

- Qui n'a jamais rêvé d'aller dans l'espace... Je sais ce que c'est que de perdre un être cher, même si dans mon cas je n'ai pas assisté à l'accident ou je ne sais pas trop à quoi. Ma fiancée a disparu dans le parc de Yellowstone.

- Je sais, je me rappelle que l'on vous a accusé de l'avoir tué mais la police n'avait aucune preuve de quoi que ce soit. En plus du deuil, vous avez du affronter le regard et la méchanceté des autres, cela a dû être extrêmement difficile. Les gens sont méchants par nature, quoi qu'on en dise. Ma famille m'a rendu responsable de la mort de ma sœur, même mes amis, les gens de la ville...

- Je vais peut-être vous paraître un peu fou mais... n'avez-vous jamais ressenti sa présence ? Comme si elle était encore là malgré tout... J'ai reçu des mails étranges, que même les meilleurs hackers n'ont pas réussi à localiser. Dessus, une personne se faisait passer pour Lizzie, en me demandant de prendre soin de moi, de vivre ma vie sans elle. Au début, j'ai cru à un canular mais par la suite... Il y avait des choses, que seule Lizzie pouvait connaître. Alors j'ai commencé à espérer, j'ai lu des livres sur le paranormal, les fantômes, les techniques pour communiquer avec eux. J'ai vu un nombre impressionnant de voyants mais une seule, une jeune femme aux yeux fascinants, rencontré sur une foire, m'a fait une forte impression. Elle ne m'a pas demandé d'argent, ni accepté mon don par la suite.

- Dans une foire ? Moi aussi, j'ai rencontré une voyante, il y six mois à peine. Elle travaillait dans un cirque. Elle avait des yeux extraordinaires, d'un bleu clair saisissant et...

- Un tourbillon bleu tatoué sur son épaule ? s 'exclama Nathan.

- Oui, tout à fait. Elle m'a dit que ma sœur n'était pas morte, sur le coup j'ai failli partir. Je ne voulais pas entendre de telles absurdités. Mais, je ne sais pas, quelque chose chez elle me retenait. Elle m'a dit que ma sœur se trouvait dans un autre monde et qu'elle ne pouvait pas revenir. Je lui ai demandé ce qu'elle entendait par "autre monde" mais elle n'a pas su me répondre. Juste que les "règles érigées en d'autres temps ne leur permettaient malheureusement pas de rentrer" mais qu'un homme allait me permettre de lui dire adieu.

- Extraordinaire! Elle m'a dit exactement la même chose ! Que j'allais pouvoir revoir Lizzie une dernière fois et lui faire mes adieux... Lorsque j'ai reçu la lettre de Sir Abraham, avec tous ces trucs bizarres qui se passaient dans le monde, je me suis dit que c'était peut-être le moment. Même si ça me semble encore fou et même cruel. Car la revoir pour lui dire adieu ? Si je la revois, je ne sais pas si je serai capable de réussir à remonter la pente une deuxième fois. J'ai fait mon deuil, aussi la savoir en vie quelque part... C'est très déstabilisant.

- Pour ma part, j'ai peur de ce que ma sœur pourrait me dire. M'entendre dire que tout est de ma faute... Je ne sais pas si je serais capable d'encaisser, même si de la savoir vivante quelque part me réchauffe quand même le cœur... Mon Dieu, si quelqu'un nous entendait, il nous prendrait pour deux fous !

- Et Alice ? Il me semble l'avoir déjà vu mais ce n'est pas possible car elle n'a que six ans. Pourtant elle ressemble trait pour trait à une petite fille que j'ai connu étant enfant. Mais elle aurait mon âge aujourd'hui. Je pense que mon imagination me joue des tours...

- J'ai rencontré Alice il y a un an, lors d'un échange de dessins entre classes de maternelle. Je m'occupais alors d'une classe de grande section et nous correspondions avec une institutrice dans le Massif Central. Nous avons tous envoyé notre photo de classe et c'est la première fois que je l'ai vu. Elle a ce regard... Nous les avons invités dans notre petit village pour passer la journée. C'était très enrichissant et intéressant. Alice s'est vite fondue dans la masse des autres enfants, à la grande surprise de sa maîtresse. Elle m'expliqua qu'Alice ne parlait plus depuis l'accident qui avait provoqué la mort de ses parents et que c'était la première fois qu'elle la voyait interagir avec d'autres personnes.

Avant de partir, à la fin de cette journée, Alice est venue me déposer dans les mains un dessin, sans rien me dire. Il représentait un pont et sous le pont, elle avait décidé un grand tourbillon bleu dans lequel tombait un enfant... Sur le coup, j'ai eu un choc puis après je me suis dit que ce n'était qu'une coïncidence.

- Cela fait quand même beaucoup de coïncidences... Nous ne sommes pas là, en cet instant précis par hasard. On nous a réuni ici dans le même but, j'en suis persuadé. D'ailleurs, je suis sûre que Sarah pourrait nous raconter peut-être la même histoire.

- Sir Abraham a dit qu'il nous expliquerait tout ce soir de toute façon...

- Étrange bonhomme, n'est-ce pas ? Vous savez que je n'ai rien trouvé sur lui sur internet ? Lorsque je l'ai interviewé pour mon journal, mon rédacteur en chef m'avait juste dit qu'il devait recevoir une médaille pour avoir sauvé des enfants du camp d'Auschwitz mais je n'ai absolument rien trouvé par la suite sur lui. Après j'ai perdu Lizzie...et je ne me suis plus intéressé à cet article. Avant de venir ici, j'ai fait des recherches, en vain. Il n'existe pas.

- Il est difficile de nos jours de croire qu'un homme puisse être inexistant sur la toile... Il n'y a vraiment rien ?

- Si, une chose mais elle est encore plus difficile à croire... J'ai réussi à trouvé quelque chose grâce au nom de famille qu'il m'avait donné. En fait, ce n'est même pas historique, cela relève plutôt du folklore, de la légende.

- Racontez-moi ça !

- Il était une fois un vieil homme qui aimait sa femme...

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Eric

Par où commencer ?

J'ai atterri sur ce monde, ou plutôt ce qu'il en reste, par accident m'ont-ils dit...

Par accident, mon cul !!!

Ils ont détruit ma vie. Certains acceptent le fait d'avoir été séparé de leur famille, de leurs amis, de leur Terre... mais pas moi.

J'aime ma femme et oui j'en parle au présent. J'aime ma femme, ma famille, mes amis, mes élèves. Ils me manquent tous tellement que la douleur en est insupportable.

Je me souviendrai toute ma vie de ce jour maudit où ma vie a basculé.

Je partais au travail, comme tous les jours, rejoindre mes élèves de classe de mathématique. Je n'aime pas conduire dans Paris, en fait, je n'aime pas conduire tout court et encore moins dans cette ville infernale. Aussi le métro est devenu mon unique moyen de déplacement dans la capitale.

Je me suis engouffré dans la bouche de métro, comme tous les jours de semaine, le mot bouche est particulièrement appropriée d'ailleurs dans mon cas.

J'avais presque atteint les escaliers menant à mon quai lorsqu'une chose étrange a attiré mon attention. J'observais le plan du métro, sans aucune raison d'ailleurs car mon trajet était toujours le même. Donc j'observais ce plan qui ne cessait de bouger devant mes yeux, à m'en donner le tournis.

Sceptique, j'essuyais d'abord les verres de mes lunettes mais non, l'ondulation était toujours là, commençant même à se transformer en un étrange tourbillon bleuâtre.

J'aillais m'en éloigner, ne voulant pas arriver en retard au travail, lorsqu'une personne de toute évidence pressée, me bouscula.

A cinq secondes près, j'étais tiré d'affaire, si seulement cet abruti...

Enfin bon, ce qui est fait est fait.

Donc, j'ai été comme happé par cette chose, je ne sais pas trop comment l'expliquer, en fait, je l'ai su plus tard, le fameux passage à travers les mondes parallèles... Ouah, bonjour la science fiction !!!!

Je me suis retrouvé comme un con tout seul dans le couloir d'un métro désert, et depuis belle lurette vu la couche de poussière recouvrant les lieux.

Par curiosité, je regardais sur le quai où ne subsistait que la carcasse d'un wagon de métro.

Je suis remonté à la surface... Et quel spectacle !!

Si j'avais su, j'aurais essayé de retraverser de suite. Ils m'ont dit que c'était impossible mais j'aurais du essayer car tout sauf ce que j'avais sous les yeux.

Une ville détruite comme si une bombe, mais énorme, avait explosé. Il ne restait plus rien que des bâtiments éventrés, des voitures renversées. Étonnamment, il n'y avait pas de cadavres. Je ne suis pas morbide, ni vicieux mais s'il y avait eu une guerre, il devait y avoir des morts partout non ?

Je me suis avancé, observant les panneaux publicitaires... prônant la fin du monde et les modes d'évacuation.

Bon, où étais-je tombé ? Parmi, je suis sûr, tous les mondes parallèles qui doivent exister, je suis tombé sur un monde en fin de vie !!!

Au bout d'une heure interminable, où je me suis cru seul au monde... Bouh...

Des militaires m'ont menotté et emmené dans leur QG, en fait un bunker dans les sous sols de Paris. Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir débarqué de je ne sais où.

Ils m'ont fait tout un briefing: j'étais sur un monde parallèle au mien, j'ai découvert par hasard le passage permettant de traverser les univers et pas de chance pour moi ! C'est bien la fin du monde !

Le bon côté, il en faut bien un, c'est qu'ils ont découvert une exo planète semblable à la notre ou à la leur... Je sais plus... Enfin où on peut tous vivre.

Eh oui ils ont découvert le moyen de voyager dans l'espace !! fortiches les mecs !!!

Et me voila sur leur foutu vaisseau intergalactique, en train de regarder la Terre par un petit hublot...

Moi tout ce que je veux, c'est rentrer à la maison.